Un tavernier sauve les Joyaux de la Couronne

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« Artémisia aime Alaric autant par amour que par attente de son argent. » avance Albin.

-« Billevesées ! Bel argent du beau-frère oui ! » braille bêtement l’inbuvable Basile bravant les rebuffades de son copain.

« -Comment ? Tu connais sa copine et ce qu’elle convoite comme commission considérable ?!

-Dans ce désir d’enrichissement dérisoire, elle dévoile discrètement le désespoir d’être dupée par plus dur qu’elle…

-Et si elle, cette péronnelle, examine ses chances, elle essaiera de l’enfler encore… Eh, quoi faire ?

-Faire ? S’il faut faire des fourberies à mon frère, je préfère laisser la furie les commettre, ces forfanteries ! Il faut qu’elle se défende d’un fiéffé filou !

-Gros débile ! Alaric serait aussi une gargouille ? Si tu gambergeais autant que tu grognes, tu saurais qu’elle grignotera aussi ton magot, gros grincheux.

-Chut ! Ch’ui sûr qu’ils cherchent ensemble mon cher chargement… Ils ont hachuré une carte hier, ils chuchotent dans mon dos, j’entends leurs chuintements…

-Idiot, tu ignores si facilement les signes d’une histoire d’amour illicite entre Alaric et Artémisia et là, in extremis, tu deviens paranoïaque ? Il l’aime mais il n’irait pas jusqu’à initier un délit contre toi !

-Je n’en jurerais pas. Les jumeaux sont justement aptes à se juger l’un l’autre. J’arrive à jauger ses intentions : gruger, jouir d’un joyau légitime joyeusement volé à son jumeau…

- Comment ? Alaric kleptomane ?! Encore tes élucubrations cryptiques et calomnieuses !

- Lourdeau, tu le défends, lui ? Cette nullité ? Le laisserais-tu influencer ton illustre intellect ?

-Maintenant, tu m’exaspères Basile, tu manipules tout le monde ! Un moment, sans moufeter, sans commentaires, je t’ai écouté, mais là, mon vieux, modère tes propos !

-Non, non, non, mon ami. Je ne fais que noter des inexactitudes dans ta narration…

-Oh non, tu vas m’ordonner de t’obéir et m’obliger… A quoi, d’ailleurs ? A couvrir d’opprobre ton frère seulement parce qu’il aime une orfèvre croqueuse de diamants ? Honte sur toi qui offenses ton ami et soupçonne son propre frère !

-Pardon ? Peux-tu répéter ? T’offenser ? Peux-tu penser au poids de ma responsabilité ? J’ai pris, au dépens de ma réputation, la charge de protéger une partie des Joyaux de la Couronne et tu m’apprends que mon frère est en couple avec unepetite voleuse ! Je peux être un petit peu paranoïaque, non ?

-Quoi ?! Quand je t’ai questionné sur ton absence à notre quête du comité du Coq, tu as éludé la question en rétorquant que tu abdiquais pour la soirée. Quel quiproquo alambiqué !

-Reste calme, je t’en prie. Je vais te raconter, avec force détails, la vérité. Il se trouve que des Rouges ont été remarqués par les recrues de sa Gracieuses Majesté la Reine. Elle désire protéger les Joyaux en les retranchant à l’abri des regards dans « Un gourbi répugnant, malodorant, où jamais personne n’irait chercher ces trésors de joaillerie. » Cruelle description ! Mes travaux sur mon projet de taverne traditionnelle sont raillés et je dois relever cette réputation. Je me suis résigné à accepter cette proposition et j’ai la pression de satisfaire à la requête de la Reine. Comprends-tu pourquoi je rouspète et je prends le risque de regrouper mon frère dans mes soupçons ?

- Certes, je ne saisissais pas l’importance de l’enjeu ici… Si seulement, tu laissais tes amis s’approcher assez près pour leur confier tes soucis… Je surveillerai Artémisia et aussi Alaric mais je ne conçois pas que tu puisses penser que ton frère puisse se soumettre à cette idée de soulager la souveraine de ses précieux bijoux. »

-Tiens-toi au taquet, le tança Basile, intraitable, tant pour terminer la tirade de son pote que pour tenir son frère et sa belle-sœur toujours très éloignés du petit tiroir tout au fond du chiffonnier terne et tordu de la taverne.

***

Suite à cette discussion, plus tard, un bruit courut dans le pays abasourdi, qu’un obscur ouvrier et son ubuesque ami, tavernier, auraient contribué à repousser une attaque de conjurés communistes. La population n’en su rien de plus, il suffit de construire un pub tout neuf à quelqu’un d’assez rusé pour « oublier » sa conduite et sa participation au camouflage des bijoux royaux…

***

«-Voici ton voisin et serveur, Albin. Victor a postulé victorieusement pour gérer les victuailles et ton vivier à homards. Voudrais-tu bien être vigilant et surveiller qu’il s’y prenne bien avec la venaison ? Nos invités ne sont plus des voyous et, s’ils nous vouvoient, c’est parce que nous leurs servons de la viande dont la provenance et la conservation est véritablement notre avantage vis-à-vis de la concurrence.

-Reste ici, je reviens. » Basile vit le téléphone se réveiller avant de sonner.

« -Wong ? Alan Wong ! Le Pape de la nouvelle cuisine hawaïenne qui m’appelle ?! … Waouh ! Je suis extatique !..... New-York ?! Vous avez entendu parler de moi à New York et vous me proposez d’y aller ?! Que c’est excitant ! Mes soeurs Zoé et Zélie et mon frère ont toujours voulu y aller, je pourrais les y emmener ?... Oui, merci, monsieur Wong, au revoir, monsieur Wong. ».

***

Alaric et Artémisia se sont séparés et Basile et Albin, son copain complice, durent épancher le fort et gros chagrin si difficile d’Alaric. Les Joyaux ont échappés aux Moujiks Rouges, le Mouvement Nouveau des Ouvriers Partisans que les Rouges soviétiques ont tenté d’unir,vainement, aux Cosaques.

Par Walter Xiaobo à New York pour le Times Magazine.

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