YOU SHOULD SEE ME IN A CROWN... 'CUZ I'M THE BAD GUY... DUH!

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Quelques heures plus tôt, Magnus était encore chez ses parents quand Fedora était en France. Sa famille et lui jouaient au mahjong. Il était souriant. Il aimait ce peu de moments qui lui restait avant de voir son grand-père ou ses grands-oncles et grands-tantes mourir. Son sourire disparut petit à petit en pensant à cela. Il ne voyait pas la vie sans sa famille. Ils étaient tout pour lui. Il les aimait tant… Ses pensées le redirigèrent vers Fedora, son index faisant des cercles sur la surface en porcelaine de sa tasse de thé. Il n’a fait que penser à elle durant l’après-midi.

Soudainement, il fut, violemment, tirer de ses pensées par sa mère. Ses yeux papillonnèrent alors que, progressivement, il reprit ses esprits. Il releva la tête en direction de ses parents : sa mère le regarda avec une expression de profonde inquiétude tandis que son père semblait pensif. Magnus se racla la gorge et, s’éclaircissant la voix, baissa la tête. Il porta sa tasse en porcelaine à ses fines lèvres, buvant un peu de thé, essayant de faire abstraction des regards inquiets et soucieux que sa mère, sa belle-mère et sa tante lui lançait. Xia et Lin partageaient ce regard protecteur et maternel que toutes les mères ont en commun lorsque leur enfant semble tourmenté. Mei et Ken le regardait longuement, une expression navrée se dessinant sur leurs visages. Magnus releva la tête, posant sa tasse sur la table, et leur adressa son plus grand et plus radieux sourire, espérant que cela suffirait à rassurer sa mère et sa belle-mère. Alors que cette dernière s’apprêta à répliquer, le téléphone de Magnus se mit à sonner. Alerté, il prit en main son portable, abandonnant sa mère et sa belle-mère du regard. Alors qu’il pensait recevoir un message de Fedora lui disant qu’elle l’aimait et combien il lui manquait, il était déçu de se rendre compte que c’était Jonathan, le petit blondinet de Clara, qui lui avait envoyé un message, lui demandant s’il viendrait à la fête au Runhunters. Son visage se tordit en une moue dédaigneuse et, verrouillant son téléphone, il le reposa, l’écran face contre la table.

- Qui est-ce ? questionna Xia, intéressée de savoir qui pouvait bien lui envoyer un message, un sourire malicieux se dessinant sur ses lèvres.

- C’est… commença Magnus, cherchant comme qualifier Jonathan Herman. Un ami de mon ancienne université, répondit-il, assez vague.

Cette réponse parut satisfaire les membres de sa famille qui reprirent calmement leur partie de mahjong. Magnus n’avait plus envie de jouer. Il voulait rentrer chez lui et boire un bon verre de vodka avec un steak saignant pour ensuite boire un autre coup en se morfondant parce que Fedora n’est pas là et qu’elle n’a toujours répondu à son message. Il prit son portable en main et, l’allumant, il lit l’heure. Il était déjà presque 18 heures ! Le bel asiatique écarquilla les yeux de surprise, ses lèvres s’entrouvrant légèrement sous le coup de la surprise. Il ne s’était pas rendu compte qu’il avait passé presque toute la journée chez ses parents à jouer au mahjong ! Il se leva vivement, faisant même tomber sa chaise brutalement sur le sol. Le choc soudain fit sursauter quelques membres de sa famille, à commencer par Ken, Xia et Lin qui contemplèrent leur enfant, surpris et inquiets. Celui-ci les pria de l’excuser, les informant qu’il devait y aller. Les deux femmes échangèrent un regard paniqué. Magnus fronça les sourcils, ne comprenant pas leur réaction. Il vit son père prendre la main de sa belle-mère, entrelaçant leurs doigts. Lin lui demanda s’il ne préférait pas rester dormir chez eux, argumentant sur le fait que Brooklyn et Soho sont assez loin l’une de l’autre. Comprenant enfin que ses parents souhaitaient qu’il reste afin de profiter encore plus de sa présence, Magnus sentit ses lèvres se retrousser en un tendre et doux sourire. Ses yeux pétillaient, l’or liquide de ses mirettes brillant de mille feux. Il rappela à sa mère que Brooklyn était à 1 heure et 44 minutes de SoHo à pied. Cette dernière semblait être attristée de voir que son, beau, fils chéri veuille absolument partir de l’appartement familiale. Cependant, un haussement de sourcil et un mince sourire compréhensif fit comprendre à Magnus qu’elle respectait sa décision et qu’elle ne lui en tenait pas rigueur. Après tout, il était majeur et possédait un luxueux loft ainsi que le night club le plus réputé de Brooklyn. Elle leur semblait l’époque où il dansait seul dans sa chambre, de peur qu’on ne se moque de lui à cause de ce sport dit « pour les filles ». A l’époque, et encore aujourd’hui, la danse était pour lui plus qu’un sport ou un hobby de l’après-midi. C’était sa manière de s’exprimer. S’il n’était pas très bavard, la danse était ce qui lui permettait de parler. Il a toujours été très renfermé, très timide. Au fil du temps, il a réussi à se forger une carapace solide. Mais, même la plus solide des armures, qu’elle soit faite dans le métal le plus dur ou en pierre, ne pouvait résister à Chase Collins et à son expression de chien battu qui les a si souvent mit dans des situations désagréables… Très désagréables… Xia recula sa chaise lentement et se leva avec grâce. La tête baissée, triturant ses fins doigts dorés, elle s’avança vers lui. Elle se positionna face à lui, se mordant la lèvre inférieure alors qu’elle fit tourner la bague en or qu’elle portait à son annulaire. Dans un élan de tendresse, Magnus posa ses fines mains sur celles de sa mère, les serrant entre les siennes. Elle releva alors instinctivement la tête, plongeant ses yeux noisette dans ceux dorés de son fils chéri. Il esquissa un doux sourire, réconfortant sa mère qui lui adressa un mince sourire incertain. Il resserra leurs mains et, son regard délicat toujours plongé dans celui inquiet de sa mère, brisa le silence qui avait commencé à s’installer peu à peu.

