Marghareta
Chaque jour Marghareta gardait espoir et chaque jour, elle se disait que la guerre ne durerait pas, que Piet reviendrait très vite. Pour se donner du courage, pour ne pas sombrer dans la mélancolie, elle habillait la maison de bouquets qui changeaient de couleurs et de formes au gré des saisons.
Ses cousines de Kinissburg venaient souvent lui rendre visite pour l'emmener au bord du lac, ou bien à l'auberge du vieux Henzel mais elle préférait de loin sa maison et sa fenêtre derrière laquelle, elle guettait le retour de son époux. - Je pourrais manquer son arrivée. Disait-elle en guise d'excuse. Personne n'était dupe, mais personne ne pensait à briser l'espoir qui l'habitait.
Pétrie d'une tendresse toute naïve, elle s'accrochait à ses rêves comme d'autres s'accrochaient à la vie, au travail, pour ne pas abdiquer.
Jamais dépourvue d'idée, elle inventait une façon inédite à chaque lever de soleil pour accueillir Piet dont les nouvelles arrivaient lentement. Coquette, elle changeait sa toilette à chaque instant ne se trouvant jamais assez belle, couvant secrètement le désir de le voir apparaître à l'angle du portail.
Les gens du bourg la saluaient avec gentillesse, lui adressant quelques mots d'encouragement et de soutien. Elle leur répondait toujours par un large sourire, gardant pour elle, les peurs qui lui tenaillaient le ventre.
Mais le soir, quand ses volets fermés, elle retrouvait sa triste réalité, sa profonde solitude, et que l'attente se faisait trop longue, trop insupportable, elle laissait couler des larmes acides sur sa table joliment garnie sous les pétales des fleurs fraiches et indifférentes à ses tourments.
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