Feriol se tenait face à la créature, tous les muscles du corps tendus en état d’alerte. Devant lui se tenait la pire des engeances démoniaques de tout l’univers, un monstre qu’il haïssait du plus profond de son cœur et qui hantait ses pires cauchemars depuis tellement d’années qu’il ne saurait dire depuis quand il le craignait. Et pourtant, il avait vaincu le terrible Morloc, prince des démons ! Il avait même débusqué et tué son affreuse compagne, la vénéneuse Morula, empêchant ainsi la destruction du monde par ses rejetons végétaux ! Mais cette fois, c’était différent… Il était seul, sans personne pour l’aider. Tous ses compagnons s’étaient séparés une fois leur périple accompli, dans l’espoir de profiter d’une retraite amplement méritée. Même lui s’en était réjouit, mais c’était sans compter sur ça.

Ça, c’était l’ignoble volatile ailé qui l’observait de son œil avide de chair fraîche… un poulet. Un poulet qui chargea droit sur lui. Non seulement la bagarre durait, mais en plus la prise de bec avec le volatile se transforma en véritable pugilat car aucun des deux ne voulait abandonner ; Feriol parce-qu’il refusait de se faire dicter sa conduite par un volatile, et le gallinacé parce-qu’il n’était pas une poule mouillée. Ils échangèrent quelques coups, mais aucun ne parvint à prendre l’avantage... jusqu'à ce quel'homme trébuche et que le poulet ne le picore sauvagement.

C’est ainsi que Feriol comprit le sens de l’expression « voler dans les plumes».