Le bus est mon routinier.

Du lundi au vendredi, matin et soir, que faire pendant ces quarante minutes, telle est la question ?

Dans ces quelques mètres carrés, où la politesse tente de survivre, beaucoup sont perdus dans des pensées qui nous demeurent inconnues.

D’autres inconnus ont perdu leurs pensées dans leurs portables, junkies de la notification d’aucune importance, à ne surtout pas rater, qui pourrait les allumer, nourrir d’instantanés fantastiques et de rien capitaux, leurs existences.

J’aime cette place surélevée, dos à la route, de laquelle je peux embrasser l’ensemble de l’espace.

De l’autre côté du couloir, une mama hurle dans son téléphone pour couvrir le bruit ambiant.

Au fond, un groupe d’écoliers rient à pleine gorge en croquant des chips.

Tant et autant de personnes, parfois une à laquelle j’aimerais servir mon décroisé-croisé de jambes pour croire sans lendemain.

Je réinvente des amours d’écolières, des échanges téléphoniques sulfureux, des potins de premier ordre … puis, comme la laine, je file ce temps entre mes doigts et le laisse me nourrir de sentiments et d’amours aussi imaginaires qu’éphémères…