L’échange
Synopsis :
Marguerite est une jeune femme accomplie. Journaliste reconnue et récemment marié à un talentueux architecte, tout allait pour le mieux. Jusqu’à ce qu’une grave crise financière les mette en difficulté. Le mari de la jeune femme ne parvenait pas à retrouver de travail et elle se démenait pour maintenir le foyer à flot.
Un jour, elle apprit une merveilleuse nouvelle : son mari avait été embauché pour un projet d’envergure, avec de quoi sortir de leurs difficultés financières. Toutefois, son homme semblait honteux de lui annoncer une condition de son recrutement : elle devait aller à un rendez-vous avec le promoteur immobilier à l’origine de cette opération.
Le jour venu, Marguerite se rendit dans les bureaux de celui qui s’appelait Anatole le Vaux. Ce dernier ne passa pas par quatre chemins : si elle et son compagnon souhaitaient bénéficier de sa générosité, elle devait s’offrir à lui et devenir sa femme.
La jeune femme se retrouvait pris dans un terrible dilemme. Accepter reviendrait à se mettre à l’abri pour le restant de ses jours et mener une vie plus confortable que tout ce qu’elle pouvait s’imaginer. Cependant, Marguerite possédait un sens très aigu de la liberté, de la dignité et de l’indépendance. Hors de question pour femme comme elle de s’esclavagiser auprès d’un homme qui ne la considérait que comme un objet de désir. Un homme puissant qui plus est. Ce dernier lui avait fait comprendre qu’un refus la mettrait potentiellement en danger. Que faire ?
Sans le vouloir, Marguerite deviendra une martyre. La jeune femme immortalisera sur papier sa longue descente aux enfers. Le témoignage de son courage et de sa résolution face à un monde profondément injuste deviendra une source d'inspiration pour toutes les femmes après elle.
Scène :
Marguerite ne pouvait s’empêcher de ressentir une anxiété de plus en plus forte, à mesure que l’ascenseur dans lequel elle se trouvait grimpait les étages du plus haut gratte-ciel de la ville. Pourtant elle avait parfaitement suivi les recommandations de son mari : s’habiller avec élégance et soigner sa coiffure et son maquillage. Le promoteur qui venait de leur sauver la vie était du genre perfectionniste selon l’homme de la jeune femme. Elle devait le rencontrer dans ses bureaux. M. le Vaux, tel était son nom, souhaitait ardemment la rencontrer. Malgré la recommandation bienveillante de son mari de « ne pas se prendre la tête », la jeune femme ne pouvait qu’appréhender en ce moment même.
Une fois arrivé à l’étage voulu, Marguerite sortit de l’ascenseur, un peu raide. Elle fut surprise d’arriver directement dans le vaste bureau de M. le Vaux, confortable et décoré avec simplicité et goût. Ce dernier était présent. Assis sur sa chaise, il se retourna vers la jeune femme avant qu’un sourire radieux ne se dessine sur son visage. Il se leva, enthousiaste et il brisa la glace sans attendre.
- Ah ! bien le bonjour à vous madame ! Je suis Anatole le Vaux, enchanté ! vous pouvez m’appeler par mon prénom. Le vôtre ?
- Euh… Marguerite.
Anatole lui avait présenté sa main. Elle la sera avec une certaine timidité, mais l’air bonhomme du promoteur la rassurait. Rapidement, elle retrouvait peu à peu sa vivacité d’esprit habituelle. L’avenir de son mari, et le sien par extension, étaient sûrement en jeu actuellement, elle devait bien paraitre.
- Encore merci de vous être tourné vers nous monsie… Anatole. Rien que votre bureau démontre vos qualités d’aménageurs et de décorateurs. Vous avez beaucoup de goût.
- Vous n’avez pas idée du peu de gens sachant apprécier ce genre de chose. Vous me paraissez déjà sympathique Marguerite. Venez, asseyez-vous. Mettez-vous à l’aise.
La jeune femme était ravie de constater que sa stratégie payait. Elle s’installa devant le bureau de son interlocuteur, l’anxiété et la pression de tout à l’heure complètement envolée. Anatole se rassit à sa place, avant que Marguerite ne poursuive :
- Vous êtes sûrement un homme occupé. Allons droit au but, je ne voudrais pas vous faire perdre de votre temps.
- J’ai eu raison de vous inviter madame. Vous savez comment me parler.
