Chapitre 14 : Vulnérables.

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Telle une petite princesse dans sa robe rosée, Lysen s’empressa de descendre les escaliers de petits pas précipitées et se jeta dans les bras de son frère adoré. Billy la réceptionna avec grand plaisir et lui fit un énorme câlin, le tout sous les yeux du restant de la famille.

Malgré la fatigue du voyage qui se lisait autour des yeux marron de l’aîné des Makes ce dernier ne perdait pas son sourire charmant. Blear déposa une main sur son épaule et fit signe à Charles de prendre ses valises.

En pleine discussion avec son père dans le salon, Sky s’interposa vivement :

  • J’ai déjà demandé à Charles d’aller chercher mon plateau repas, que quelqu’un d’autre le fasse.

Le vieil homme se retrouva coincé, les mains déjà posées sur les bagages. Blear cacha un soupir de toutes ses forces et lança un appel à l’aide à son mari.

  • Pourrais-tu être raisonnable, ne serait-ce qu’une fois ? s’agaça John-Eric.
  • Ne t’inquiète pas papa, je le ferais, comme un grand garçon, le rassura Billy.

À peine de retour à la maison et Sky ne supportait déjà plus sa présence. Il détestait aussi la façon dont Lysen lui tournait autour. Vraiment écœurant. Ne supportant plus la vue, il décida de remonter dans sa chambre et demanda à Charles d’une voix plus douce de lui apporter son souper.

  • Attends un peu Sky, l’arrêta Billy.
  • … Oui ? se retourna-t-il doucement en tentant de contrôler sa haine.
  • Je voulais te dire que demain matin nous démarrons ensemble pour Saint-Clair. Je vais enfin présenter le projet dont je t’avais parlé avec mon agent. Je voulais que tu sois au courant.
  • C’est génial ! s’exclama Lysen en attrapant son bras.

“C’est une blague ?! ”, s’écria-t-il dans sa tête. Quel bordel ! Il avait déjà honte à l’avance d’arriver à l’école avec son frère et craignait déjà le moment où les filles deviendraient folle pour lui. Sky était tellement en colère qu’il ne vit pas les yeux pleins d’espoir de Billy. Le seul point positif qu’il trouva fut de pouvoir prévenir le restant du groupe à l’avance. Les mains dans les poches, il hocha simplement de la tête pour ne pas sortir de ses gonds et continua son chemin. Billy baissa la tête, un peu désespéré.

  • Ça ne lui fait vraiment pas plaisir…
  • Pfff, on s’en fiche ! grimaça Lysen. Dis ! Dis ! Puisque je n’ai pas école est-ce que je pourrais venir avec toi demain ?
  • Si les parents sont d’accord, répondit-il en regardant sa mère et son père à tour de rôle.
  • Ça pourrait être une occasion de visiter Saint-Clair ? Blear, qu’est-ce que tu en penses ?
  • C’est une bonne idée, dit-elle simplement d’un visage triste.

La jeune fille de treize ans sauta de joie. Billy lui prit la main et l’installa jusqu’au grand fauteuil où il lui demanda d’attendre sagement. De ses affaires il sortit une jolie petite boîte à musique en forme de manège de chevaux de bois. Ses prunelles rosées s’illuminèrent et elle l’embrassa fort.

Blear qui assistait au spectacle avait le cœur lourd : Pourquoi ne pouvait-il pas s’entendre tous les trois ? De jour en jour, elle avait l’impression d’être face à sa plus grande défaite.

***

S’entraînant dans les studios au-dessus de l’auditorium, Selim s’arrêta de danser en entendant Nice s’exclamer. En boule contre les miroirs, elle regardait son téléphone avec de grands yeux ronds. Il se précipita immédiatement à ses côtés, une serviette sur les épaules pour s’éponger et s’accroupit, curieux.

  • Qu’est-ce qu’il y a bébé ? l’interrogea-t-il en passant une main dans sa jolie frange noire.
  • C’est le moment de se séparer…
  • Quoi ??!!