- Maman, commença-t-il, doux et suave, tout va bien, lui assura-t-il, regardant sa mère dont les yeux châtain exprimaient la peur et la tristesse. Je reviendrai vous voir dès que possible, assura-t-il, serrant les mains de sa mère entre les siennes, laissant la pulpe de son pouce délicatement écorcher la peau fragile de sa mère. Je te le promets, rajouta-t-il, sa voix se cassant dans un sanglot alors qu’il perdit son sourire, ses yeux dorés étaient voilés de brume.

- Reviens-vite… soupira sa mère, murmurant au creux de son oreille, le prenant dans ses bras.

Il sentit les larmes de sa mère s’imprimer contre le tissu de sa chemise alors qu’elle resserra son étreinte contre lui. Elle avait enroulé ses bras autour de sa nuque, faisant attention à ne pas l’étouffer ni à le serrer trop fort. Magnus, fermant les yeux, un tendre sourire se dessinant sur son beau visage, l’entoura avec ses bras musclés et protecteurs. Il l’étreignit une dernière fois, profitant cette fois de chaque secondes passées dans les bras maternels de sa mère. Il se blottit contre elle, réfugiant sa tête dans sa chevelure corbeau luisante. Il sentit une main tendre se posait contre son dos, laissant une vive et délicate caresse.

Lentement, Magnus se sépara de sa mère avec la plus grande des prudences. Il rouvrit les yeux, les laissant imprimer chaque détail de l’appartement de ses parents à SoHo, le parfum floral de sa mère enivra ses narines, lui faisant presque regretter sa décision de partir à Brooklyn… Mais, il devait rentrer. La douceur automnale de son loft lui manquait. Il est malheureusement vrai que sans Fedora, le loft avait l’air si triste, si monotone… Une semaine sans elle, sans pouvoir la voir, sans pouvoir la serrer dans ses bras, sans possibilité de l’embrasser, sans entendre sa voix chantante dès le matin équivalait à la torture la plus cruelle qu’on pouvait lui faire subir. D’autant plus qu’elle était en compagnie de Chase et qu’il lui faisait confiance pour tenter de la récupérer contre vents et marées.

Son père vint le rejoindre, le surprenant quelque peu. Il haussa les sourcils, une expression stupéfaite le rendait si pur. Si innocent… Ken semblait perdu. Il semblait ne pas savoir ce qu’il faisait. Cependant, Magnus pouvait lire dans le regard de son père que tout ce qu’il souhaitait c’était recoller les morceaux et se faire pardonner le fait qu’il lui est caché la mort de sa grand-mère. En fond, il savait très bien que s’il ne l’avait pas mis en courant de la situation, c’était tout simplement pour éviter qu’il ne s’inquiète. C’était ce que Fedora avait essayé de lui faire comprendre. Et, voir que son père avait fait tant d’efforts pour se rapprocher de lui et tenter de renouer ce lien si particulier qu’ils possédaient lorsqu’il n’était encore qu’un adolescent en quête d’identité. Ken esquissa un mince sourire, l’air navré et hésitant. Magnus sentit sa gorge se craqueler alors qu’il eut la désagréable impression que son estomac se nouait. Sa bouche s’assécha, son cœur dansant sur un tempo effréné. Magnus fit un pas en avant, non seulement vers son père mais aussi vers le pardon.

Faut pas oublier de remercier Fedora…

Magnus prit son courage à deux mains, faisant un autre pas, plus déterminé en direction de son père lorsque celui-ci le prit de court en l’étreignant contre lui, le serrant, l’étouffant presque dans ses bras aux muscles saillants. Les larmes coulant contre son doux visage, il enroula ses bras autour de la taille de son père, se réfugiant contre sa nuque. Il se blottit un peu plus contre son père, laissant ses pleurs rouler cruellement avec douceur contre ses joues miels. Il s’imprégna de la réconfortante et protectrice chaleur que dégageait le corps de son père alors que ses narines enregistrèrent le parfum suave qui s’échappait de sa nuque. Il resserra son étreinte, son doux visage se tordant en une expression de douloureuse tristesse.

- Maintenant, commença son père, la voix brisée par la peine de le perdre à nouveau, je réalise combien l’amour de mon fils compte pour moi… soupira-t-il, une fine larme coulant sur joue.

Magnus éclata en sanglots de plus belle, les laissant silencieux alors que les perles salées piégées dans ses mirettes se libérèrent et roulèrent sur ses joues, torturant sa peau déjà bien entaillée. Finalement, ils se séparèrent lentement et prudemment contre leur gré. Magnus aurait tellement voulu profiter un peu plus du parfum familier de son père et de la chaleur vivifiante de son corps. Il rouvrit les yeux, les réadaptant à la lumière sombre qui régnait dans l’appartement, maintenant éclairé d’une faiblarde lueur artificielle. La gorge brisée, son cœur le faisant souffrir en se débattant comme un fou contre sa prison d’os, il enroula ses bras autour de sa propre taille, se sentant d’un coup vulnérable, dans un élan de protection. Il essuya d’un revers de la main les pleurs qui continuaient d’écorcher son visage. Il vit, cachés dans la pénombre, Bao et Tenzin. Si le voile embrumé qui recouvrait ses yeux l’empêchait de distinctement les voir, il sut que c’était eux. En revanche, il ne pouvait savoir si son frère et sa sœur le regardaient avec pitié ou si, au contraire, ils se moquaient de son comportement. Alors, pour se cacher à leurs yeux jugeurs, Magnus décida de détourner le regard, ne pouvant supporter leurs regards cruels. Subitement, il entendit un claquement de talons hauts contre le sol en bois de l’appartement. Alerté, il ouvrit les yeux, voyant que Bao s’approcha de lui, les bras écartés comme pour le prendre dans ses bras, l’air navrée et compatissante. Elle l’entoura de ses fins bras caramel et laissa ses mains se poser sur la nuque de son frère. Il se figea sur place, ne comprenant pas ce qu’il se passait. Bao passa ses fines et délicates mains caresser le dos sensible aux cajoleries. Sentant qu’un frisson agréable lui parcourut l’échine, Magnus sut qu’il pouvait lui faire confiance et entoura donc la taille de Bao de ses bras confortant. Le parfum de pamplemousse réussit à l’apaiser, lui faisant retrouver une certaine paix intérieure.

