Chapitre 34
- Alors cette journée ? Vous avez pu vous reposer ? me demanda Octavio qui avait enfilé sa fonction de médecin.
- Et bien ce matin, j'ai un peu dormi à l'extérieur de ma tente, où il faisait trop chaud et cet après-midi, j'ai aidé Tommy, mais en restant assise continuellement.
- Du moment que vous n'avez pas fait d'effort, c'est très bien. Je vais vous demander de vous allonger pour vérifier que tout va bien.
Comme la fois précédente, Octavio regarda s'il subsistait des écoulements sanguins. J'étais toujours aussi surprise de ne voir en lui qu'un médecin, grâce à un simple vouvoiement.
- Très bien, dit-il, il semble que tout soit pratiquement rentré dans l'ordre. Quelques très légers saignements, mais encore plus faibles que ce matin. Donc vous pouvez reprendre une activité normale, mais pas d'efforts violents ou de longues marches. Pas question, par exemple, d'aller prendre une masse et de planter les poteaux des enclos.
- Oui Docteur, heu... Soigneur.
- Merci, je préfère, confirma-t-il. Et bien, comme tout va bien, je peux faire place à Octavio et te proposer, insista-t-il sur le t du tutoiement, de m'accompagner au repas que Charlotte et Fabien ont préparé.
- Je te suis.
Nous dirigeant vers le coin repas, nous croisâmes la chèvre et son bouc, attachés à un arbre et les caisses contenant les lapins et les poules.
- Pas trop dur le transport de tout ce petit monde, dis-je en montrant du doigt les animaux.
- Et bien les plus gros ont porté les plus petits.
- Bien vu Octavio.
- C'est Edwina qui avait tout prévu. Je ne voudrais pas récolter les lauriers de son ingéniosité.
- Et c'est tout à ton honneur.
Charlotte était particulièrement de bonne humeur et semblait même très complice avec Fabien. Ils avaient installé une grande nappe, à même le sol et des coussins colorés. Un feu entouré de pierres brûlait et dessus était posée une grille qui permettait à la cocotte en fonte et une poêle de cuire les aliments.
Fabien souleva le couvercle en fonte pour en montrer le contenu à Tommy qui semblait satisfait.
- Alors ce soir nous avons prévu un plat que j'aime beaucoup, annonça Charlotte, haricots rouges, sauce tomate, oignon, poivron et chorizo. Nous pourrons même saucer notre assiette avec notre premier pain au feu de bois. En dessert, j'ai fait une compotée de cerises sauvages, que j'ai trouvées dans la forêt.
Tout le monde applaudit à l'énoncé du repas qui allait suivre.
- Et bien comme ce soir c'est la fête, dit Octavio, je vais sortir cette bouteille de rhum arrangé que j'ai mis dans ma valise.
- C'est une excellente idée. J'ai glissé dans la mienne plein de recettes pour essayer de faire vin, bière, cidre... mais j'ai peur que les premières versions soient imbuvables.
- Tommy, lui dis-je discrètement, je ne peux pas boire d'alcool.
- Pourquoi ?
- Et bien, c'est déconseillé pour les femmes enceintes.
- Ah zut.
Tommy réfléchit et rapidement trouva une solution. Il se leva récupéra dans le garde-manger, de l'eau, un citron, alla arracher à quelques pas de là, des feuilles, puis revint.
- Sens-moi ça, me dit-il.
- Ça sent la menthe.
- Normale, c'est de la sauvage. Avec de l'eau et du citron, ça te fera une boisson un peu plus festive.
- Tu es adorable.
- N'oublie pas de la laver soigneusement, ajouta Octavio.
Quand tout le monde fût servi, chacun trinqua à notre nouvelle vie. Fabien sortit même un petit ukulélé et en joua quelques morceaux. Charlotte, qui aimait aussi beaucoup la musique, l'accompagna en chantant. Que la musique les rapproche était une très bonne chose et j'espérais même qu'elle lui fasse oublier Tommy.
Le rhum commençait à faire son effet et Charlotte se leva et se mit à danser. Elle avait toujours été à l'aise avec son corps et visiblement elle captivait l'attention des trois garçons. Le remarquant, elle commença à onduler lascivement au rythme de la musique. Fabien, qui visiblement était encore plus sous le charme que d'habitude, se mit à jouer des airs plus suaves. Elle passa derrière lui et frotta ses jambes contre son dos tout en fixant tour à tour les regards d'Octavio et de Tommy.
- Aurais-tu changé d'avis, dis-je en souriant.
- Non, mais il faut avouer que c'est hypnotique. Je crois que j'adorerais que tu fasses ça pour moi.
- Malheureusement, je n'ai pas le talent de Charlotte, pour la danse.
- Avec un peu d'entraînement, je suis sûr que tu pourrais le faire très bien.
Charlotte, qui continuait de bouger au rythme de la musique, nous fixait comme pour essayer de comprendre nos chuchotements. Elle passa maintenant de l'un à l'autre, glissant ses mains sur le buste d'Octavio et remontant dans son cou et sa nuque. Elle s'approcha si près de Tommy qu'il fût obligé de s'allonger à moitié. Elle prit la main d'Edwina et la fit danser avec elle. Elle vint se coller à elle, alors qu'elle ne quittait plus du regard Tommy. Leurs mouvements sensuels évoquaient le désir charnel et le mélange de deux corps. Pour faire monter encore l'excitation, elle lui vola même un baiser langoureux.
- Je crois que celui-là et pour toi, dis-je à Tommy.
- Peu importe, mais j'ai très envie de te caresser. Toi et uniquement toi.
Octavio se décida à rejoindre les deux filles, pour profiter de ce jeu voluptueux. On pouvait déjà voir sous son pantalon la bosse de son désir. Charlotte tendit une main vers Tommy.
- Tu peux y aller, si tu veux, lui dis-je à l'oreille.
- Je n'en ai pas envie... Vraiment !
De la tête, il refusa l'invitation, au grand désespoir de Charlotte qui se lit sur son visage. Après quelques minutes, Charlotte quitta ses deux partenaires de danse et alla chercher ce qu'elle nous avait préparé.
- Allez, c'est prêt ! Il est temps de manger, dit-elle un peu sèchement.
- Ça sent très bon, dis-je.
Mais mon compliment ne sembla pas calmer Charlotte. Tommy se leva pour aller nous servir une assiette. Arrivé près de Charlotte, elle lui posa une question à l'oreille et quand Tommy lui répondit elle me regarda avec un regard mauvais.
- Qu'est-ce que vous vous êtes dit à l'instant ?
- Elle voulait savoir pourquoi je n'avais pas voulu jouer avec eux ?
- Et qu'as-tu répondu ?
- Que je ne voulais pas te laisser seule et te faire de la peine.
- Pourquoi tu ne lui as pas simplement dit que tu n'en avais pas envie.
- Oui, j'aurais peut-être dû, mais je n'avais pas trop le courage de lui dire qu'elle ne me plaît pas.
- Maintenant elle va penser que c'est de ma faute.
- Mais non, ne t'inquiète pas ça va finir par lui passer. Et puis s'il y a une prochaine fois je serai plus clair.
- Oui ça serait bien.
- Bon et sinon, que penses-tu de ce premier repas chaud et du pain ?
- Et bien plutôt pas mal pour une première et je ne doute pas que nous allons améliorer la recette au fil des temps.
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