Chapitre I - Conférence à Humanitypolis - Partie 2

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Le docteur Bradley jeta un œil dehors à la passerelle qui menait à l'île Androméda, le centre spatial était inhabituellement bondé, plus de cinquante-mille personnes devaient se rendre à la conférence.  Alors qu'il regardait le mouvement perpétuel des passants, il commença à bailler. Mais aussitôt Altaria lui rappela ses obligations.

 

« Message : Vous devez être dans dix minutes dans la loge K1, derrière l'auditorium, Le président Tadeka souhaite vous parler avant la conférence.

 

- Foutu Tadeka ! dit-il avec un sourire agacé. Il faut toujours qu'il me fasse courir partout au dernier moment. »

 

En toute hâte, il enleva la puce contenant l'IA de son bureau et la mit dans son téléphone. Il ouvrit violemment la porte qu'il claqua derrière lui. Alors qu'il courait dans le couloir le menant à l’ascenseur, Jeff fixa son oreillette.

 

« Jamais été à cette satanée loge ! Guide moi là-bas veux-tu bien.  Dit-il à haute voix en s’adressant à l'IA que lui seul pouvait entendre. Il eut droit aux pires regards d'incompréhensions que les personnes présentes dans le couloir purent lui offrir. Il n'avait pas réellement le temps de s'en soucier.

 

- C'est comme si c'était fait Docteur. Répondit Altaria. Commencez par vous rendre sur l’île Proxima Centauri, vous savez comment y aller. Je vous guiderai pour la suite. » 

 

Il s'engouffra au dernier moment dans l’ascenseur en bousculant une jeune femme qui laissa échapper un cri.

 

« ..Jeff !? Ah c'est toi... ça va pas de débouler comme ça dans l'ascenseur ? T'es fou ma parole... tu m'as fait peur. Dit la jeune femme, la voix encore tremblante.

 

- Désolé Ashley, tu sais comme je suis maladroit... »

 

Le professeur Ashley Dordon était une brillante collègue du docteur Bradley. Ils avaient eu plusieurs fois l'occasion de travailler sur des projets communs. Cette femme de vingt-sept ans était d'une beauté rare. De longs cheveux châtains clairs ruisselaient sur son visage pâle plein de tâches de rousseur. Ces yeux brillaient d'un gris vert et étaient capable d'envoûter quiconque était sensible à ce genre de beauté. En effet, elle n'avait rien à voir avec l'idéal féminin, mais possédait un charme, une élégance, une beauté naturelle. Ce qui ne laissait pas Jefferson indifférent.

 

 « On a qu'à faire le chemin ensemble. Proposa-t-elle. Prendre un peu l'air te permettra de déstresser un peu, il y aura un monde fou tout à l'heure. 

 

- Oui pourquoi pas... euh, non... ah oui... Impossible... Tadeka veut me voir maintenant ! Je vais devoir prendre le métro. »

 

La cloche de l'ascenseur retentit et il afficha zéro.

 

« Dommage... à toute à l'heure Jeff ! Merde ! Dit Ashley alors qu'elle s’éloignait de plus en plus.

 

- Merci ! On se voit après ! Cria le docteur Bradley mais la porte s'était refermée sans qu'elle puisse l'entendre.

 

- Je sais qu'elle vous chamboule mais... dit Altaria dans son oreillette.

 

- Laisse-moi avec ça ! Rétorqua aussitôt Jeff, agacé.

 

- ...Mais il faut tout de même penser à appuyer sur le bouton de l’ascenseur ! Compléta-t-elle.

 

- En effet... j'étais ailleurs... merci. Dit-il en souriant. »

 

Quand il arriva au métro souterrain, il se rendit aussitôt compte du calvaire qu'il allait devoir endurer. Jamais la rame n'avait été aussi bondée. À la sortie du métro, Altaria lui indiqua le chemin et il arriva sans encombre au lieu de rendez-vous avec seulement deux minutes de retard.

 

« Jeff ! Entre ! Ne reste pas debout, assieds-toi. »

 

Jeff prit place en face d'Ayao Tadeka, dans un des fauteuils confortable que comptait la loge. Le Président Tadeka était un homme d'origine japonaise âgé d'une cinquantaine d'années. Il était resté debout et dominait le docteur Bradley de par sa hauteur et sa stature. Bien qu'il paraisse très rigide et strict, il était tolérant, drôle et très sociable. Son ventre était généreux et dépassait légèrement au-dessus de sa ceinture, preuve d'un certain laisser aller de sa part. Ses cheveux étaient d'un brun foncé, semblables à ses yeux, qui d'ailleurs ne laissaient transparaître aucune émotion. Il fallait vraiment le connaître pour savoir qu'il n'était pas un homme austère mais plutôt un bon vivant. 

 

« Bon, j'ai deux-trois conseils à te donner pour ta première conférence. Devant nous, vont se tenir plus d'une cinquantaine de milliers de personnes. Parmi eux, les familles des membres de l'équipage et surtout les chefs d'états qui ont financé ce projet. Et imagine bien que pour eux, l'existence d’Humanitypolis n'a plus vraiment de sens si ce projet est un échec. Il y a pire Jeff. L'humanité entière aura les yeux braqués sur nous tout à l'heure. La communauté civil s'attend à de bonnes nouvelles... Ils ont besoin d'espoir, pour tenir... Alors nuance tes propos, arrondis les angles... 

 

- Je compte faire de mon mieux ! Répondit Jeff.

 

- Jeff, tu ne vois pas la réalité... Nous avons le sort de l'humanité entre nos mains et, même si jusque là nos efforts n'ont rien donné, nous devons redoubler d'effort pour obtenir une nouvelle autorisation de projet. 


- J'ai bien peur que nous ne soyons pas en position de réclamer cela aujourd'hui... Je ferais tout pour que cette porte ne se condamne pas définitivement ! Comment se porte Mendez ? Questionna le docteur.


- Il est anxieux mais à les épaules solides. Il le doit à son dévouement total à sa mission et à sa carrière militaire brillante. Ce n'est malheureusement pas mon cas... Tadeka marqua une pose.


- J'ai bien conscience que ce ne sont pas de bonnes conditions pour une première fois devant autant de monde mais je ne me sentais pas assez solide pour assumer seul toute la part de responsabilité civile dans l’échec du projet .. Désolé... j'ai l'impression de t'envoyer à l'abattoir... Ajouta Ayao.

 

- Je suis autant que vous responsable de ce projet et je me dois d'assumer mes responsabilités... quelles qu'elles soient.

 

- Bien, allons-y. Dit Tadeka. »

 

Ils quittèrent la loge et se rendirent sous l'auditorium. Le sergent major Alphonso Mendez les attendait devant la plateforme circulaire qui, tel un ascenseur, les mèneraient tous trois au-dessus, dans l'auditorium géant.

 

« Président Tadeka ! Docteur Bradley ! Dit le sergent tout en effectuant un salut militaire.

 

- Bonjour sergent ! Répondirent-ils de concert. »

 

Sans en dire plus, ils se placèrent sur la plateforme. Tadeka pressa le bouton et celle-ci commença son ascension.

 

« Je suis là pour vous épauler docteur, vous n'êtes pas seul. Dit Altaria dans l'oreillette de Jeff qui se contenta d'esquisser un sourire. »

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