C’est pourquoi, lorsqu’elle s’éloigna de lui, il crut entendre une fissure dans son corps, comme si quelque chose de fragile était sur le point de casser. Il comprit, posant une main dessus, que son cœur ne supportait pas d’être séparé de sa sœur. Néanmoins, il la laissa l’abandonner, un mince sourire gracieux et aimant se dessinant sur ses lèvres. Bao lui rendit ce doux étirement des lèvres. Elle regarda par-dessus l’épaule de son frère, perdant ainsi son sourire, ses lèvres s’ouvrant en une expression de surprise. Ne comprenant pas pourquoi elle semblait si étonnée et si, paradoxalement, apeurée, il fronça les sourcils. Les yeux ambrés de Bao cherchèrent où se poser, ses traits doux et harmonieux étaient tordus par la peur. Elle lui conseillait de ne pas se retourner, lui interdisant tout mouvement d’un regard suppliant. Ses yeux ambrés lui demandèrent de ne pas se retourner. Intrigué, et ne pouvant pas réprimer ce sentiment de connaissance, il n’obéit pas à la demande de Bao et se retourna. Jamais il ne crut que ce moment arriverait. Tenzin était juste là, cloué sur place, frappant son poing fermé contre la paume de sa main, ses lèvres se pinçant. Il semblait trier les informations, réfléchir à quoi dire à son frère. Magnus le regarda longuement, attendant avec patience à ce qu’il dise quelque chose. Il se souvenait très bien de ce qu’il lui a dit avant qu’il ne parte loin de la maison. Parfois, ses paroles résonnèrent en lui, ne le lâchant pas. Penser à ça, ça le brisait, le torturait. Il ne pouvait pas croire qu’ils s’étaient dit autant de choses horribles. En revenant à la maison, il voulait aussi recoller avec Tenzin avec lequel il a été assez dur.

- Tenzin, commença Magnus, hésitant et incertain, ça fait plaisir de te voir, tenta-t-il, se voulant confiant.

- Magnus, débuta-t-il, avalant sa salive, je n’osais pas imaginer un autre face à face, dit-il, un semblant de tristesse dans sa voix teintée d’amertume.

Magnus abaissa la tête, se rappelant parfaitement qu’il avait usé de tout son sarcasme, de toute sa rancune pour blesser son frère qui avait, lui aussi, utilisé tout son savoir pour le heurter au plus haut point, ayant abouti à une sévère confrontation. Il se mordit la lèvre alors que ses oreilles lui firent entendre un claquement plus brut, plus masculin de chaussures contre le sol. Il releva la tête, son frère s’approchant dangereusement de lui. Magnus put enfin le regarder en détail.

Tenzin était vêtu d’une chemise bleue ciel aux manches courtes, dénudant ainsi des bras couleur miel incroyablement musclés. Il avait enfilé un jean noir particulièrement moulant et avait rajouté une ceinture en cuir. S’il avait hérité des traits coréens de leur père, il avait surtout hérité des yeux de sa mère.

Seuls les Wù possédaient les yeux caractéristiques des chats : la pupille fendue avec une couleur variable, ambrée ou même dorée. Bao, Camille et Magnus avaient reçu cet héritage maudit alors que seul Tenzin semblait y avoir échappé. Ses yeux en amande étaient colorés de cette neutre couleur noisette. Ses traits étaient un peu plus grossiers que ceux de son frère aîné, trahissant ainsi ses gênes coréens. Cependant, Tenzin était loin d’être repoussant, malgré le fait qu’il ne porte pas la nuance dorée ou ambrée que détenaient les Wù et qui faisait que toutes les filles tombent sous le charme. Au contraire, il avait une autre étincelle, une étincelle que Magnus avait convoitée tout au long de son adolescence, se sentant mal dans sa peau. Jusqu’à ce que Fedora vienne dans sa vie et bouleverse tout ce qu’il avait réussi à construire autour de lui. Qu’elle le voie torse nu, sortant de la douche avec les cheveux mouillés et en pagaille, une fine goutte d’eau roulant avec lenteur et douceur contre son buste dessiné, traçant sa descente entre ses abdos n’était rien contre le fait qu’elle s’était juste focalisée sur ses yeux démoniaques… Il avait encore peur de sa réaction quand elle se réveillait avec lui, dans son lit après une bonne nuit de sommeil. Il avait peur qu’elle crie, effrayée par la vision qu’elle avait de lui. Heureusement, quand elle se réveillait, il avait droit à un magnifique sourire amoureux et à une caresse tendre sur son visage. Quand elle a découvert la véritable couleur de ses yeux et qu’elle n’a pas prit peur en hurlant qu’il était le fils du Diable, il a comprit qu’elle n’était pas comme les autres et qu’elle l’aimait comme il était… Elle l’aimait lorsqu’il était dépourvu de tout maquillage, de tout artifice qui pouvait nuire à sa beauté naturelle.