La petite Nice ne put s’empêcher de pouffer, les joues roses d’avoir été maladroite.

  • C’est demain que le frère de Sky vient pour les auditions…
  • Ça va pas la tête ?! Me fais plus jamais peur comme ça, fit-il en la bousculant pour lui faire de suite un gros câlin.

Installée entre ses jambes, Nice se sentit plus bien que jamais. Elle déposa l’arrière de son crâne sur son épaule et leva les yeux pour tomber dans les siens. Prendre de la distance avec Selim pour quelques misérables jours lui fendait le cœur. Ce dernier rougit en regardant ses lèvres rosées. Ces derniers temps ils étaient de plus en plus proches. Une idée le traversa, mais il avait peur de la réponse. En sentant son cœur toquer violemment dans sa poitrine, Nice se releva légèrement et posa une main sur son torse.

  • Ça ne va pas ? demanda-t-elle inquiète.
  • Et merde… Je ne peux rien te cacher, répondit-il d’un air pitoyable.
  • À quoi tu penses ? insista-t-elle alors qu’il rougissait.
  • Je pensais que… Puisqu’on devra rester éloignés la journée durant les prochains jours… Tu ne voudrais pas dormir avec moi ce soir ? proposa-t-il, écarlate.
  • Oh…
  • Si tu ne veux pas, je comprends ! Je veux juste t’avoir dans mes bras pour dodo et…
  • Hihi, pouffa-t-elle.

En tailleur, Selim la regarda avec des yeux suppliants et les lèvres retroussées tel un enfant qui demandait pour avoir une confiserie. Sa moue la fit craquer.

  • Je veux bien, dit-elle en attrapant sa main.
  • Vraiment ?! s’exclama-t-il en laissant apparaître ses petites canines.
  • Moi non plus, je ne veux pas être éloignée de toi, avoua-t-elle en venant se loger dans ses bras.
  • Nice… Je t’aime trop !! C’est toi la femme de ma vie, je veux rien savoir !!

Après cette déclaration, le couple partagea un regard follement amoureux et finirent par s’embrasser tendrement. Selim qui était toujours excité comme une puce prenait soin d’être le plus délicat avec elle. Il l’aimait tant.

***

Comme tous les dimanches soir, Alex se dirigeait jusqu’à la chambre de Faye. En arrivant, il fut surpris de découvrir sa porte entre ouverte. Sans trop se poser de questions, il la poussa pour indiquer sa présence et se figea instantanément. Au milieu de la pièce, Faye faisait un gros câlin à son père. Il lui fallut trois secondes pour remettre ses idées en place, oubliant presque de respirer.

Tout doucement et avec un mince espoir de ne pas se faire repérer, il tenta de refermer la porte, mais les yeux d’Elliot vinrent le transpercer comme un faucon qui aurait trouvé sa proie. Il ressentit des aiguilles s’enfoncer partout dans son corps et resta au pas de la porte sans bouger.

Doucement et très intrigué, voir même un peu sur ses gardes, Elliot défit son étreinte de sa fille et les regarda tour à tour. Faye ne sut comment réagir, effrayée.

  • Je… Excusez-moi de vous dérangez, je…

  • Qu’est-ce qu’Alex Stein vient faire dans la chambre de ma fille à une heure pareille ? le coupa-t-il pour s’approcher graduellement de lui.

Les deux ados déglutirent.

  • Nous faisons un travail ensemble… Faye à mon cahier et j’en ai besoin pour demain… Voilà tout, Monsieur.
  • Vous êtes dans la même classe, non ? continua-t-il en le regardant du haut des quelques centimètres qu’il avait en plus.
  • Oui, c’est ça… Monsieur, répondit-il très poliment.
  • Donc si je ne me trompe pas, ma fille aurait très bien pu te le rendre en cours, demain ? Non ?
  • Papa…
  • C’est vrai, mais… Vu que je n’avais pas mon cahier, je n’ai pas pu y travailler comme je le voulais ce week-end et j’aimerais être à jour pour le cours de demain, justement.

