Chapitre 51
- Naïa ? Naïa réveille-toi ma chérie.
Impossible d'émerger, j'étais épuisée, j'avais besoin de dormir et Tommy continuait de m'appeler pour me réveiller, pour faire, je ne sais quelle tâche.
- Laisse-moi encore un peu dormir, baragouinai-je.
Il embrassa longuement mon front et sorti de la pièce. Mais à peine dix minutes après, il revint avec Octavio.
- Naïa, il faut te réveiller, dit Octavio d'un ton inquiet.
- Pas envie. Répondis-je au milieu d'autres mots parfaitement inaudibles.
- Je ne vous demande pas votre avis, dit-il alors qu'il posait sa main sur mon front.
Difficilement, j'ouvrais les yeux et comprenais que ma fatigue était anormale. Essayant de me tourner vers Octavio, je sentis une raideur dans l'ensemble de mes muscles, comme si j'eu fait un marathon la veille.
- Naïa, tu es bouillante, ma chérie. De toute évidence, tu es malade. Il va falloir trouver ce que tu as.
Octavio, contentieusement, m’auscultât, écoutant mes poumons, regardant dans le fond de ma gorge, palpant coût, nuque, ventre.
- Naïa, je pense que vous avez une bonne grippe. Vous avez de la chance, avant notre départ, j'ai acheté quelques médicaments indispensables. Je vais donc vous donner du Paracétamol, pour faire baisser la fièvre. Je vais aussi préparer de la tisane à base de thym, romarin et origan. Une autre gingembre et miel et un peu d'eucalyptus si vous avez du mal à respirer. Ça ne sera peut-être pas aussi efficace que ce qu'on prescrit dans nos communautés, mais normalement avec beaucoup de sommeil une alimentation légère, tout devrait rentrer dans l'ordre.
- Et je vais te chouchouter, ma chérie, dis Tommy, qui semblait un peu inquiet.
- Tu peux la chouchouter, mais prends un peu tes distances quand même. Tu laves bien tes mains, tu évites les bisous et les câlins, tu aères la pièce de temps en temps. Je n'ai pas besoin d'un deuxième malade.
- Mais si c'est contagieux, qui aurait pu contaminer Naïa ?
- C'est une bonne question, c'est effectivement étrange, nous ne sommes en contact avec personne.
- Les animaux peuvent-ils nous transmettre des maladies ? demanda Tommy.
- Je crois, mais je ne suis pas un spécialiste, je vais chercher un peu dans mes livres, pour comprendre. En attendant, respecte scrupuleusement les gestes que je t'ai demandés.
- Bien docteur.
- Soigneur ! Je préfère, je suis loin d'avoir les diplômes nécessaires pour un tel titre.
- Bien Soigneur.
- En attendant, Naïa, rendormez-vous.
Mais je n'avais pas besoin des ordres d'Octavio pour cela, alors que mon esprit embrumé repartait déjà dans ses songes.
Réveillé par la douce voix de Tommy et des frissons incontrôlables, je pris l'unique cachet, relique de notre ancienne communauté. Comment ferions-nous quand ceux-ci viendraient à manquer ? Pourrions-nous nous soigner convenablement. Mais déjà, le sommeil s'emparait de nouveau de moi.
Alternant entre sommeil et prise de tisane ou de bouillon de légumes, les heures et même les jours passaient. Mon état était stable, mais je sentais une immense fatigue s'emparer de moi comme si le sommeil n'avait aucun effet sur elle.
Octavio avait fini par supposer que j'avais plutôt attrapé la brucellose, lors de mes nombreux relevés de collets. Nous avions convenu, qu'il me faudrait redoubler de vigilance et me laver soigneusement les mains, à chacune de mes promenades. Il est vrai que je ne faisais pas très attention, passant parfois mes mains simplement à l'eau, alors que j'avais manipulé des petits gibiers. J'avais déjà arrêté de manger sur ma route les baies que je trouvais, quand celle-ci était à hauteur de jets d'urine de renard. Octavio, lors d'une de nos excursions m'avait fait la morale, m'expliquant les risques de l'Échinococcose, alors que j'avais trouvé et mangé des mûrs à parfaite maturité.
Il nous fallait changer nos habitudes de citadin, car la maladie était un risque que nous ne pouvions plus prendre si nous voulions rester à Liberta.
Au matin du troisième jour, ma température avait baissé et je me sentais beaucoup mieux, bien qu'encore un peu faible. Tommy dormait encore à côté de moi et je ne voulais pas le réveiller, alors que ma vessie me suppliait de la soulager. Ces derniers jours, il m'avait accompagné à chaque fois, que j'en avais eu besoin. Parfois même, j'avais utilisé un pot de chambre, quand la pluie ne me permettait pas de sortir. Je pris donc la décision de me débrouiller seule. J'allais mieux et Tommy avait aussi besoin de sommeil. Un pied sur le sol puis deux, je me levais doucement, quand je sentis après trois pas, un vertige s'emparer de moi. Le lit semblait loin et à chaque fois que je voulais faire un pas dans sa direction mes jambes refusaient de m'obéir. La pièce se mit à tourner autour de moi, alors qu'un épais brouillard envahissait ma vue. Quand mon corps tout entier m'échappa, je fus rattrapé in extrémis par Tommy.
- Qu'est-ce qui te prends de te lever comme ça ?
Mais les mots qui sortaient de ma bouche restaient incompréhensibles, alors qu'il me rallongeait dans le lit. Après quelques minutes, la lucidité revenait ainsi que mon envie pressante.
- Tommy ?
- Oui ma chérie. Ça va mieux ?
- Oui.
- Qu'est-ce qui t'a pris ?
- J'ai très envie de pipi.
- Et tu ne pouvais pas me demander de t'aider ?
- Et bien, il me semblait que j'allais mieux. Je vais mieux. Non vraiment, je vais mieux.
- Oui, mais tu n'as pratiquement rien mangé depuis trois jours, dit-il alors qu'il allait chercher le pot de chambre et qu'il m'aidait à me lever.
- Je ne voulais pas t'embêter.
- Donc, en échange, tu as préféré me faire une belle peur. Et imagine que je ne t'aie pas entendu et que tu sois tombée par terre ou pire que ta tête ait heurtée le bord du lit ?
- Oui, c'était idiot, j'ai surestimé mes forces.
- Bon, rallonge-toi, je vais vider le pot de chambre, préparé un chocolat chaud et des tartines. La fièvre à l'air d'être tombée, je pense que tu peux prendre quelque chose de plus consistant qu'un bouillon de légumes ou une tisane.
- En tout cas, j'ai une faim de loup.
- Tu vois, c'est un très bon signe. Et comme on dit : quand l’appétit va tout va !
Après quelques dizaines de minutes Tommy revint avec un bol fumant, posé dans une assiette, avec de belles tranches de pain beurrées sur lequel brillait du miel doré. Déposant mon petit-déjeuner sur le bureau de la pièce, il m'aida ensuite à me lever pour m'y installer. La pièce était encore fraîche et un petit frisson me parcourut le corps. Tommy mit, un plaide sur mes épaules et ralluma le feu dans la cheminée.
- Tu ne déjeunes pas avec moi ?
- Si bien sûr, mais je n'avais pas assez de place dans mes mains. Je crois que mon prochain bricolage sera un plateau pour les petits-déjeuners au lit. Commence sans moi, je reviens vite, tout est déjà prêt à Alana.
Sitôt dit sitôt fait, Tommy était à côté de moi et partageait le repas.
- Alors raconte-moi un peu ce qui s'est passé ses trois derniers jours.
Annotations
Versions