Un raclement de gorge le fit revenir subitement à la réalité. Il papillonna des yeux, apercevant Tenzin, dont les yeux noisette avaient perdu leur amertume. Il le contemplait, ses yeux ayant retrouvé leur affectueux éclat de bonté et de fraternité. Sa main tendue vers lui le conforta dans su supposition, Tenzin était inquiet de voir son grand frère dans la lune, perdu dans ses pensées. Comme s’il n’était plus lui-même ou qu’il était sur le point de devenir quelqu’un d’autre. Magnus reprit ses esprits. Tenzin ne le quitta pas des yeux, souhaitant savoir s’il allait bien. Il lui assura que tout allait bien, baissant la tête. Il remarqua que Tenzin garda sa main tendue vers lui. Il haussa les sourcils de surprise, ses lèvres s’entrouvrant sous le choc de sa découverte. Lorsqu’il releva la tête, tout ce qu’il put voir était un mince sourire fraternel de son frère lui demandant, à travers ce faible étirement de lèvre, de lui prendre la main, enterrant ainsi la hache de guerre. Confiant, Magnus lui rendit son sourire, en encore plus éclatant, plus radieux. Il lui attrapa la main, lui souriant grandement. Subitement, il sentit qu’on tirait sur lui, forçant sur cette prise. En effet, la main de Tenzin s’était enroulée autour de la sienne, le ramenant vers lui. Il le colla contre lui, plaquant sa main contre son omoplate, serrant entre ses doigts le fin tissu du veston de son grand frère. Il sentit les cheveux de son frère contre sa nuque, alors blottit contre lui. Dans un élan protecteur, il enroula ses bras autour de sa taille, sa main gauche délicatement posée contre sa chemise. Sa main droite reposant contre l’arrière de son crâne, le poussant un peu plus vers lui. Il crut, à un moment, entendre des pleurs. Il ne sut si c’était les siens ou s’il s’agissait de ceux de Tenzin. Sa gorge se noua à nouveau, sa bouche s’assécha. Il avala difficilement sa salive alors que ses mirettes dorées cherchèrent où se poser tellement il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Sa vue commença à redevenir brumeuse, signe que son liquide lacrymal n’était pas encore tout à fait vide… Il ferma les yeux, laissant ses larmes couler avec abondance sur ses joues, ne cherchant pas à les piéger dans ses longs cils.

- Magnus, commença-t-il, sa voix brisée par les sanglots dont il était secoué. Je te demande pardon… soupira-t-il, se blottissant encore plus contre son frère. Je suis tellement désolé pour tout ce que je t’ai dit, continua-t-il, l’air sincère.

- Tenzin, débuta l’aîné, si tu savais combien je m’en veux, souffla-t-il, peiné. J’aimerais qu’on redevienne comme avant, avoua-t-il, le serrant un peu plus dans ses bras.

Surpris par cet aveu, celui-ci se recula, les yeux embrumés, un long filet de larmes coulant contre ses joues. Sa bouche s’entrouvrit dans une expression choquée. Les deux frères se regardèrent longtemps, les yeux noisette de l’un interrogeant l’autre dont les mirettes dorées ne cillèrent. Un mince sourire se dessina sur ses fines lèvres. Tenzin, comprenant que son frère était sérieux, referma sa bouche, haussant les sourcils.

Enfin, après avoir salué tous les membres de sa famille, il put partir. Il prit soin de fermer la porte derrière lui, la faisant doucement claquer. Il plongea ses mains fines et délicates dans les poches de son pantalon, baissant la tête. Ses yeux finirent par s’habituer au long tapis rouge qui longeait le couloir. A force de regarder le sol, il en avait oublié de regarder devant lui… Erreur fatale ! Il se cogna violemment à la porte dorée de l’ascenseur, le faisant relever la tête alors qu’il se massait le front, une grimace ornant son délicat visage. Il chercha le bouton pour faire venir l’ascenseur à lui et, le trouvant enfin, il appuya dessus. Il dut attendre au moins cinq minutes avant de pouvoir enfin monter dans l’ascenseur, étrangement vide en cette heure-ci…

Magnus sortit de la cabine e longea le hall de l’immeuble où vivaient ses parents. En sortant si tôt, il ne s’était pas préparé à un froid pareil… Il regretta aussitôt de ne pas avoir prit un manteau, s’apprêtant à marcher pendant plus d’une heure vers Brooklyn…

***

Lorsqu’il entra dans son appartement, il était plus usé par le froid hivernal régnant dans New York plutôt que par la fatigue dont il était éprit à cause de sa longue marche. Cependant, cette marche lui avait permis de réfléchir quelque peu à sa relation avec Fedora. Il aurait tellement voulu qu’elle soit là et qu’elle rencontre sa famille. Mais, malheureusement, elle n’était pas là. Et ce manque commençait à lui être insupportable ! Il ouvrit la porte, profitant de la chaleur ambiante de son loft. Il ferma la porte derrière lui, la claquant presque. Il jeta ses clés dans la corbeille en osier plantée près de la porte d’entrée. Il s’étira, faisant craquer son dos endolori. Il se dirigea vers le salon, faisant retomber ses bras le long de son corps. Il passa ses mains sur son visage, fatigué. Là, il ne souhaitait qu’être seul, chez lui, et dormir. Il n’avait pas la tête à faire la fête. Pas là, pas maintenant. C’est pourquoi, il marcha d’abord en direction de son minibar où son cocktail était déjà prêt. Il n’avait plus qu’à se servir. Il prit en main son shaker, le considérant longuement avant de le secouer, une moue dédaigneuse au visage se dessinant. Il prit un verre à cocktail, ouvrit son shaker et versa le contenu dans son verre lorsqu’un tambourinement le stoppa.

Tiens, je ne m’attendais pas à de la visite…

Il reposa son verre sur la table et alla ouvrir, les sourcils froncés, incertain. Il posa la main sur la poignée de la porte, ses doigts se refermant dessus. Il tendit l’oreille dans le but de reconnaître les personnes qui avaient osé le déranger, espérant se fier à leurs voix. Au lieu de quoi, tout ce qu’il put discerner était leurs parfums. Fruité pour l’un, musqué pour l’autre. Il devina donc que la première personne était une fille et que l’autre personne qui l’accompagnait était un homme. Soupirant, il ouvrit subitement la porte, découvrant ainsi une Clara extrêmement bien habillée ainsi qu’un Jonathan assez élégant.

