Prologue
Il y a longtemps dans une contrée lointaine, au fin fond d'une vieille cathédrale en ruine...
Il n'y avait point de lumière et il était impossible de se repérer dans les méandres de cet endroit lugubre et maudit. Mais il fallait qu'il se sauve, qu'il s'éloigne de lui, de cet être sombre, cruel et machiavélique. Ô comme il regrettait de l'avoir pris sous son aile alors qu'il n'était qu'un jeune homme chétif. Il avait été touché et surpris par la puissance brute que dégageait ce jeune humain. Il possédait un très grand pouvoir et s'il avait pu le transformer à temps, il serait probablement devenu un magnifique vampire. Mais il avait échoué. Il avait été manipulé par cette vermine qu'il croyait innocente et fidèle à lui, à sa doctrine. Ils avaient vécu reclus, loin de la société de la nuit, loin de la corruption et loin de l'ivresse du pouvoir que peut engendrer le sang d'un sang pur... Ô comme il avait cru en lui, en ses paroles et en ses promesses. Son disciple lui avait juré de ne jamais chercher comment obtenir un pouvoir infini, capable de rendre immortel et puissant le plus faible des humains. Or, ces paroles n'étaient en fait que de la poudre de perlimpinpin, qu'il lui avait jeté aux yeux dans le but de mieux l'amadouer et de mieux l'asservir. Il n'avait rien vu arriver, rien vu de la machination qu'il avait mise en place petit à petit et qui avait fait de lui la parfaite victime. Il avait tout enseigné à cet être qu'il pensait bon. Il lui avait appris comment se battre, comment se comporter en société, comment acquérir de nouveaux savoirs et de nouveaux pouvoirs et il lui avait aussi parlé du moyen d'obtenir le pouvoir infini, un pouvoir sombre et qui à force d'usage rendrait fou son malheureux propriétaire, persuadé qu'il ne toucherait jamais à cette magie démoniaque, sortie tout droit des enfers. Mais à l'évidence il s'était fourvoyé....
Il courait à perdre haleine, sa vue se brouillant un peu plus à chaque foulée. Le trou béant dans sa poitrine ne se refermerait jamais et il se savait condamné. Il allait mourir, il ne lui restait que quelques minutes à vivre et la traînée rouge qui sillonnait son corps le prouvait. On lui avait dérobé le seul organe fragile du vampire, le cœur. Son sombre élève venait de lui arracher de la poitrine et il allait s'en servir pour obtenir enfin ce qu'il convoitait tant, une puissance illimitée. Il ne pourrait pas empêcher l'avènement d'une ère ternie par l'obscurité et la violence, mais il pourrait faire une dernière chose, une chose que seul un vampire aussi puissant que lui serait en mesure de réaliser. Il allait contrer son pouvoir. Il protégerait les sangs purs et les autres peuples du joug de ce vil personnage. Puisqu'un homme surpuissant était né et avait réussi à s'approprier les pouvoirs des chasseurs de vampires et celui des vampires, alors il s'arrangerait pour que des deux côtés naisse une créature capable de le terrasser.
Le vieux vampire atteignit enfin le fond de la caverne et déboula sur une pièce circulaire éclairée par une immense flamme bleue. À bout de souffle, il s'écroula sur le sol boueux. Une quinte de toux le secoua et il cracha un flot de sang. Il s'essuya la bouche d'un revers de la main, laissant une traînée sanguinolente à la commissure de ses lèvres. Il ne pouvait plus se relever, ses forces l'abandonnaient. Il chemina les derniers mètres à quatre pattes et s'assit avec difficulté près de la flamme. Il reprit le peu de respiration qui lui restait et dans un dernier effort, il s'accrocha au bord de la coupe. Il redressa les yeux et contempla le feu. Il se perdit un moment dans son camaïeu de bleu et se délecta de la douce chaleur qu'il émettait.
Il inspira et tendit la main vers le brasier. Puis il psalmodia :
- Moi, Plaeguis premier vampire de sang pur.....j'en appelle à la puissance de l'ombre.... Pour formuler un dernier vœu. Par la puissance qui m'a été conférée je proclame que.... Lorsqu'un être aux viles intentions émergera et s'appropriera le pouvoir infini, un vampire de sang pur et un chasseur de vampire apparaîtront alors et combattront le terrible seigneur noir à l'aide d'un double pouvoir unique...
Il essuya de nouveau le sang qui sortait de sa bouche et continua....
- Et je jure qu'à chaque nouvelle génération et chaque nouvelle ère de ténèbres, cette dyade se réincarnera et se dressera contre le mal.
Plaeguis déposa un peu de sang dans la coupe, la flamme s'embrasa et entra en éruption telle un volcan. Enfin ! Il avait réussi à accomplir le dernier rituel, son souhait serait exaucé et les espèces seraient protégés. Il régurgita une dernière fois du sang, puis il s'allongea sur le sol glacé de la cathédrale et dirigea son regard blanc vers la voûte sombre de l'église dans laquelle se reflétait la lumière de la flammèche bleue. Quel magnifique spectacle ! Au moins, il ne partirait pas sans avoir vu la lumière une ultime fois. Il ébaucha un sourire et ferma ainsi les yeux pour toujours. Sa longue vie remplie de souffrance touchait à sa fin, mais il était confiant pour l'avenir, il avait accompli son destin, l’œuvre de toute sa vie...
Une bourgade perdue de Transylvanie, des siècles plus tard...
- Cours, dépêche-toi, ils sont en train de nous rattraper ! cria un homme encapuchonné à la silhouette qui se trouvait devant lui.
