Chapitre 57

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La veille au soir, alors que nous finissions le repas du 5 janvier, j'avais ressenti une forte douleur dans le ventre. Immédiatement, j'avais été emmené dans mon lit par Tommy et Octavio. Mais après quelques minutes, les douleurs avaient disparu. Octavio m'avait ausculté, pour vérifier que tout allait bien.

Le terme était théoriquement pour dans deux jours. Il était donc possible que le bébé arrive n'importe quand. Pour protéger le lit, Tommy avait mis sous les draps des serviettes pour protéger le matelas. J'étais à la fois impatiente et angoissée. Lors de mon premier accouchement, tout s'était très bien passé. Mais j'avais eu le droit à une péridurale. Cette fois-ci, pas de moyen d'échapper à la douleur. Serait-elle supportable, ou au contraire une vraie torture. En réalité, je n'en avais pas la moindre idée. Dans ma communauté, nous n'étions pas préparés à cela.

En attendant, Octavio ne m'avait pas interdit de marcher ni de continuer les quelques activités que j'avais faites ces derniers jours. Mais j'avoue que j'étais épuisée et peu courageuse. J'en profitais tout de même pour noter, dans mon journal de bord, le récit de ces journées de fête.

Après trois jours, toujours rien, mais le bébé bougeait toujours. Octavio venait me visiter quotidiennement. Il profitait de ce moment pour échanger avec moi sur mes peurs et mes doutes. C'était difficile de les formuler, car je n'avais aucune référence et c'est sûrement ce qui m'angoissait le plus. Pour nourrir le bébé, nous avions acheté quelques boites de lait en poudre et des biberons, mais serait-ce adapté ? Pour les fesses du bébé, pas question d'utiliser des couches jetables. Nous avions investi dans des langes en tissus qu'il nous faudrait laver.

Tommy était au petit soin avec moi et m'apportait même mon petit-déjeuner au lit, ce qui faisait râler Octavio, qui aurait voulu que je me lève un peu.

- Tu crois qu'il va venir demain ? me demanda Tommy.

- J'espère vraiment, car la lassitude l'emporte sur la peur maintenant.

- Ne t'inquiète pas ma chérie tout est prêt. Octavio m'a dit exactement tout ce qu'il fallait faire. J'ai même installé une petite table dans sa chambre pour faire ses premiers soins.

- Comment ça, je ne vais pas l'avoir avec moi tout de suite ?

- Si bien sûr, mais il va falloir aussi l'habiller et peut-être le nettoyer.

- C'est vrai, je ne me suis pas posé la question. Comment va-t-il être à la sortie. La première fois, je n'ai pas eu le droit de le voir. Ils l'ont tout de suite pris.

- Tu y penses parfois ?

- Ça m'arrive. Et parfois, je l'imagine en rêve.

- Mais là, il restera avec nous, pour toujours.

- Oh, je crois que je viens de me faire pipi dessus.

- Comment ça ?

- Et bien, je suis trempée.

Tommy souleva les couvertures et découvrit l'auréole sous mes fesses.

- Étonnant ça ne sent pas l'urine.

Quand tout à coup une violente crampe s'empara de moi.

- Ça coule encore, dit Tommy éberlué.

- Va chercher Octavio, dis-je la voix nouée, je crois que c'est le moment.

Cinq minutes après, Tommy était de retour avec Octavio.

- Naïa, montre-moi... dit Octavio plus stressé qu'à l'accoutumée.

Mais il prit une grande inspiration et reprit :

- Naïa, montrez-moi ce qui se passe.

- Et bien, je suis trempée, comme si je m'étais uriné dessus.

- Ça doit être le liquide amniotique. Je l'ai lu dans les livres qu'Edwina a réussi à voler à la bibliothèque. Le bébé est dans une poche qui en est remplie. Bon Tommy, tu sais ce que tu as à faire.

- Oui.

Il installa une marmite en fonte sur la cheminée, pour faire bouillir de l'eau et pris des serviettes sur l'étagère. Il apporta aussi une bassine et du savon à Octavio pour qu'il se lave les mains.

- Bon ça peut prendre beaucoup de temps. Il va falloir que l'on travaille en équipe : mes connaissances et votre instinct.

- J'espère que mon instinct ne va pas être trop défaillant.

- Aie confiance en toi, me dit Tommy en prenant place à côté de moi.

De nouveau une violente douleur me transperça. Mon visage se déforma et ma main broya celle de Tommy.

- Ça va ma chérie ?

- Tu as l'impression que ça va, hurlai-je.

Je sentis le malaise s'emparer de Tommy, qui venait subir de plein fouet ma douleur.

- Voulez-vous que j'aille chercher Charlotte ? J'ai souvenir qu'elle travaillait dans un institut du bien-être. Elle pourrait peut-être vous aider à gérer les contractions.

- Pourquoi pas, répondis-je, en essayant de maîtriser mon ton désagréable difficilement.

Tommy, qui devait digérer mon énervement, choisit d'aller chercher mon amie.

- Tu as besoin de moi, dit Charlotte en arrivant dans ma chambre.

- Oui, je suis prête à tout pour avoir moins mal.

Charlotte, commença simplement par me masser les pieds et me parler doucement. Me demandant d'écouter sa voix et de me concentrer sur ma respiration.

- Écoute Naïa, la douleur va revenir et il ne va pas falloir bloquer ta respiration. Au contraire, oxygène ton esprit, nourris l'apaisement qui sera ton meilleur ami aujourd'hui. Relâche tes épaules, relâche ton ventre, relâche tes mains, relâche tes cervicales.

Petit à petit, la colère se dissipait et la douleur semblait plus supportable, même quand la vague de souffrance s'empara de nouveau de moi.

- C'est ça Naïa, inspire profondément, ne la laisse pas gagner.

J'avais eu la force, de résister et en même temps un petit remords faisait son apparition. Le pauvre Tommy, n'avait pas mérité mon énervement.

- Dit moi Charlotte, je veux bien que tu restes encore avec moi, mais pourras-tu, après aller voir Tommy et lui dire que je suis désolée et que j'ai besoin de lui.

- Pas de problème, avec plaisir.

Quand enfin Tommy revenu, il avait une petite bouille d'enfant qui aurait fait une bêtise.

- Tu me pardonnes Tommy ?

- Bien sûr, j'ai eu mal au cœur, mais je pense que ce n'est rien par rapport à la tienne.

- Oui, mais tu ne méritais pas mon énervement et je sais que nous devons partager ce moment ensemble.

Le travail avançait lentement, je continuais à me concentrer sur ma respiration et difficilement, je m'assoupissais presque entre deux contractions. Octavio nous avait demandé de venir le chercher quand celles-ci seraient rapprochées de cinq minutes ou si j'avais la moindre inquiétude.

Alors qu'il faisait nuit depuis plusieurs heures, Octavio vint une nouvelle fois me visiter.

- Alors Naïa, comment allez-vous ?

- La douleur est de plus en plus difficile à supporter et les contractions se rapprochent vraiment beaucoup.

- Effectivement, je pense que le bébé ne devrait plus trop tarder, maintenant, dit Octavio en m'auscultant. Donc plus question que je vous laisse.

J'étais un peu gêné, car je sentais une forte envie d'aller à la selle, mais je ne savais vraiment pas comment leur demander. Mais cette pulsion était plus forte que mes hontes et je dus leur dire.

- Naïa, je pense que c'est juste le bon moment. Cette envie de pousser est naturelle et instinctive. Alors on va s'installer, pour l'accouchement. Dans quelques minutes vous serez Papa et Maman.

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