La belle rousse était habillée d’une robe assez courte, lui arrivant à peu près jusqu’aux genoux. La robe était formée de deux couches de tissu : la première était une robe noire en satin au décolleté assez plongeant. La seconde couche venait par-dessus la première couche. Elle était faite en résille, quelques fleurs avaient été cousues çà et là. La deuxième robe, un peu plus légère que la première dissimulait quelque peu le décolleté, le col lui arrivant plus ou moins au ras du cou. Pour finaliser sa tenue très sexy, elle avait ajouté à son cou un collier noir ras de cou ainsi qu’une autre chaine, plus longue. Elle s’était chaussée d’une paire de bottines noires à talons hauts. Ses cheveux flamboyants avaient été coiffés en une natte africaine, deux mèches de ses cheveux seulement venaient encadrer son beau visage. Ses lèvres étaient colorées d’un rouge à lèvres sombres tandis que, sur ses yeux avait été appliqué de la poudre dorée, faisant ressortir la douce couleur verte de ses yeux. Elle était tout simplement magnifique…

Quant à Jonathan… Celui-ci était simplement vêtu d’une chemise noire sous une veste de costume sombre. Il avait enfilé un simple pantalon de la même couleur. Ses cheveux de blé avaient été plaqués sur le côté gauche de sa tête, sa barbe de quelques jours commençant à brunir.

Ces deux-là étaient habillés pour sortir et faire la fête. Magnus n’était, malheureusement, pas d’humeur à danser et à subir les réprimandes de Jonathan. Alors qu’il s’apprêta à refuser catégoriquement de les suivre dans leur fête minable, le couple s’invita de lui-même dans son appartement, Jonathan ne manquant pas de le bousculer au passage. Magnus leva les yeux au ciel, une moue dédaigneuse et amère au visage. Il ferma la porte d’un simple mouvement de bras, la faisant brutalement claquer. Il les rejoignit au salon, traînant. Il ne voulait pas avoir de conversations avec eux. Tout ce qu’il souhaitait, c’était de passer une soirée tranquille, sans avoir Clara et son petit blondinet dans les pattes.

- Je peux savoir ce que vous faites ici ? leur demanda-t-il, froid.

- On voulait te convaincre de ne pas passer la soirée seul, rétorqua Clara dans un doux sourire innocent.

- C’est hors de question ! s’écria-t-il. Je veux juste pas…

- On se fiche de ce que tu veux ! tonna Jonathan, impatient. Alors, maintenant, tu sautes dans tes fringues les plus sexys et tu nous accompagnes au Runhunters, lui ordonna-t-il, sévère.

Magnus le regarda, l’expression froide et fermée, le toisant du regard. Il tira son foulard de sa chemise, le jetant à terre sous le regard interloqué de Jonathan. Les yeux émeraude de la belle rousse étincelaient de mille feux, son sourire et le feu à ses joues roses trahissaient son sentiment d’excitation. Magnus déboutonna son veston ainsi que sa chemise. Il les prit en main, les mettant en boule, et les jeta au visage de Jonathan. Il prit lentement les habits que le bel asiatique venait de lui jeter, se pinçant les lèvres alors qu’il enlevait progressivement ce qui cachait sa vue. Magnus, toujours planté là, le considéra, l’air de dire : « C’est ça, ma tenue la plus sexy… Abruti ! ». Un sourire provocateur se dessina sur ses lèvres alors qu’une lueur rancunière brilla dans les yeux vairons de Jonathan. Magnus remarqua qu’un soupçon de désir brillait dans ses yeux, ses joues devenant écarlate. Le blond essaya de garder la face mais Magnus savait qu’il ne voulait qu’une chose, lui sauter dessus et lui voler un fougueux baiser. Jonathan détourna le regard, ne pouvant plus supporter que les doux yeux dorés de ce bel asiatique soient posés sur lui, le déshabillant presque du regard alors qu’à l’origine, c’était lui qui le dénudait du regard. Magnus leur tourna le dos, ce même sourire insolent aux lèvres alors qu’il entendit Clara glousser avant de dire à son petit-copain qu’il le méritait. Magnus ne put réprimer un tendre ricanement, se dirigeant vers sa chambre.

***

Au lieu de s’allonger dans son lit, à moitié nu, il avait finalement décidé d’accompagner Clara et Jonathan dans le bar Runhunters. Peut-être que Clara avait raison. Peut-être que ça l’aidera à se changer les idées…

Il avait suivi l’ordre de Jonathan en matière d’accoutrement. Il avait décidé de se vêtir d’un pull doré à col roulé très, très moulant sur lequel il avait rajouté une veste de costume noire, créant ainsi un beau contraste entre la lumière et les ténèbres. Il avait enfilé un jean noir auquel il avait rajouté des chaines argentées ainsi que des brettelles noires. Il s’était chaussé d’une paire de chaussures italiennes noires et cirées. Il avait laissé sa chevelure corbeau comme elle était, juste quelques mèches étaient colorées d’une sombre couleur bleue. Lorsqu’il a rejoint ses amis au salon, il a presque crut voir des étoiles de désir dans les yeux de Clara qui avait failli défaillir. Jonathan l’avait longuement considéré, ou maté, avant de finalement décidé qu’ils étaient fins prêts. Magnus ayant senti un bref coup d’œil indiscret de la part du blondinet sur son fessier et, sur ses abdos, lorsqu’il est passé devant lui. Il esquissa un sourire narquois avant de finalement se rendre devant la porte d’entrée.

Et les voilà dans le hall du bar, bondé de monde. Magnus se tenait assez proche de Clara qui regardait autour d’elle, comme si elle cherchait quelqu’un. Magnus se sépara d’elle, commençant à marcher en direction de leur table habituelle, suivi par Clara. Elle enroula son bras autour du sien, se mettant à ses côtés. Elle l’informa que Jonathan était parti leur chercher des boissons, le suivant jusqu’à ce que leur place. Même le vacarme incessant ne pouvait l’empêcher d’entendre distinctement la conversation qu’entretenaient Lydia et Jonathan. Celui-ci lui demanda deux verres de tequila ainsi qu’un verre de martini. Lydia lui fit une remarqua cinglante à laquelle Jonathan répondit :

- Arrête, tu m’excites, rétorqua-t-il, dédaigneux et amer.

Magnus ne pouvait l’imaginer qu’avec un sourire forcé, attendant patiemment sa commande. Il alla reculer la chaise de Clara qui, après s’être assise, le remercia chaudement. Il ne prit pas la peine d’attendre Jonathan et s’assit à son tour. Celui-ci arriva, les mains prises. Il tenait dans sa main droite les deux tequilas alors que sa main droite tenait le martini de Magnus. Celui-ci prit son verre, contemplant son contenu lorsqu’un raclement de gorge le ramena subitement à la réalité. Il releva les yeux et vit Clara et Jonathan brandirent leurs verres, comme pour porter un toast. Abaissant le regard, il prit, lui aussi son verre et le brandit, reportant son attention sur ses deux amis. Ils firent teinter leurs verres, Magnus leur fit un clin d’œil avant de porter son verre à ses lèvres, goûtant à ce délicieux liquide qui lui brûlait les entrailles.

