Chapitre 21
— Merde, il fait noir on n'y voit rien, dis-je énervée.
— Attends Naïa, ne bouge pas, normalement il y a des bougies et des allumettes dans le tiroir du meuble qu'on a monté avec Octavio. Je suis juste à côté, je crois.
J'entendais Edwina fouiller dans un tiroir, alors qu'il faisait complètement noir dans la Cabane des garçons. Partis précipitamment, nous avions complètement oublié de prendre une lampe torche, omettant qu'à notre arrivée, il ferait presque nuit. Le bruit d'une allumette se fit entendre et éclaira la pièce. Edwina alluma une bougie et en profita pour allumer les autres posées sur la table. Je distinguais enfin la pièce et il nous restait à trouver le téléphone laissé par les garçons pour les contacter.
Edwina composa le numéro que les garçons nous avaient indiqué, en cas de besoin et attendit qu'il décroche.
— Octavio ? C'est Edwina... Il faut que vous veniez rapidement à la cabane, c'est vraiment urgent.
J'entendais la voix d'Octavio inquiet, sans comprendre vraiment ce qu'il pouvait dire.
— D'accord, on vous attend, reprit Edwina. Bon, les garçons devraient être là dans trente minutes, me dit-elle.
J'étais en train de me demander comment j'allais bien pouvoir leur annoncer la nouvelle. Ça impliquait tellement de choses et surtout tellement de danger. Allaient-ils avoir peur et prendre la fuite. Au fond, j'en doutais, mais je ne les connaissais pas depuis très longtemps. Il subsistait donc un risque. J'avais besoin, plus que jamais, de leur soutien et surtout de celui de Tommy.
Le temps m'avait semblé une éternité et Edwina n'osait plus ouvrir la bouche, aux vues de la réaction très agressive que j'avais eue tout à l'heure. Elle faisait les pas dans la pièce qui faisait office de cuisine, pendant que je grattouillais machinalement le bois de la table, essayant de décoller les saletés incrustées.
Quand enfin la porte s'ouvrit, mon cœur s'emballa.
— Bon, qu'est-ce qui se passe les filles ? demanda Octavio qui entra le premier. Vous avez trouvé des infos intéressantes.
— C'est le moins que l'on puisse dire, répondit Edwina, mais le mieux est de laisser parler Naïa, qui est la plus concernée.
Prenant une grande inspiration, je décidai de me lancer.
— Bon... Je ne sais pas trop par où commencer, car je crois que ça va être un choc, pour vous, comme cela l'a été pour nous. Vous devriez d'ailleurs vous asseoir.
Obéissant les garçons prirent une chaise et se mirent avec nous autour de la table. Tommy, qui avait compris que j'étais très tendue, prit place juste à côté de moi et me prit la main.
— Alors, je suis allée à la maison de la maternité, aujourd'hui. J'ai découvert une salle où étaient entreposées des éprouvettes de liquide séminal.. Ce liquide, avec Edwina, nous avons découvert ce que c'était, car il a une odeur très particulière.
Laissant un peu de silence, je sentais que les garçons s'impatientaient. Mais les conséquences de ce que je devais leur annoncer étaient lourdes et effrayantes. J'inspirai de nouveau.
— C'est du Sperme !
J'attendais leur réaction, mais pour l'instant, je crois qu'ils ne réalisaient pas encore vraiment.
— Ça veut dire que l'histoire de fleur mâle et femelle d'Edwina est vraie, repris-je. Vous êtes les mâles et nous sommes les femelles d'une même espèce. Et pour nous reproduire il faut que le sperme, de vous les mâles, soit injecté dans nous les femelles. C'est clair ?
— Oui parfaitement, dit Octavio. Mais alors comment sont faits les garçons ?
— Je n'en suis pas sûr, reprit Edwina, mais je suppose qu'à la naissance, ils font le tri. Les bébés mâles sont envoyés chez vous et les bébés femelles dans une communauté avec que des femmes.
Je voyais que Tommy ne parlait pas, alors qu'il semblait avoir le cerveau en pleine ébullition.
— Ça va Tommy ? lui demandai-je.
— Ça marche à tous les coups ? dit-il.
— Quoi ?
— L'insémination.
— Non.
— Et comment peut-on savoir que ça a marché ?
— Et bien pendant qu'on attend un enfant on a plus nos règles, lui dis-je avec un regard lourd de sens.
— Oh... Tu veux dire que...
— Probablement.
— Hey ! Tous les deux, de quoi parlez-vous demanda Octavio, je suis complètement perdu.
— Je crois que Naïa a un bébé qui est en train de se fabriquer dans son ventre, dit Tommy.
Il ne me lâchait pas du regard. Son visage était impassible.
— À quoi penses-tu, Tommy, dis-je doucement.
— Et bien, je ne sais pas comment ça s'appelle, mais on va être... enfin toi surtout, mais nous aussi... enfin moi j'aimerais bien. J'ai toujours envié les Papas qui devaient s'occuper de petits garçons. Il va falloir organiser tout ça et trouver des solutions, car clairement, tout ceci doit rester secret, mais tu veux bien que l’on fasse ça avec vous ?
— Bien sûr que oui, dis-je en serrant très fort sa main. Même si je ne suis pas sûre d'avoir compris tout ce que tu viens de dire.
Effectivement, Tommy, avait déballé toutes ses pensées de manière désordonnée, pris sous le coup de l'émotion, ce qui déclencha un fou rire collectif.
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