21.vider
L’orage faisait éclater sa colère depuis le milieu de la nuit, mais cela ne semblait pas déranger l’homme qui regardait le spectacle à la fenêtre. Au contraire, cela le fascinait. Voir la nature dans un tel état lui rappelait qui il était au fond de lui-même, avant de devenir celui qu’il est aujourd’hui.
- Mon amour... le repfas est pfrêt, susurra une voix à ses oreilles.
Il sursauta avant de reconnaître la voix. Pour une fois, il n’avait pas réussi à entendre sa chère et tendre s’approcher de lui, ce qui le fit rire aux éclats. Il sortit de la pièce sans plus attendre, sa femme sur les talons. En d’autres temps, il se serait arrêté et attardé quelques secondes devant chacun des tableaux ornant les murs du château, mais de l’eau a depuis coulé sous les ponts.
- Qu’as-tu cuisiné de bon, ma douce amie ?
- Le spéfial Pomona, mon roudoudou !
- Non ? Depuis le temps que j’attendais fa ! Euh, ça ! répondit son mari, de plus en plus excité.
Sur ces mots, il se hâta de descendre les escaliers comme un gamin a qui on aurait annoncé la promesse d’un bon repas et se précipita dans les cuisines. C’est alors qu’il la vit.
En face de lui, le corps inerte d’une jeune femme gisait sur le plan de travail. L’homme était en émoi devant un tel spectacle et manqua de lui sauter dessus pour satisfaire ses plus bas instincts. Il se reprit au dernier moment, avant de remercier sa femme et de lui demander si elle était morte.
- Pas le moins du monde, répondit-elle, je l’ai juste un peu affaiblie pour te faciliter le travail, comme je sais que tu es un peu sensible des canines depuis quelques temps… Mais comme on dit : à tout saigneur, tout honneur. Bon appétit, mon fer mari !
Annotations
Versions