Faye s’activa derrière le dos de son père pour trouver quelque chose qui ferait l’affaire, tandis que ce dernier le dévisageait avec un léger sourire narquois.

  • Et donc quelle est la nature de ce travail ?
  • Voilà, c’est bon ! Je l’ai trouvé ! s’exclama Faye pour détourner la conversation.
  • Je peux voir ? insista Elliot.
  • Papa ! C’est bon ! Je ne sais pas à quoi tu penses, mais moi aussi je veux en finir et être tranquille ce soir ! Tiens Alex, fit-elle en lui tendant le cahier. C’est surtout le point trois que je voudrais que tu revois, merci.

Il hocha de la tête et s’apprêtait à partir.

  • Il est temps que je m’en aille aussi, annonça Elliot en prenant sa fille pour lui faire un baiser sur le front. Je suis content que nous ayons pu discuter, à vendredi.

Dans ses bras, Faye jeta un regard noir à Alex pour lui faire signe de se barrer au plus vite, mais il était paralysé. Elliot l’invita gentiment à sortir en même temps que lui de la chambre. Ils allaient dans la même direction. La grande rousse chopa directement son téléphone pour lui dire qu’il était dingue.

Face à l’écran lumineux, Alex essayait tant bien que mal de ne pas se laisser piétiner par l’aura pesante de son père. Ce dernier le parcourait très clairement. Il avait le doute, mais il n’était pas dupe. L’envie de le tester le prit. Au léger ricanement qu’il laissa échapper, Alex se tendit.

  • J’espère que tu n’es pas méchant avec ma fille, dit-il comme un avertissement.
  • … Pourquoi le serais-je ? Nous avons… parfois des difficultés à s’entendre pour le travail…
  • Non, je voulais dire au lit, le coupa-t-il immédiatement.

Il se sentit étouffer quand Elliot lui barra le chemin juste au-dessus des escaliers qui menait à la sortie du bâtiment. “Du calme…”

  • Parce que tu couches avec, non ?
  • Non. répondit-il sèchement en essayant de le convaincre d'un regard sérieux.
  • Vraiment ? J’aurais cru…
  • Faye est très belle. Elle plaît à énormément de garçons, mais ce n’est pas mon cas. Je suis pressée de finir ce travail pour ne plus avoir affaire à d’autres “Richess”. Honnêtement, c’est trop fatiguant.
  • Huuum, fit-il en jouant avec ses clés de voiture. Alors j’imagine qu’il est temps pour moi de partir. Au revoir, Alex Stein. C’était un plaisir.

Plutôt amusé et à moitié convaincu de son honnêteté, Elliot décida de lui laisser le bénéfice du doute. Ce n’est pas parce qu’à l’époque il avait eut une histoire avec une “Richess” qu’il devait prendre ses rêves pour des réalités. Malgré tout, il rejoint joyeusement sa belle voiture de sport, honteusement heureux d’avoir fait stresser un gamin.

Quand il sortit de l’internat, Alex eut la sensation d’enfin pouvoir respirer. Il se dirigea aussi vers son bâtiment et répondit au texto de Faye. Vingt-minutes plus tard, c’est elle qui apparaissait devant sa porte.

  • Je te jure que ça, je vais pas te le pardonner, grogna-t-elle, rentrant en furie dans sa chambre. Qu’est-ce qui t’a pris de rentrer comme ça ?!
  • Tu ne m’as pas envoyé de message, donc…
  • Donc tu es venu ? Si je n’ai pas envoyé de message, peut-être que c’est parce que je ne voulais pas te voir.

Tout aussi énervé, il claqua la porte. Faye ne comptait pas se laisser faire.

  • Qu’est-ce qu’il t’a dit ? Il t’a parlé sur le chemin du retour ? continua-t-elle.
  • Ouais ! Étrangement, il m’a demandé si on couchaient ensemble ?

