Chapitre 12
Lucy s'est calmée.
Elle a un sacré mental. Voir sa sœur coupée en deux, se faire violer, c'est pas évident. C'est dommage, je l'aimais bien cette Lauren.
Je me sers un verre de sky. Lucy attrape la bouteille et la siffle. Ed la regarde un peu dégouté, il en aurait bien voulu un petit peu.
- Il dort bien le petit, dit Lucy en esquissant un sourire rempli de tendresse.
Je me tourne vers le canapé, Garret est blotti dans les bras de sa demie-mère. On a quand même posé une couverture sous le buste pour ne pas saloper les coussins.
- Bon, c'est quoi le plan ? me demande Lucy.
Elle a un recul de fou. Elle fait comme si de rien n'était. Ça devient carrément flippant.
Je l’adore.
Je vais pas la contrarier, je fais de même.
- C'est allé trop loin, on peut plus reculer, faut se débarrasser de ces touristes et en finir avec leur gourou.
Je me tourne vers Ed qui tire toujours la gueule de devoir rester sobre.
- Bon, t'es plus dans le coup que nous, comment on procède ?
- Les attaquer la nuit, c'est peine perdu, ils sont trop éparpillés et surtout trop excités.
- Tu veux faire comment ? lui demande Lucy.
- La journée, ils se reposent au camp pour recharger les batteries, ils la passent à pioncer.
Il me vient une idée. Je me lance.
- J'ai un plan, on se pointe, on les assassine sauvagement pendant leur sommeil, on chope Philéas et on lui règle son compte, je dis tout fier.
- C'était pas le plan qu'on avait prévu au début ? me demande Lucy.
Oui c'est vrai. En même temps y’a pas trente-six façons d'en finir. Je ne suis pas non plus un grand stratagème de guerre.
- Ils sont trop nombreux, on va mettre une plombe.
- On a qu’à appeler du renfort, hein?! Comme une famille de chasseurs qui nous la mettrons bien à l’envers, je leur balance, un brin agacé.
- Non, bien sûr, par contre j'ai grandi ici, je connais un peu de monde, reprend Lucy.
- Tu connais un peu de monde, genre qui ?
- Ben, genre du monde que j'ai fréquenté quand j'étais plus jeune et qui ne m’ont surement pas oubliée.
- Ouais super, c'est pas trois amours de jeunesse qui vont changer la donne, je souffle.
- Tu sais, y’a beaucoup de monde dans ce village et à l'époque on savait s'occuper...elle me fait un clin d'œil.
Oh putain, j'ai des flashs ! J’imagine des trucs avec Lucy et plein de bouseux autour !
Je secoue la tête. Je respire. Allez, calme-toi. Je reprends.
- Ok, on fait ça, demain matin tu rameutes tes "potes" et on s'organise.
- Nan, j'y vais ce soir. On n’a pas de temps à perdre et puis j'ai toujours été plus convaincante la nuit.
Elle part se changer. Elle revient cinq minutes plus tard.
- Ben, tu sors plus ? je lui demande.
- Ça y est, elle prend un air surpris.
Elle a juste enfilé sa nuisette et une paire de bottes.
- Je suis fatiguée, je me sens pas d’essayer de les baratiner pendant trois heures.
Ma lèvre se remet à trembler. Elle va finir par me tuer.
- Je te laisse la chambre au cas où ça doit prendre plus de temps.
Elle prend son sac, file un baiser à Garret, recoiffe la frange de sa sœur et s’en va.
J’attrape Ed.
- Allez, extinction des feux.
On va se coucher.
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