Un parfum familier lui parvint aux narines, ainsi qu’une voix chantante et joyeuse. Il se retourna subitement, découvrant une Isabelle Collins surexcitée. Isabelle était une belle anglaise à la longue chevelure brune aux yeux noisette maquillés d’un fin trait d’eyeliner, ses joues étant nappées d’un rouge à lèvres sombre et glacial. Ses cheveux étaient noués en une longue queue de cheval coulant dans son dos. Elle était vêtue d’un haut rouge dénudant son ventre ainsi que son cou, cachant sa poitrine généreuse ainsi que d’une longue veste noire sans manches, laissant ses bras blancs tatoués d’étranges symboles nus. Elle avait enfilé un pantalon noir, s’étant chaussée d’une paire de talons hauts. A son poignet gauche, elle avait ajouté un bracelet en forme de serpent, lui enroulant ainsi tout son poignet. Isabelle était tout simplement sublime. Comme à son habitude. Magnus se leva, reculant sa chaise, son verre toujours dans la main. Il alla saluer son amie de longue date, posant une main délicate et chaste contre sa taille de guêpe malgré ses formes généreuses. Il lui fit la bise. Alors qu’il s’apprêtait à lui demander comment elle allait, elle lui répondit que son frère, Alec, est tombé malade, accentuant le mot « malade » en faisant des guillemets et qu’il ne pouvait, malheureusement pas se joindre à eux. Ce qui surprit fortement Jonathan qui avoua, sans éprouver la moindre once de gêne, qu’Alec lui avait dit qu’il n’aurait jamais manqué cette soirée pour rien au monde, surtout si Magnus s’y trouvait. Celui-ci se mit à fortement rougir, baissant le regard alors que le blondinet se faisait sauvagement réprimander par ses amies. Alors, Alec voulait vraiment le rencontrer ? Un tendre sourire se forma sur le visage aux traits doux de l’asiatique alors que Jonathan se faisait frapper par Isabelle et Clara, le traitant d’imbécile. Deux voix familières vinrent le sortir de ses pensées, il s’agissait de Simon et de Raphael, ces deux inséparables. Raphael était vêtu d’un élégant costume constitué d’une veste gris perle ainsi que d’un pantalon de cette même couleur. Sous sa veste, il avait enfilé un haut noir assez moulant. Il avait savamment coiffé ses cheveux. Si le premier était très séduisant dans son costume deux pièces, le deuxième avait opté pour une tenue plus décontractée. Ce qui ne lui enleva rien à son charme. Magnus était heureux de voir ces deux-là, même si cela signifiait devoir les séparer à chaque paroles que Simon prononcerait. Quant à Jonathan, son regard froid et dur trahissait son animosité envers le meilleur ami de sa petite-amie. Il semblait qu’il ne voulait pas que Simon soit là. Lorsque celui-ci tenta une faible approche envers lui, Jonathan lui fit savoir qu’il en était hors de question en le repoussant. Magnus vit Clara réprimer un gloussement, portant sa main à sa bouche fine. Au lieu de s’occuper de ce triangle amoureux, il préféra s’occuper de Raphael, le saluant. Ils se serrèrent la main, un bref signe de tête amical. Ils se séparèrent, le mexicain s’affairant à saluer au moins Clara qui se trouvait au milieu de la dispute entre Simon et Jonathan. Magnus se rassit, portant son verre à ses lèvres, le liquide coula dans sa bouche. Il sortit son téléphone de la poche de son manteau et l’alluma. Aucun message de la part de Fedora… Après tout, celle-ci devait être en train de dormir… 6heures de décalage entre Brooklyn et la France… Déjà qu’elle est loin, alors si en plus le temps n’était pas de son côté… Il soupira, posant son téléphone à plat contre la table. Il reprit une gorgée de son cocktail lorsque, soudainement, la voix de Simon lui parvint, le tirant ainsi de ses pensées.

- Ça vous dirait une partie de billard ? proposa le geek beau gosse.

- Je jouais déjà au billard lorsque son créateur n’était même pas de ce monde, rétorqua Magnus, se levant subitement, son verre à la main, la voix chantante et sarcastique.

- En d’autres termes, commença Jonathan, se tournant vers Simon, ça signifie que tu n’as aucune chance contre lui, traduit-il.

- Sans blague ? rétorqua ce dernier, amer.

- Tu joues Jonathan ? interrogea Raphael, souhaitant changer de sujet.

- Je prendrais le gagnant, répondit-il, évasif.

- Ne te vexes pas, débuta Magnus, narquois, mais tu n’es pas mon type, rétorqua-t-il, un sourire moqueur aux lèvres.

Le blondinet se tourna vers lui, lui lançant un regard foudroyant, saupoudré d’un soupçon d’amusement. Le trio de joueurs se dirigea donc vers la table de billards où les deux queues étaient déjà posées contre la surface verte de la table, les boules coincées dans un triangle. Entendant une forte rumeur, il se tourna et vit une jeune femme métisse vêtue de cuir face à un homme qu’il ne connaît que trop bien : Malachai Jones, un des cousins de Chase.

