Cauchemar
de Olivia Gellin
Il fait froid, c'est la nuit et je me réveille à la maison chez mes parents, je ne suis alors qu'une adolescente.
Je sors de mon lit, la maison est plongée dans l'obscurité, seul résonne le son de l'horloge du salon, un tic tac incessant. Tout est calme et silencieux à part ce bruit incessant et entêtant.
J'avance dans le couloir, j'ai peur. Les choses ne semblent pas normales. Je me dirige vers la cuisine. Les volets ne sont pas complètement fermés, il y a la lumière de lune qui donne une teinte bleue foncée à toutes les pièces.
Je suis vêtue d'une robe de chambre informe. Je tremble, je suis pieds nus et mes cheveux sont mouillés. J'ai terriblement froid. J'avance et dans la cuisine, je vois ma mère assise, dos à moi sur une chaise, elle a l'air d'écrire, de manière frénétique. Je peux entendre le bruit du crayon à papier qui court sur la feuille.
- Maman ?
Elle semble jeter un oeil vers moi mais sa tête ne bouge pas, je sens juste qu'elle cherche à me regarder du coin de l'oeil et sa main a cessé d'écrire.
Je fais un pas de plus mais elle se remet à écrire.
- Maman? C'est moi, je ne comprends pas ce que je fais là. Pourquoi je ne suis pas chez moi? Qu'est-ce qui s'est passé? Il fait si froid...
De nouveau, j'ai un frisson.
- Maman... qu'est-ce que tu écris?
Lentement, très lentement son visage se tourne vers moi.
Elle prononce distinctement : désolée mais maman n'est pas là, pour le moment ...
Elle me fixe du regard et je suis pétrifiée, ce n'est pas ma mère que j'ai devant moi mais quelqu'un ou plutôt quelque chose qui y ressemble.
Elle adopte un rictus horrible qui déforme son visage en se voulant faussement rassurant :
- Alors comme ça tu te dis que si je n'existe pas tout disparaitra à ton réveil n'est-ce pas?
La créature me parle comme si elle me connaissait, quelque chose dans son attitude me semble familier, comme une vieille connaissance.
- Tu te demandes si on se connait, n'est-ce pas petite chose? Oh tu es effrayée... Pauvre petite fille.... sourit-elle ironiquement.
Elle se lève, j'ai un mouvement de recul.
Une voix derrière moi lance avec fermeté : tu peux te battre. Tu penses que tu es prise au piège mais pas si tu acceptes qui tu es.
Je sursaute en faisant face à mon interlocuteur. Un homme d'une cinquantaine d'années, il porte un jean's, une chemise en jean's, elle aussi. Il tend une main vers moi pour me dire de rester calme comme on le ferait face à un animal apeuré.
Mon regard va et vient entre mes deux interlocuteurs.
- Toi, tais-toi! Nous avons une discution mère/fille, tu la fermes! répond agressivement la créature en alternant les mots et des grognements bestiales.
L'homme me regarde et me dit : tu sais au fond de toi que tu peux me faire confiance, tu le sais. Je suis comme toi et je peux t'aider...
- PERSONNE NE PEUT L'AIDER!!!! Elle est prise au piège et c'est tout, lui crie la créature en se hissant sur la pointe de ses pieds, avec des mouvements désarticulés du cou.
- Elle est perdue tu le sais ... Elle pense que je suis un rêve... C'est ma chance pour moi et mes amis... poursuit la créature.
- Regarde moi, regarde moi et ne l'écoute pas. Je peux prouver ce que j'avance, dit l'homme en insistant, convaincu que je dois l'écouter.
En un geste il arrache un bracelet qu'il a au poignet et m'hurle : attrape ça!
En un bond, la créature est accroupie sur l'îlot de la cuisine et me surplombe, je suis pétrifiée, elle n'a pourtant pas été assez rapide pour attraper l'objet que l'homme vient de me lancer.
- Viens voir MA-MAN... souris horriblement la créature, le visage de ma mère se disloque, ses dents ne sont qu'une rangée de pointes acérées, ses yeux deux orbites sombres et sa peau est gris pâle. Je peux enfin voir son visage grâce à la lumière qui émane de la fenêtre derrière moi.
Je tombe sur les fesses d'effroi. Je n'ai toujours pas regardé l'objet dans ma main.
- Tend le bras! me crie mon sauveur.
Je ferme les yeux pour éviter cette vision d'horreur, je m'exécute. La créature pousse un hurlement bestial, de douleur.
J'ouvre les yeux, elle cherche à reculer face à mon poing. Elle a l'air terrorisée face à ce poing, je regagne confiance en moi et me met debout en gardant mon bras bien tendu. La créature tombe de l'îlot, elle recule rapidement jusqu'à la porte fenêtre, elle l'ouvre avec difficulté car elle continue de me faire face et ne me quitte pas des yeux, terrifiée à la vue de mon poing tendu.
- Ce n'est qu'un au revoir ma petite fille, je reviens très vite. Moi et mes amis... Nous t'avons trouvée désormais. Tu t'en ai sorti cette fois-ci ... Mais il ne sera pas là tout le temps...
La créature lance un dernier regard perfide et s'enfuit par la porte fenêtre.
Je n'avais pas réalisé que j'étais à bout de souffle. Terrorisée, je reprends mon souffle. Ma tête tourne légètement.
- Tu t'en es bien sortie!
Je sursaute, j'avais oublié que je n'étais pas seule. L'homme s'approche de moi et pose une main bienveillante sur mon épaule, je suis toute de suite convaincue que cet homme ne me veut aucun mal, qu'il n'y a rien à craindre.
Il me dit: tu es comme moi, ils te traqueront, tu dois apprendre à te protéger. Ils investiront tes rêves, ils t'attaqueront et te rendront malade si tu ne te bats pas.
- Comment ça je suis comme vous? demandais-je méfiante.
- Tu dois apprendre à maitriser tes capacités. Sinon tu les attireras tous et ils te détruiront, me dit il en me ragardant droit dans les yeux.
J'ai baissé les yeux sur mon poing grispé, je l'ai ouvert lentement, il était douloureux d'avoir tant serré le poing. Une médaille. Une simple médaille d'argent.
- St Benoit a-t-il murmuré.
Je me suis réveillée en sursaut. Terrifiée par tout ce qui avait été dit. Premier réflexe : aller chercher sur internet qui est St Benoit.
La seule chose que je peux en dire c'est que je porte cette médaille sur moi, à chacun de mes cauchemars, il me suffit de la brandir et l'ennemi prend la fuite. On peut y croire ou non mais cette médaille fonctionne, pour ce type de cauchemar qui malheureusement pour moi sont revenus souvent...
Certaines choses ne s'expliquent pas de manière rationnelle, pour ma part j'y ai trouvé une réponse efficace. Elle est juste tout aussi irrationnelle...
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