Chapitre 26

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― Tu sais ce qui lui a pris à Charlotte, me demanda Tommy.

― Non absolument pas. Elle avait l'air de plutôt d'apprécier notre petite découverte du corps humain.

― Tu devrais peut-être aller lui parler.

― Je le ferai, après manger.

Octavio nous avait préparé des tomates en entrée et une purée maison avec des steaks. La cuisine était maintenant équipée d'une cuisinière à gaz, avec une bonbonne qui nous tiendrait sûrement jusqu'à l'hiver. Pour remplacer la chaise manquante, il avait été juxtaposé deux caisses en bois consolidées par deux planches. Tommy proposa de s'installer sur ce banc de fortune, mais Edwina l'avait devancée, pour être à côté de son partenaire de jeu. Toute la petite troupe s'attabla, mais le visage de Charlotte restait fermé.

― Alors vous en êtes où pour le puits ? demanda Edwina.

― Et bien, il est terminé. Il va falloir trouver un nouveau projet, proposa Tommy.

― J'ai beaucoup réfléchi à tout ce qui arrive et si Naïa attend effectivement un bébé, nous ne pourrons pas éternellement le cacher.

― Je suis d'accord avec toi Edwina et je dirais que même notre cabane est beaucoup trop près de notre communauté. Tôt ou tard, nous allons nous faire repérer en restant ici. J'ai déjà imaginé de chercher un nouveau coin, beaucoup plus éloigné ou un simple feu de cheminée ne nous fera pas repérer.

― Mais en attendant, nous pourrions préparer notre départ, renchérit Octavio.

― Et comment ?

― Et bien, déjà, il va falloir penser à la nourriture : Légume, viande, céréale... Pour les légumes et les céréales, ce ne sera pas compliqué, mais pour la viande et le lait, ça sera plus difficile. Mais j'y ai déjà pensé. Il va falloir que je récupère des animaux, tel que lapin, coq...

― Et pour le lait, le coupa Tommy.

― Hey, laisse-moi finir. Donc, de mon côté, je récupère des mâles. Edwina, si tu veux bien, tu pourrais t'occuper des femelles. Pour le lait, c'est plus compliqué, c'est quoi déjà l'animal qui le fait.

― Il y a la vache, la brebis ou la chèvre, dit Edwina qui semblait adhérer au programme d'Octavio. Mais on consomme plus le lait de vache, qui est un animal énorme, impossible à voler. Il reste donc le lait de chèvre que l'on peut boire et avec lequel on peut aussi faire du fromage. En plus, la taille est raisonnable, enfin, j'espère.

― On pourrait donc construire des enclos pour les animaux, provisoirement et dans un même temps trouver un nouvel endroit pour une nouvelle vie, conclut Octavio.

― Et bien, nous voilà avec notre nouveau projet. Et comme vous avez fini l'aménagement de la cuisine, nous pourronst tous nous y mettre cet après-midi.

Le repas était fini, mais Charlotte n'avait toujours pas ouvert la bouche. Il était grand temps que je crève l'abcès. Mais un peu d'intimité était indispensable. D'un regard, je fis comprendre à Tommy qu'il était temps qu'il sorte avec Edwina et Octavio.

― Charlotte, je peux te parler ?

― Oui, mais les autres sont déjà partis bricoler.

― J'ai juste une petite question. Tout à l'heure, j'ai senti un malaise et je voudrais que tu m'en parles.

― Ça m'embête un peu, c'est quelque chose d'intime.

― Mais tu peux me faire confiance, Edwina et moi sommes ta famille maintenant.

― Oui, tu as raison. Je pensais que c'était de l'histoire ancienne, mais ma colère de tout à l'heure m'a prouvé le contraire.

Charlotte s'installa sur une des chaises et je pris place à côté d'elle, sentant instinctivement la nécessité de la soutenir.

― Et bien comme toi, je suis allée à la Maison de la Maternité, je ne sais pas si tu te rappelles, mais ils font une batterie de tests avant l'insémination. Quelques jours après, le verdict est tombé et j'ai dû rentrer.

― Mais quel verdict ? demandai-je.

― Je n'ai pas tout compris, mais apparemment, je ne pouvais pas mettre au monde de bébé. J'aurais voulu faire ma part pour la communauté, moi aussi, mais ils n'ont pas voulu de moi. C'est terrible, mais je me suis sentie tellement inutile. Et tout à l'heure, ta remarque a tout fait remonter.

― Tu sais ce n'était pas une partie de plaisir. Ce bébé, j'y pense depuis quelque temps, il est dans une famille et je ne sais pas ce qu'il est devenu. Alors, savoir que j'ai une deuxième chance...

― Oui, mais vous prenez tellement de risque. Peut-être devrais-tu tout arrêter et aller voir la Grande Mère.

― Pour que l'on me prenne mon bébé ? Jamais !

― Moi ce que j'en dis, c'est pour votre bien.

― Bon, Charlotte, il est temps d'aller retrouver les autres.

La réflexion de Charlotte m'avait un peu fâché et j'avais très envie de parler avec Tommy. En peu de temps, il était devenu ma famille, en quelque sorte. Et le voir déjà à l'œuvre, à notre arrivée, cherchant de quoi fabriquer des abris pour nos futurs animaux, me rassura. Je savais que par sa simple présence, je serais apaisée.

― Naïa, viens voir ce que l'on a imaginé, me dit-il. On va récupérer d'autres caisses pour faire des clapiers pour des lapins. Et puis ici on installera un grillage pour mettre des poules.

Comme je l'avais prédit, tous mes soucis s'envolèrent avec son enthousiasme et j'espérais que Charlotte, changerait d'avis après avoir passé plus de temps ici.

― Alors tu as discuté avec elle ? me demanda-t-il.

― Oui je te raconterai ça tout à l'heure.

― Et je crois qu'il est temps que l'on vous présente Fabien, notre dernier colocataire. Je me suis dit que ça serait bien pour tout le monde. Plus on est de fou plus on rit.

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