Encore un Jones…

Une moue dédaigneuse se dessina sur son visage alors qu’il s’approcha du billard, posant son verre contre un bord de la table, le faisant tenir par chance. Raphael se porta volontaire pour arbitrer la partie, sortant une pièce de sa veste gris perle. Cette pièce, comme il l’expliquait, servait exclusivement à déterminer lequel des deux allait casser le triangle de boules. Magnus proposa que la pièce retomberait sur pile alors que Simon répondit face. Le beau mexicain lança la pièce, la rattrapant. Il la posa contre la paume de sa main et annonça que la pièce était sur face. C’était donc Simon qui allait commencer. Raphael se mit en retrait, laissant son ami se positionner face à la boule blanche. Il leva le triangle, le tenant fermement jusqu’à ce que les jointures de sa main deviennent blanches. Jonathan se tourna vers la partie de billard, il ne voulait pas en rater une miette. Non seulement, il allait pouvoir assister à la cuisante défaite de Simon mais en plus, Magnus allait être dans une parfaite position… Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres rien qu’en y pensant. Il est vrai que souvent, son regard pouvait croiser les formes masculines et ensorcelantes de Magnus pour lequel il a beaucoup d’estime. Il commençait même à l’apprécier, et à apprécier sa beauté exotique et, malheureusement, indéniablement séduisante. Il se surprenait même à le mater quand il était si peu vêtu. Il avait eu beau montrer un regard froid lorsqu’il s’était déshabillé devant lui, en réalité, il ne voulait plus que goûter à ses belles lèvres au parfum exquis. Et puis, s’il lui avait ordonné de s’habiller d’une manière sexy, ce n’était pas que pour le bonheur de ses yeux. C’était aussi pour envoyer une photo de Magnus – face à lui, pour une fois – à Alec qui n’arrêtait pas de le harceler pour avoir une photo. Alors, dès que le bel asiatique prit place, une fois que Simon eut cassé les boules, il prit en main son portable, le déverrouillant et alla dans ses messages. Il cliqua sur sa conversation avec celui qu’il considérait comme son frère et appuya sur la touche du clavier et cliqua sur l’icône de l’appareil photo. Magnus, la queue de billard en main, se pencha sur la table, visant les boules pleines. Jonathan attendit le bon moment pour le prendre en photo. Il paraissait si concentré, si calme qu’il était dur de le prendre en photo, son expression ne se refléterait peut-être pas aussi bien que dans la réalité. Qu’importe ! Il devait prendre cette photo… Alors, il cliqua sur le bouton pour prendre la photo, n’ayant pas oublié de désactiver le flash. Bubblegum B**ch de Marina se joua à ce moment là. Un choc subit résonna, ainsi que l’entrechoquement d’autres boules lui fit savoir que Magnus avait tapé dans les boules, les faisant presque toutes rentrer dans les bourses. Jonathan releva la tête, un tendre et doux sourire se dessinant sur son visage alors que Simon et Raphael se demandaient comme il avait fait pour faire entrer presque toutes les boules pleines.

- Comment tu as fait ? questionna Raphael, choqué.

- Tu as fait… Quelque chose aux boules ? interrogea Simon, montrant la table d’un geste vague.

- Vous savez ce qu’on dit… commença Magnus, se positionnant devant la boule blanche qui était face au reste des boules pleines. Si tu ne trouves pas celui qu’on malmène au billard, débuta-t-il, frappant au centre de la boule blanche avec assez de force pour faire tonner le doux son des boules qui s’entrechoquent entre elles en tombant les bourses, c’est que c’est toi, conclua-t-il, un sourire fier ornant son visage, ses yeux croisant les regards ébahis de Raphael et de Simon qui restèrent plantés là.

Amusé, Jonathan envoya la photo à Alec…

A : PARABATAI

O3/12, 22H

JONATHAN : (Pièce jointe)

JONATHAN : COMME PROMIS ! UNE PHOTO DE MAGNUS WU, ESSAYE DE NE PAS TOMBER AMOUREUX…

Il cliqua sur « envoyer », un sourire moqueur au visage. Il prit une gorgée de tequila, chargée d’alcool. Il se leva, finissant son verre qu’il reposa sur sa table, sous le doux regard de Clara qui le contemplait amoureusement, sa tête posée contre le dos de sa main refermée. Il laissa son portable sur la table, à proximité de son verre vide. Il ne souhaitait pas être déranger par un désagréable vibrement lui annonçant qu’Alec lui avait répondu. Il se doutait bien de la réaction qu’aurait ce dernier… Et il ne voulait même pas y penser ! Il rejoignit Magnus, Raphael et Simon, ces deux-là étant complètement dépités. Le gagnant se mit auprès de lui, posant une douce main froide contre son épaule, un sourire amer aux lèvres en lui souhaitant bonne chance. Jonathan le remercia.

Magnus porta son verre à ses lèvres, baissant le regard alors que les joueurs derrière lui commençaient déjà à se disputer. Il leva les yeux au ciel, tenant son verre, caressant le bord de son verre. Il haussa les sourcils, une moue se dessinant sur son visage. Il entendit une rumeur lointaine. Il regarda au loin, encore cette métisse entre les mains de ce Jones… Il fronça les sourcils et, souhaitant le mettre dehors, il se rua à la rescousse de cette jeune femme qui, pourtant, ne semblait pas vraiment avoir besoin de son aide. D’une démarche chaloupée et enchanteresse, il se marcha vers eux.

Il se mit aux côtés de la jeune femme, tenant fermement son verre. Il s’attira le regard furieux de Kai qui stoppa immédiatement de parler à son vis-à-vis.

- Magnus, commença le Jones, qu’est ce que tu fais ici ? questionna-t-il, apparemment surpris de le trouver ici.

- La question à se poser est, mais que fait Malachai Jones ici ? rétorqua-t-il, e montrant aussi doux que du miel et aussi piquant que le dard des abeilles. Il sait très bien qu’il est banni de tout bar et de toutes boîtes de nuit dans l’Amérique du Nord, continua-t-il, un sourire insolent et provocateur au visage. Et ce, indéfiniment, conclua-t-il, perdant son sourire, devenant subitement sérieux.

Il pencha la tête à sa gauche, voulant profiter de la contraction des muscles de la mâchoire fine de Kai. Celui-ci finit par s’en aller, détournant le regard dans lequel brillait une lueur coléreuse. Il ne manqua pas de le bousculer au passage et de, sauvagement, lui attraper le fessier, lui arrachant une grimace courroucée. Il sentit une violente claque contre son fessier bombé, le faisant sursauter. Une expression dure et sévère se traça sur son visage aux traits si doux et si délicat. Il se positionna finalement face à la jeune femme qu’il venait de secourir.

