Chapitre 15 : Mage

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L’elfe avançait doucement dans les couloirs de la tour. Il avait enfilé pour la dernière fois sa tunique d’apprenti magicien. D’un tissu bleu clair et rêche, Sévrar frottait sa manche entre ses doigts avec nostalgie. Enfin, il allait être un mage à part entière.

Rowenn l’attendait dans son bureau, il avait revêtu une tunique de cérémonie noir brodée de violet.

— Tu es prêt ?

— Je n’ai jamais été aussi prêt.

§

Sévrar se tenait au centre de la salle de l’éveil. Pratiquement tous les magiciens de la capitale étaient présents. L’ambiance était plutôt détendue. L’investiture d’un nouveau mage était une fête, l’occasion de se réjouir par les temps qui couraient.

Rowenn entra à son tour dans la pièce, intimant le silence par sa seule présence.

Les hommes et les femmes s’écartèrent sur son passage, baissant les yeux avec respect. Sévrar n’avait jamais vu son maître ainsi, il rayonnait de pouvoir. Instinctivement, l’elfe baissa lui aussi les yeux.

— Regardes-moi, Sévrar, lui intima gentiment le mage chauve.

Le roux obéit, gêné, et lui rendit son sourire.

— Devant vous se tient aujourd’hui un apprenti qui a fait ses preuves, commença Rowenn en se tournant vers la foule. Que ceux qui le souhaitent, viennent le tester.

Personne ne bougea, tous avaient eu vent des exploits de l’apprenti du chef des magiciens. Son jeune âge en disait long, rare était ceux qui devenaient mage avant la majorité et qui plus ait en ayant passé moins de deux ans sous la tutelle d’un magicien confirmé.

— Personne ? Vraiment ? Très bien, je vais donc m’en charger.

— Non, laisses-moi faire, intervint une femme de la même génération que le maître de Sévrar. Jeune homme, quelle est la différence entre…

Elle ne finissait pas sa phrase et balança une décharge d’énergie pure sur l’apprenti. Celui-ci para facilement d’un geste, il avait senti ce qu’elle comptait faire.

— Impressionnant, mais pourtant à la portée de n’importe quel apprenti ayant un peu de jugeote. Quel est donc ton don ? Tout magicien en possède un, plus ou moins développé, certes, mais tu dois en avoir un puissant pour être arrivé où tu es en si peu de temps.

Jetant un coup d'œil à Rowenn, Sévrar hésita.

— Alors ?

— Je n’ai pas le droit d’en parler.

— Hm. Je m’oppose à son investiture, lança-t-elle.

Une vague de murmures traversa la salle, qu’allait dire Rowenn ?

— Axala, ta rancœur envers moi ne doit pas interférer.

— Cela n’a rien à voir, il est trop jeune. Il a encore besoin de ton aval pour chacune de ses actions.

— C’est faux ! intervint le roux.

— Alors prouves-nous que tu es prêt à devenir un mage à part entière, qui pourra assumer ses actes.

Sévrar serra les dents, ses yeux verts plongés dans les yeux de la femme, il fit apparaître son aura d’or. La plupart des magiciens présents ne connaissait pas l'existence de la prophétie, pourtant, tous savaient qu’une aura dorée était rare.

Axala leva un sourcil étonné, ce garçon était décidément plein de surprises. Leur regard toujours accroché l’un à l’autre, elle se sentit tout à coup euphorique. Un immense sourire se dessina sur son visage au point de lui faire mal aux joues. La femme n’avait jamais ressentie cela, elle avait l’impression qu’elle pouvait faire tout et n’importe quoi, tout était à sa porté.

— Sévrar ! Arrête ça ! cria Rowenn en se plaçant entre les deux.

— Laisse-moi finir, dit calmement le jeune homme.

Le mage obéit, était-il lui aussi sous son emprise ?

— Axala, voici mon don. J’ai juré de ne jamais l’utiliser à des fins mauvaises. Je ne te ferais donc pas ressentir la terreur pure, ni le déchirement de la tristesse. Mais voici l’euphorie. Voici la confiance. Voici la joie pure. Voici l’amour.

A chacune de ses phrases, la femme ressentait avec puissance des émotions que le jeune homme lui envoyait. Il était puissant. Peut-être trop puissant.

Tout à coup tout s’arrêta et elle tomba à genou.

— T’opposes-tu toujours à mon investiture ?

— Non, lâcha-t-elle dans un murmure.

Derrière la femme, tous se remettaient petit à petit de leurs émotions. Sévrar les avait tous touchés, certes bien moins fort qu’Axala, mais ils avaient pu sentir son pouvoir.

— Il n’est même pas encore mage, chuchota quelqu’un au premier rang.

L’elfe se tourna vers son maître qui essayait de masquer son mécontentement.

— Je suis prêt.

L’autre acquiesça et se plaça face au roux. Alors qu’il commençait à réciter la formule, un doute s'insinua dans son esprit. Sévrar était déjà puissant, était-ce une bonne idée de lui retirer son entrave ? Sa démonstration de force avait secoué tout le monde.

Comme s'il avait sentit son trouble, le jeune homme lui sourit gentiment et articula :

“Promis”.

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