Elle resta la bouche grande ouverte.

  • Tu ne lui as pas que dit si j’espère ?
  • Ah ! Mais si, je l’ai regardé droit dans les yeux et je lui ai dit : “Monsieur le papa de Faye, vous savez quoi ? Je déboîte votre fille tous les dimanches”, t’es idiote ou quoi ?
  • Ça va ! Ça va !! Laisse tomber… Tu as reçu le message de Sky aussi, non ? Profitons que son frère soit là pour totalement prendre nos distances...


C’en était trop pour Alex. Il eut la sensation que quelqu’un s’amusait à planter des griffes dans son cœur et tentait de l’arracher en deux. Il n’avait aucune idée de comment gérer son amour pour Faye. C’était un vrai supplice.

  • Tu rêves, lâcha-t-il en la prenant par le bras.
  • Je quoi ? Tu crois qu’on va coucher ensemble alors que mon père à des soupçons ? Tu devrais comprendre que je n’ai vraiment pas la tête à ça…
  • Tu mens. Tu ne peux pas te passer de moi, Faye, dit-il à la fois d’un ton dur et pénible.
  • Mais tu me prends pour qui ?! C’est toi qui peux pas te passer de moi apparemment ! s’exclama-t-elle en le repoussant un peu.

L’animosité que Faye lui apportait dans tout son corps, voilà pourquoi il était tombé amoureux d’elle. Parce qu’elle l’enflammait, comme il ne l’avait jamais été. Parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de la bousculer et de vouloir la monopoliser. Alors qu’elle se réfugiait contre le mur, Alex s’approcha de son oreille.

  • J’ai envie de te faire l’amour…

Il n’avait pas dit “coucher”. Comment est-ce que Faye pouvait résister ? Quelque chose ne tournait vraiment plus rond chez Alex. Elle planta ses doigts dans son dos dans l’incapacité de se contrôler davantage. Tant pis pour les soupçons… Elle ne put s’empêcher de le regarder avec désir. C’était trop tard, la machine déjà en route. Encore une fois, elle s’en voulut de craquer et pleura même dans ses bras.

***

Dans une autre chambre de l’internat, un boucan d’enfer régnait, des feuilles volant dans tous les sens. Kyle se laissa tomber au milieu de sa chambre entre les pages blanches, respirant comme un buffle après une course et s’attrapant violemment la tête. Il serra plus particulièrement un morceau de papier dans sa main et jeta la boulette contre le mur devant lui.

Le grand Steve, une sueur froide sur la tempe, la ramassa et la lu sans permission préalable : “ Alors ça fait quoi d’être un enfant contrat ?”.

  • Je vais le tuer, rumina Kyle entre ses dents.
  • Est-ce que c’est vrai ? demanda l’asiatique.
  • Ouais c’est vrai ! Je ne sais pas comment ce fils de pute l’a découvert, mais… Tu l’aurais su à un moment donné ou un autre de toute manière. Mon père a eu un enfant avec une autre femme… Une Européenne, autrement dit, moi. Faisant tous les deux parties de la mafia, ma mère adoptive à exiger ma garde pour faire pression sur ma mère biologique et en même temps avoir un avantage sur le marché des armes… Il se croit malin, rit-il amèrement. Loyd… je vais le faire tellement souffrir qu’il va ramper à mes pieds et je lui ferais lécher !
  • Est-ce que ça veut dire qu’on met le diable blanc de côté ?
  • Putain et ça aussi ! s’énerva-t-il. Je comprends pas comment ça se fait qu’on est encore rien sur ce putain de diable ! Merde !! Y a rien qui va, dit-il en mangeant son pouce.
  • Alors occupes toi de Loyd et je continue mes recherches sur le diable blanc, ok ? proposa Steve d’un ton très calme et froid.
  • Ouais… faisons ça. S’il croit que je vais le laisser m’humilier… Je te jure qu’il va payer !

Steve ne doutait pas une seconde de sa parole.

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