Chapitre 18.3 : Astrid

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La Chimère s'étira de tout son long, faisant craquer les os de ses bras et de son dos.

« On est à l'étroit là-dedans ! se plaignit Hachedézo.

‑ Tu exagères ! » rétorqua Yunni avec un large sourire.

Astrid cru voir une forme de fierté de refléter dans le fond de ses pupilles bicolores.

« Le Monde de Kristal n'est pas si peuplé que ça, fit remarquer l'Invoqueur. Après tout, je ne possède que deux Chimères ! Vous ne devriez pas vous y sentir si oppressé…

‑ Le Monde de Kristal ? répéta Astrid en fronçant les sourcils.

‑ C'est un monde parallèle au notre, lui expliqua Yume, bras croisé sur son torse. Chaque Invoqueur possède son propre monde, enfermé dans le cristal au dessus de son bâton d'Invoqueur. »

Décidément, Onyrik n'arrêterait jamais de la surprendre ! Déjà qu'elle avait du mal à se familiariser avec l'existence d'un monde parallèle à la Terre, voilà qu'elle apprenait en plus de cela qu'il en existait un autre, voire plusieurs, pour chaque individu capable de contrôler une Chimère. De quoi perdre la tête !

« Mais bon, je dois dire que je ne manque pas de compagnie, relâcha Hachedézo. Le petit Neko est tout simplement adorable ! Et cette Espaiceghia, quelle brin de femme ! Exquise et incroyablement belle ! De quoi faire fondre n'importe quel cœur en jetant un simple regard ! Ce qui est étrange pour une manipulatrice de glace ! »

Astrid ne se souvenait pas avoir déjà eu la chance de voir une fois la Chimère capable de contrôler les glaces. Mais au vu des dires de Hachedézo, elle semblait être une femme tout à fait remarquable ! La jeune fille espérait qu'elle aurait l'occasion de la voir elle aussi, un jour.

« Tu sembles déjà te familiariser avec tes nouveaux camarades, releva Yunni.

‑ Ils sont adorables. On ne peut pas rêver de meilleurs compagnons. Vous avez réunis deux Chimères incroyablement intéressantes, car très opposées de caractère. Mais vous ne m'avez pas appelé pour que je parle du Monde de Kristal, je me trompe ?

‑ C'est exact. J'ai fait appel à toi pour tu me serves de porte-parole auprès des autres Chimères. Vois cela comme une occasion de renforcer nos liens ! » expliqua la jeune Invoqueur avec un large sourire.

Yunni lui fit part de son ambition. Elle souhaitait retourner à Buxih, et elle comptait sur ses Chimères pour qu'elle atteigne le village saine et sauve.

« Vos désirs sont des ordres, Princesse ! » fit Hachedézo en se redressant, droit comme un piquet, exécutant un garde à vous.

La jeune fille rougit face à ce surnom. Astrid la sentit visiblement gênée. Qu'est-ce qu'elle ne donnerait pas elle aussi pour avoir des gardes du corps aussi dévoués !

Le corps de Hachedézo se désintégra dans l'atmosphère comme de la vapeur d'eau. Puis celle-ci se dirigea vers le cristal violet. La Chimère rentrait dans son monde prévenir ses semblables du plan de leur maîtresse. Yunni fit disparaître son arme, se tournant lentement vers ses deux amis. La tête baissée sur ses bottes noires, la jeune Invoqueur jouait nerveusement avec la chevalière de River.

« Je… Je crois qu'il est temps de… » bafouilla-t-elle, cherchant ses mots.

Yume ne lui laissa pas le temps de parler qu'il la prit immédiatement dans ses bras. Il l'enlaça de toutes ses forces, comme s'il souhaitait la garder pour toujours, ne jamais la laisser partir.

Pour le rassurer, Yunni le gratifia d'un doux baiser sur la joue.

« Je te promets d'être prudente.

‑ On se retrouvera au village à la frontière d'Aristofée, d'accord ? » questionna le jeune homme en la regardant droit dans les yeux.

La jeune fille acquiesça d'un hochement de tête.

Les deux meilleurs amis échangèrent une dernière étreinte, puis Yume brisa le contact pour sortir de la maison en ruine, sans doute pour commencer à préparer le reste de leur voyage vers les plaines Séréna.

Puis ce fut Astrid qui s'approcha de Yunni. Bien moins à l'aise avec le contact avec autrui, elle ne lui sauta pas dans les bras comme l'avait fait Yume plus tôt.

« J'espère que tout va bien aller pour toi, dit-elle seulement, espérant être la plus rassurante possible.

‑ Je reviendrai vite, ne t'en fais pas » affirma l'Invoqueur.

Yunni se jeta à son tour dans les bras d'Astrid. Ce geste surpris la jeune fille, n'étant pas habituée à recevoir tant d'attention d'ordinaire. Mais elle referma bien rapidement ses bras dans le dos de son amie, répondant ainsi à son étreinte amicale. Les deux jeunes filles restèrent ainsi de longues secondes. Puis Yunni brisa le contact, essuyant par la même occasion un larme au coin de son œil.

« Nous n'avons pas passé énormément de temps ensemble, dit-elle, mais cette courte période m'a suffi pour savoir que tu as un bon fond. Toi aussi, prends soin de toi. »

Dernière accolade. Puis l'Invoqueur sortit de la maisonnette.

Seule avec ses pensées, Astrid plongea son regard sur ses mains moites. « Moi ? pensa-t-elle. Avoir un bon fond ? Oui, pourquoi pas… »

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