Chapitre 18

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Je retrouvai Evie sur le balcon de l’appartement, où tout un groupe de fumeurs s’était rassemblé. La nuit n’était pas si noire, avec toutes les lumières du quartier autour.

La fraicheur de l’air me saisit et je me rappelai que j’avais quitté mon pull. Nous étions en hiver, mais certains jours, il faisait si beau que je peinais à croire que le printemps n’était pas encore là.

- Nat ! s’écria Evie en m’apercevant.

En m’approchant, je remarquai que ses yeux brillaient, elle avait dû continuer à boire aussi de son côté après nous avoir quittés.

- Je croyais que tu fumais plus ? lui demandai-je, d’un ton détaché.

- Juste pour les soirées, tu sais bien. Alors, comment ça se passe ? s’enquit mon amie, me tirant par les épaules pour m’attirer dehors malgré le froid.

- Avec ton pote ? Il est cool.

- T’as vu, il est sympa, hein ? Je savais qu’il te plairait, dit-elle, l’air malicieux.

- Tu voulais que je le rencontre ? Mais je l’avais déjà croisé une fois ou deux.

- Ouais, en fait c’était surtout l’occasion de se revoir. C’est pas le gars que j’ai en tête pour toi. Mais tant mieux si vous vous entendez bien.

- Et quel gars t’as en tête pour moi ? l’interrogeai, haussant les sourcils. Je t’ai dit que je recherchais personne…

- T’as pas pris contact avec lui ?

- Comment ça ?

- Mais tu sais bien, Bruno, le gars dont je t’ai filé le numéro. Sur un post-it. Dans ton garage, précisa-t-elle face à la lenteur de ma réaction.

- Le type bourru qui m’avait raccroché au nez ? dis-je, repensant au frère de Julien.

Mon cœur se serra douloureusement lorsque je me remémorai mes premiers échanges avec ce dernier, et sa maladresse attendrissante, qui m’avait agacée à ce moment-là.

- Il t’a fait ça ? s’exclama Evie, effarée. Mais Bruno est un type super, et je suis convaincue que vous avez plein de choses en commun !

- J’en veux pas, de ton Bruno, répliquai-je, sans agressivité, mais un chouille crispée. Evie, ça sert à rien, ce que tu fais. Je veux pas être en couple, un point c’est tout.

- D’accord, enfin attends de le rencontrer avant d’être si catégorique. En attendant, tu retournes pas t’amuser avec ton cavalier ? J’ai eu beaucoup d’échos comme quoi il est excellent en rodéo…

Je secouai la tête, désabusée.

- Non, je préfèrerais rentrer, je crois que je vais être malade.

C’était la vérité. Je m’étais tant démenée sur la piste de danse, après avoir bu une grande quantité d’alcool rapidement, que je commençais à me sentir mal. J’avais la nausée et étais de plus en plus étourdie, assourdie par le vacarme de la soirée.

- Oh, vraiment ? s’inquiéta Evie. Je comptais rester un peu plus longtemps…

- Ne t’inquiète pas, dis-je, je me débrouille. Profite de la soirée, moi je vais prendre le tram et…

- Non, hors de question que je te laisse déambuler seule dans Paris dans cet état, coupa mon amie. Je rentre avec toi, ce n’est rien.

Son ton était aussi assuré et catégorique que si elle avait été sobre. Son regard aussi, avait retrouvé son sérieux.

Reconnaissante, je la laissai me guider jusqu’à la sortie de l’immeuble, puis jusque chez elle.

C’était dans ces moments-là que je me rappelais pourquoi c’était ma meilleure amie.

Lorsque je me réveillai, il faisait déjà grand jour.

J’étais entortillée dans une couette, dans le lit d’Evie. Cette dernière roupillait paisiblement à mes côtés.

Je fis mine de me redresser, mais un violent mal de crâne me força à retomber sur le polochon que je partageais avec mon amie.

Je percevais le bruit de ronflement de ses colocataires dans la chambre d’à-côté.

Jetant des regards hagards autour de moi, j’aperçus une bouteille d’eau sur le parquet, à portée de main, et tendit fébrilement le bras pour l’attraper. Je laissai le flot couler à grosses gorgées dans mon œsophage, complètement déshydratée.

Cela faisait un moment que je n’avais plus bu autant d’alcool, en règle générale je me limite à trois verres lorsque je suis en soirée, pour être en forme le lendemain et passer ma journée de dimanche à réviser.

Petit à petit, mes souvenirs de la veille me revinrent en mémoire.

Evie et moi étions rentrées chez elle par le tram, j’avais vomi dans sa baignoire puis m’étais affalée contre le mur de sa salle-de-bain, les yeux mi-clos, sans pouvoir me lever pour l’aider à nettoyer.

Après avoir pris une douche rapide pour nettoyer les pointes de mes cheveux maculés et me remettre les idées en place, je m’étais écroulée sur son lit.

Les colocataires de mon amie, une fille et deux gars de notre âge, étaient sans doute revenus de leur propre soirée bien après nous, car je dormais déjà et ne les avais pas entendu rentrer.

Je restai un long moment allongée en position fixe, suivant le rythme de ma respiration pour contenir ma nausée. Au bout de ce qui me sembla durer deux bonnes heures, durant lesquelles je somnolai par intermittence, Evie remua enfin à côté de moi.

Grognant, elle s’étira lentement et bailla. Je la saluai, avant de me décider à me lever doucement, pour ne pas avoir trop de vertige.

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