- Mais le bébé pleure... Elle sent que quelque chose se passe, haleta-t-elle.
L'homme en cape noire s'arrêta et bifurqua :
- Par ici, il y a une ruelle sombre, nous allons nous arrêter un instant ! Je te couvre, cajole-la ! Ordonna-t-il.
La deuxième silhouette abaissa sa capuche. Une jeune femme brune aux longs cheveux éloigna alors son bébé d'elle et le regarda. Puis elle lui fredonna une berceuse en la serrant sur son cœur. Le beau visage de la femme était inondé de larmes. Elle avait dû prendre une décision terrible et cela lui avait brisé le cœur. Elle ne voulait pas s'éloigner d'elle, de son bébé, de sa douce Rey mais il le fallait. Le seigneur noir était à sa recherche et il ne devait la retrouver sous aucun prétexte, sinon tous leurs efforts seraient réduits à néant et la paix qu'ils avaient tentée de maintenir jusqu'à présent prendrait fin. Non, le malin ne devait pas revenir et la résistance ne devait en aucun cas s'éteindre. Ils avaient déjà perdu un puissant vampire de sang pur, tombé sous la coupe du clan du premier ordre, ils ne devaient pas perdre Rey. Alors, ils allaient la cacher, lui faire oublier jusqu'à l'existence des races de vampires hunters et de vampires. Elle vivrait dès lors comme une simple humaine, loin des conflits qui agitaient la société des ombres. La voix de son mari sortit la maman de ses pensées :
- Alors, elle s'est calmée ? chuchota-t-il.
- Oui, nous pouvons repartir, répondit-elle.
- Allons-y nous sommes presque arrivés de toute façon.
Le couple sortit prudemment de sa cachette et reprit le chemin au pas de course. Après une longue ligne droite, le duo tourna à l'angle d'une ruelle pavée et déboucha sur un couvent.
- C'est ici. Nous n'avons qu'à la déposer, les sœurs et le père vont s'en occuper. Je leur ai donné suffisamment d'argent pour veiller au bien de Rey. Viens, il est l'heure !
Les larmes de la jeune mère, déjà nombreuses, redoublèrent. Et elle éclata en sanglots. Elle tremblait, reniflait et sa poitrine se serrait un peu plus à chaque pas qui la rapprochait du parvis du couvent. Elle monta les quelques marches avec difficulté et tomba à genoux, percluse de regrets. Son corps lui faisait mal et son cœur saignait. Elle savait que c'était pour son bien mais elle ne pouvait pas se résoudre à laisser cette si petite fille aux mains d'inconnues, qui n'avaient probablement jamais tenu un enfant dans les bras et qui n'avaient probablement jamais fait preuve de tendresse envers quiconque d'autre que leur Dieu. Mais elle n'avait plus le choix. Au loin des cris retentirent. Leurs poursuivants avaient retrouvé leur trace et ils étaient très proches. Alarmée par les hurlements, la femme se releva alors que son mari se plaçait devant elle, blaster à la main. Elle redressa la tête et le buste, inspira et frappa un grand coup. La porte s'ouvrit et une religieuse entièrement vêtue de blanc apparut. Elle regarda la résistante et lui sourit faiblement. La jeune personne tendit alors le bébé à la religieuse qui le prit en hochant la tête. Elle sortit de sa poche une petite poupée et un grelot argenté qu'elle déposa dans les mains du bébé. Elle l'embrassa une dernière fois et se retourna. La sœur referma la porte du couvent. La demoiselle, le visage souillé par les larmes, prit la main de son compagnon et descendit les marches la tête haute, prête à aller au combat. Leurs ennemis arrivèrent et envoyèrent un déluge de coups de feu. La jeune guerrière arrêta les balles d'un geste de la main et les dévia une à une. Mais ce ne fut pas suffisant. Alors qu'elle était concentrée sur son combat contre les soldats du premier ordre, un des sbires du se faufila derrière eux, captura son mari et pointa une arme sur sa tempe.
- Rends-toi ou je le descends ! Vociféra -t-il.
La jeune femme s'arrêta et se retourna :
- Jamais ! cracha-t-elle. Ce que vous cherchez n'est pas là, elle n'est plus là, elle a disparu, ajouta-t-elle en le fixant intensément. Longue vie à la résistance !
- Tu l'auras voulu !
L'homme en cape noire tira sur son mari et celui-ci s'écroula au sol sans vie. La combattante hurla de rage et se jeta sur lui, mais le sbire sortit un poignard et l'enfonça sans ciller dans le corps de la femme qui s'effondra inerte. L'homme se redressa et ordonna à ses troupes :
- Prévenez le seigneur que les traîtres ont été abattus mais que l'on a perdu la trace de l'enfant.
- Bien, sergent, répondit un de ses sous-fifres.
Nous allons rentrer au quartier général et prévenir le général pour qu'il dépêche un escadron de recherche afin de traquer cette enfant. Exécution ! Et débarrassez-moi de ça, ajouta-t-il en shootant dans les corps sans vie des deux résistants.
La petite troupe traîna les cadavres vers un fourré non loin du couvent et les jeta dedans. Puis elle repartit en bataillon rangé vers la base. Non loin de là, un homme qui avait vu toute la scène, caché derrière le muret, sortit de l'ombre et récupéra les corps. Il les emmena loin et leur offrit des funérailles dignes des résistants. Alors que le feu léchait les corps immobiles des parents de Rey, Luke murmura :
- Bonne chance, Rey, héritière des hunters …
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