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Le café des Beaux-Arts est un lieu chaleureux et bucolique. De petites tables en fer forgé recouvertes de nappes à carreaux rouges et blancs sont ornées de pots fleuris. Les consommateurs en terrasse ne se pressent pas et pourtant, je n’ai qu’une envie : repartir. Je ne veux pas la voir. Mes pieds tremblent alors que je sens mon cœur se serrer.

Relevant la tête, je ne peux la manquer. Son aura dorée, flamboyante et puissante, illumine la terrasse de toute sa beauté. Ses cheveux frisés forment une crinière somptueuse. J’ai raison. Elle est encore plus belle lorsqu’elle détache ses cheveux. Son tailleur noir et sa chemise vert foncé me donnent l’impression d’admirer un trésor perdu. Je n’y peux rien, j’en suis mordu. J’ajuste mon nœud papillon qui rappelle les couleurs des nappes. Sam a bien tenté de me le faire enlever et de changer ma chemise pour une de couleur unie en lin, mais c’est hors de question. De toute façon, je n’ai plus l’intention de la séduire. Enfin, ce n’est plus tout à fait vrai maintenant que je la vois ainsi. Elle semble plus fragile et j’ai instinctivement l’envie de me rapprocher pour la réconforter. Je croise son regard, je me sens comme un papillon attiré par la lumière brulante d’une flamme. Elle se lève rapidement pour me rejoindre et s’arrête à un pas de moi.

  • Charly, murmure-t-elle en retenant son souffle.

Mon cœur se serre douloureusement dans ma poitrine. Je réprime la sensation de lacération qui me prend au ventre lorsqu’elle me fait la bise. Je ne peux que l’accepter. Elle sent si bon, sa peau est si douce que j’en ai des palpitations. Son regard est doux et bienveillant.

  • Madame Bender, marmonné-je, perdu.

Mes sentiments sont des plus confus. Si encore elle me regardait en me méprisant. Si je pouvais être certain que je ne l’intéressais pas. Si je pouvais oublier notre rencontre. Si je pouvais oublier son sourire et son regard enflammé à notre soirée.

  • Adélaïde, s’il te plait, implore-t-elle en levant sa main vers moi.
  • Adélaïde, répété-je d’une voix étranglée alors que ses doigts caressent ma joue, tout en douceur.

Je manque d’air. Je ne comprends pas. Je suis à la fois électrisé et paniqué. Je reste muet, accrochant son regard d’une intensité telle que j’en ai des frissons et la chair de poule. La chaleur de sa main quitte mon visage pour se lover au creux de ma paume. Je me laisse entraîner vers la table où deux boissons sont déjà présentes. Elle pensait à moi. Elle détourne son regard avant de reprendre la parole d’une voix fébrile.

  • Charly, je suis sincèrement désolée pour la dernière fois.
  • Ce n’est rien. N’en parlons plus. Je suis simplement venu pour prendre des informations pour la nouvelle enquête.

Je plonge mon nez dans mon verre pour boire rapidement. D’accord, elle se repend, mais ce n’est pas pour ça que je vais lui pardonner si facilement. Relevant la tête, mon regard, je m’accroche au sien qu’elle a brillant, presque humide. Est-elle touchée ? Peinée ?

  • Charly, il n’y a pas d’enquête. Je voulais te revoir, pouvoir te parler enfin. J’ai essayé de te joindre plusieurs fois pour m’excuser. Pardonne-moi, je t’en prie. Je ne voulais pas rire de toi ! Ce n’était que la formulation qui était drôle, je t’assure. Tu fais un travail formidable. Et j’aimerais que tu me racontes tes missions, que l’on puisse se découvrir. Je … Je tiens beaucoup à toi, achève-t-elle en serrant ma main et me suppliant du regard.

Elle semble sincère. Un immense frisson parcourt ma nuque jusqu’au bas de mon dos. D’un seul coup, j’en oublie cette enquête fictive. Je n’ai plus qu’une envie, celle de caresser son visage. Même vous, vous ne pourriez résister à ce regard. Je ne réfléchis plus. J’agis. Mes doigts glissent sur sa peau délicate et caressent sa joue. Sur mes lèvres s’étire un sourire sûrement très niais. Sur les siennes, un sourire profondément soulagé. L’élue de mon cœur, celle pour qui je pourrais parcourir la terre pour retrouver son chat, ne se moquait pas de moi. J’aurais vraiment dû lui demander, quitte à passer pour un idiot, pourquoi elle riait.

  • Moi aussi j’ai très envie de te revoir, et de te découvrir, assuré-je en me redressant, relevant les épaules.

Je sens le soleil me réchauffer le dos, Adélaïde réchauffe mon cœur. Son sourire si éclatant parviendrait presque à m’éblouir, si je n’avais pas mon regard plongé dans le sien, lui promettant secrètement d’écouter tout ce qu’elle me dira. C’est Sam qui va être jaloux. Je vais lui présenter la femme la plus incroyable qu’il puisse exister.

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