Baie.
Saul imaginait tous ces gens "entravés" dont il faisait partie ; déambulant en file indienne tels des bagnards, chaines aux pieds ; puis finalement "marée humaine" parcourant le monde dans cette cadence infernale, sans jamais pouvoir se libérer.
Juste assez de "mou" pour se mouvoir de façon minimale, mais si l'envie leur prenait de se mettre à courir, tous se vautreraient lamentablement sur le sol.
Le haut viaduc sous les arches duquel il passait tous les jours, telle une figure paternelle, écrasante et autoritaire, surplombait la petite cité médiévale. Imposant par sa taille et par sa masse, il augmentait le sentiment de lourdeur et d'inertie, que Saul ressentait.
Toute activité était confinée dans cette cuvette, dont les deux bords étaient reliés par le vestige de pierre. La voie ferrée passait dessus et les trains y circulant semblaient voler dans les airs.
Saul préférait baguenauder le long du petit port de plaisance, où quelques cormorans séchaient leurs ailes.
Plus loin, c'était la baie, puis l'océan.
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