Le magnat conservait son sourire, mais son expression et sa voix devinrent plus graves. Marguerite sentait clairement ce changement d’ambiance.
- Pour être honnête, je trouve votre mari médiocre. C’est un architecte sans grand talent qui se repose un peu trop sur les autres. Notamment sur vous, Marguerite.
L’homme lança un regard profond, emplis d’un feu qui intimidait la jeune femme.
- Dans cette affaire, cet homme ne m’intéresse que peu. Si je l’ai engagé, c’est grâce à vous.
- Moi… enfin pourquoi ? Je ne suis qu’une journaliste.
- Ne vous dépréciez pas Marguerite. Vous n’êtes pas qu’une simple journaliste, au contraire. Je lis tous vos articles avec un immense plaisir. De surcroit, vous m’avez montré aujourd’hui beaucoup de qualités humaines que je recherche. Sans parler de votre beauté…
Marguerite ne se laissait pas berner par cette séance de flatterie, à la limite du vulgaire. Elle se doutait que cet homme avait une idée derrière la tête. Malheureusement, elle trouva vite ce qui clochait
- Monsieur, enfin Anatole, je ne suis pas une petite fille. Je suis une femme, mariée de surcroît. Vous ne comptiez pas me conquérir comme ça tout de même ?
Le magnat ne répondit pas. Il se contentait comme réplique un simple sourire narquois. Avant d’éclater d’un rire spontané et franc. Puis d’expliquer à la jeune femme la situation dans laquelle elle se trouvait.
- En plus vous êtes intelligente… mais un peu candide. Il y a deux points que vous n’avez pas encore compris. Le premier, vous n’avez pas le choix. Le second, vous n’avez pas le choix puisque vous avez été sacrifié par votre homme Marguerite. Contre vous, il a obtenu un travail.
- Quoi…comment ? enfin… c’est… c’est absurde ! mon mari n’aurait commis une chose pareille !
Marguerite était complétement perdue, pas loin de véritablement paniquer. Et s’il disait vrai ? Elle se décida de s’expliquer avec son mari en rentrant. Pour le moment, elle avait retrouvé ses esprits et choisit de contre attaquer.
- Et puis m’utiliser comme monnaie d’échange ! qu’est-ce que c’est que ça !? On est où !? comment pouvez-vous avoir des idées pareilles !!?
Anatole conservait toujours son sourire satisfait. Toutefois, la bienveillance de tout à l’heure n’était plus. Sur un ton sérieux, il révéla son véritable visage, non sans un certain plaisir.
- Les femmes sont une ressource comme une autre Marguerite. Et ce depuis que le monde est monde. Je ne fais que perpétuer une tradition ancestrale en quelque sorte.
- Vous… Vraiment…
- Il faut respirer Marguerite. Vous êtes toute rouge…
Il ne cachait plus son plaisir pervers à la torturer psychologiquement. Alors que la jeune femme se remettait à peine du choc de tout à l’heure, Anatole continuait de lui marcher dessus.
- … je sais ce que vous pensez. « Comment un mec comme lui peut exister au XXIème siècle ? ». Eh bien si vous arrêtiez de fréquenter des minables efféminés comme votre mari, vous auriez compris depuis longtemps que ce sont les hommes comme moi qui gouvernent le monde. Avoir voix au chapitre dans des torchons semble avoir fait du mal à vos capacité de discernement…
- Pour qui vous-prenez-vous ? ne croyez pas pouvoir vous servir à votre guise. Il est hors de question que mon mari travaille pour vous !
- Encore lui ? même après avoir appris qu’il vous a trahi pour se propres intérêts ? enfin Marguerite… soyez raisonnable. Cessez de croire à ces fables sur l’indépendance de la femme ou je ne sais quelle bêtise. Avec moi, vous ne manquerez de rien.
- Non.
- Même en sachant que je peux briser votre carrière en un claquement de doigt ? Hm… après tout, pour une femme aussi forte que vous, vivre sans revenu est une formalité. Pas vrai ?
Marguerite s’était retrouvé en moins d’une demi-heure complétement acculée par cet homme. Ce dernier se délectait de la détresse de sa victime, qui n’était que la dernière d’une longue liste de ce qu’il considérait comme ses « amantes ». Au-delà du plaisir purement charnel, il adorait briser des féministes conséquentes et reconnues publiquement. De la même façon qu’une enfant pouvait s’amuser à démembrer des insectes. La jeune femme devait prendre une décision, mais que faire ?
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