Chapitre 44
Le mois de novembre s’était installé depuis quelques jours, lorsque je reçus un appel vidéo d’Evie.
Impatiente de lui raconter tout ce qui s’était produit depuis notre dernier échange téléphonique, quelques semaines plus tôt, je lui déballai toutes mes récentes aventures sans m’encombrer des formules de salutations coutumières.
Ma meilleure amie resta stoïque toute la durée de mes explications sur la difficulté de mes études, mais ponctua mon récit passionné sur Julien de frénétiques hochements de tête.
Elle ne put retenir un couinement surexcité lorsque je lui fis part de ma dernière sortie avec lui : une journée romantique à Paris, qui avait commencé à pied sous les passages couverts, puis en tandem le long des berges de la Seine, avant de finir par un dîner aux chandelles, en tête-à-tête, dans mon appartement.
Ma colocataire avait accepté de dormir chez une amie ce soir-là, afin de nous permettre de profiter d’une nuit passionnée, qui s’était révélée tout aussi magique que notre première fois.
Plus qu’heureuse de me voir épanouie, Evie s’exclama, à la fin de mon récit :
– Nat, c’est incroyable, ce que tu vis avec lui ! Votre lien est si beau, et vous méritez tellement de partager tous ces merveilleux moments !
– Merci, je sais que j’ai de la chance, répondis-je avec un sourire.
– À mon tour de te raconter les dernières nouvelles chez moi, maintenant ! On me confie de plus en plus de responsabilités, dans la boutique de cosmétiques où je bosse, c’est gratifiant. En parallèle, je vais voir ma famille tous les weekends, et je fais des sorties avec mes potes toujours aussi régulièrement. J’adore ma nouvelle vie ici, depuis mon retour ! Et tiens-toi bien, Nat, tu ne vas pas y croire…
– Quoi ? m’empressai-je de questionner mon amie, suivant les mouvements de ses yeux pétillants à travers l’écran de mon téléphone.
– J’ai rencontré un gars… Laisse-moi te parler de lui, il est génial !
Lorsque notre appel prit fin, plusieurs heures plus tard, j’avais encore le sourire aux lèvres, énergisée par l’aura positive de ma meilleure amie.
Sentant le désir de revoir Julien de nouveau et de partager des moments intenses avec lui, je lui envoyai un message :
"Hey ! Je suis libre pendant les vacances de Noël, même si je bosse au salon de thé quelques jours et que je dois consacrer une bonne partie de mon temps libre à mes révisions… Je sais que tu n’as pas vraiment de congés, mais si on trouve une date, ça te dit qu’on se prépare un weekend ensemble ?"
Et c’est ainsi qu’un vendredi soir, la veille de Noël, nous nous retrouvâmes après le travail de Julien, dans un train pour Argentan.
Puisqu’il n’avait pas d’autres disponibilités, nous avions dû nous adapter aux jours fériés imposés par le calendrier afin de planifier un weekend en amoureux.
Cela ne représentait en aucun cas un sacrifice pour moi : je ne manquerais à personne lors des traditionnelles fêtes de fin d’année, dans ma famille. Julien, de son côté, avait prévenu son frère, avec qui il avait l’habitude de passer le réveillon de Noël, qu’il serait absent cette année-là.
Notre routine respective nous tenait à l’écart de la nature et même si nous l’adorions, nous avions tous deux besoin de souffler à l’air pur. C’était pourquoi, en construisant ensemble notre escapade, l’idée de s’offrir un instant d’évasion dans un parc naturel, loin de Paris et de toutes ses pollutions sensorielles, nous était venue en tête.
Rapidement, nous avions donc arrêté notre choix sur le parc naturel régional Normandie-Maine, assez proche de nos lieux de résidence respectifs.
– J’ai hâte de voir la chambre d’hôtes, me glissa Julien au creux de l’oreille, alors que nous étions dans le train. D’après les avis, il parait que les lits sont incroyablement confortables…
– J’ai lu ça aussi, répondis-je, l’œil taquin.
Arrivés à la gare d’Argentan, nos valises à bout de bras, nous fîmes appel à un taxi pour nous conduire jusqu’à notre lieu de séjour, à plus d’une heure de la ville.
À bord, tandis que nous contemplions le somptueux paysage qui défilait par la fenêtre, notre chauffeur nous interrogea sur la pertinence de notre choix.
– Pourquoi venir en plein hiver dans notre belle région ? La météo annonce un weekend désastreux, c’est quand même dommage de passer Noël enfermés dans un chalet, non ?…
– Oh, ce sera pas le programme pour nous, répondit Julien, on a prévu de profiter de la nature malgré le mauvais temps ! C’est pas un peu de flotte qui va nous décourager, croyez-moi…
À ces mots, le chauffeur lui adressa un regard stupéfait depuis son rétroviseur intérieur.
– Un peu de flotte ? répéta-t-il, éberlué. Mais vous n’êtes pas au courant qu’un gros orage est annoncé, et que de la neige est même suspectée ? Sans compter qu’il va faire un froid de canard tout le weekend, et bonjour le brouillard, dans la forêt… Je vous suggérerais plutôt de rester au chaud dans le café d’une ville proche ou dans votre hébergement. Enfin, bien sûr, vous faites comme vous voulez, ce n’est qu’un conseil…
Arrivés à la chambre d’hôtes où nous allions passer notre séjour, nous déchargeâmes nos bagages, avant de régler puis saluer notre chauffeur.
– C’est aussi charmant que sur les photos, commenta Julien, les yeux levés vers la petite bicoque traditionnelle qui nous faisait face.
Nous saisîmes nos valises, enchantés, et pénétrèrent dans le hall d’accueil de l’hébergement.
Nos affaires installées dans une coquette chambre, dont la charpente sentait bon le bois de sapin et dont les tableaux accrochés aux murs, représentaient des oiseaux du parc naturel, j’annonçai :
– Je vais prendre une douche avant le dîner, ça va me délasser.
Julien me regarda avec des yeux de merlan frit et, avec un petit sourire, répliqua :
– Avant ça, je sais ce qui pourrait bien plus te délasser…
Dans un gloussement, nous basculâmes sur le lit soigneusement fait, dont le matelas à ressorts nous fit allègrement rebondir de plusieurs centimètres, comme pour souligner notre exaltation.
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