C’était une belle métisse aux lèvres fines nappées de gloss, et aux yeux noisette en forme d’amandes maquillés d’un fin trait d’eyeliner. Elle était habillée d’un haut noir transparent qui laissait une belle vue sur sa poitrine coincée dans un soutien gorge noir, elle avait enfilé une jupe noire en cuir, fendue sur le côté. Elle s’était chaussée d’une paire de talons hauts noirs vernis. A son cou était orné un collier ras de cou, ses bras café au lait restaient nus. Elle était si sexy qu’il lui était difficile de ne pas détourner le regard. La belle métisse le regarda, le jaugeant du regard avant de croiser ses bras fins sur sa poitrine.

- Je pouvais très bien me débarrasser de lui, dit-elle, vexée.

- Je n’en doute pas… répondit Magnus, se sentant intimidé par cette jeune femme. C’est juste que je ne supporte pas de voir qu’une belle femme se faire harceler par ce genre d’individus, continua-t-il, crachant sur Jones.

- Si vous saviez… soupira-t-elle, faisant voler ses cheveux, se mordant la lèvre. En fait, débuta-t-elle, se tournant vers Magnus. Je suis Candy, se présenta-t-elle.

- Candy ? répéta-t-il, ce nom lui étant familier. Vous… Vous êtes une amie de Fedora Dobronravov, n’est ce pas ? questionna-t-il, surexcité, comprenant enfin pourquoi elle lui semblait si familière.

- Oui mais… Comment connaissez-vous Fedora ? demanda-t-elle, soudainement intéressée, se montrant protectrice envers la jolie blonde.

- Je suis Magnus Wù, répondit-il, c’est moi qui l’ai aidé à se refaire une identité.

Candy semblait lui être reconnaissante, perdant son expression sauvage. Il ressentit un certain mal être. Il se sentait extrêmement mal à l’aise à se faire mater d’une manière trop indécente à son goût par une femme aussi sexy que cette Candy. Il ne savait plus où poser son regard tant il était gêné. Candy lui adressa un sourire un peu trop malicieux à son goût, se léchant les dents, une lueur perverse brillant dans ses yeux noisette. Elle s’approcha dangereusement de lui, lui faisant ressentir une grande gêne. Il avala difficilement sa salive, se reculant lentement d’elle alors qu’elle commença à se mettre un peu plus contre lui. Alors qu’il commença à se demander comment il pourrait s’enfuir, un parfum hypnotisant lui vint aux narines ainsi qu’une voix familière avec un accent typiquement anglais. Il fit volte-face, un homme diaboliquement séduisant lui faisait face. C’était un beau brun au teint neigeux et aux éclatants yeux bruns. Une barbe de quelques jours venait encadrer ses lèvres fines. Ses cheveux noirs étaient savamment coiffés d’une manière élégante. Il portait un costume trois pièces : chemise blanche dont le premier bouton était déboutonné, une veste et un pantalon noirs. Il le reconnut de suite avec son sourire arrogant et son air d’être un parfait gentleman alors qu’il était le Diable en personne… Il s’agissait de Lucifer Morningson, un de ses concurrents les plus redoutables. Lucifer se dirigea vers Candy et Magnus qui, intérieurement, lui était reconnaissant.

- Candy, commença l’Anglais, je te cherchais partout, l’informa-t-il, ce même sourie empestant l’arrogance se dessinant sur son visage.

- Lucifer, commença-t-elle, tu ne vois pas que tu me déranges ? le questionna-t-elle, se tournant vers son ami.

- Oh, fit-il, surpris, je vois que tu es en… commença-t-il, décidant de se tourner vers le vis-à-vis de son amie. Bonne compagnie, conclua-t-il, ses yeux s’abandonnant sur le torse musclé de Magnus, moulé par son haut.

- Lucifer Morningson, dit ce dernier, tentant un sourire amical.

- Magnus Wù… J’aimerai pouvoir dire que c’est un plaisir de voir ta jolie petite tête mais ça serait mentir et je ne suis pas un menteur… Alors, si tu veux bien nous excuser…

Il se mit aux côtés de Candy, enroulant son bras droit autour de la nuque fine de la métisse qui grimaça. Ils passèrent aussi près que possible de Magnus qui sentit une pression contre son fessier, déjà bien assez endommagé par la main de Kai Jones, non autorisée, lui arrachant une grimace de souffrance.

Il resta planté là, regardant une des seules personnes ayant un lien avec Fedora s’éloigner de lui avec une personne d’une répugnante arrogance comme Lucifer Morningson. Son visage se ferma, dans ses yeux où de l’or liquide coulait en abondance brillait une lueur de vengeance et de colère. Dieu ce qu’il avait hâte que Fedora revienne et que tout redevienne comme avant…

A seulement quelques mètres de lui, Jonathan et Simon jouaient encore au billard, pour le plus grand bonheur de Clara et d’Isabelle. Les deux femmes étaient tellement obnubilées par leurs petit-copains respectifs qu’aucune d’entre elles n’avaient remarqué qu’ils avaient chacun reçu un message. Le téléphone de Jonathan montra le fond d’écran de verrouillage de son portable, il s’agissait d’une photo de la belle rousse en compagnie de Jonathan qui lui donna un baiser contre la joue. Le message s’afficha aussitôt que la sonnerie retentie…

A : PARABATAI

03/12 , 22H30

PARABATAI : … JO… JE CROIS QUE JE SUIS AMOUREUX… IL EST TELLEMENT… HOT !

Il était sûr que si Jonathan lisait ce message, il serait mort de rire, soupirant qu’il en était sûr.

Celui de Magnus sonna aussi, dévoilant son fond d’écran qui le montrait en compagnie de Fedora, une mèche de ses cheveux dorés au-dessus de ses lèvres fines et caramel, Fedora étant morte de rire.

A : MAG

03/12, 22H30

FEDORA : MAGNUS… JE DOIS T’AVOUER QUELQUE CHOSE…

Un autre message s’afficha, cette fois d’un destinataire inconnu…

A : MAGNUS

03/12, 22H30

+4409433287 : JE T’AIME MAGNUS…

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