- Naïa, réveille-toi... Naïa, chuchotait une voix à mon oreille.

Rêvai-je ou non ? J'avais du mal à savoir si la voix venait de ma tête ou non.

- Naïa recommença-t-elle, il faut vraiment que tu te lèves, c'est urgent.

- Qu'est-ce qui...

- Chut, parle moins fort, me dit Andréa, alors que nous étions en plein milieu de la nuit. Passe plutôt ces vêtements, m'ordonna-t-elle.

Voyant mon air hébété, elle choisit de m'expliquer que nous partions, maintenant. Mais qu'elle prendrait le temps de tout préciser, plus tard. Dans la pénombre Tommy, lui aussi était éveillé et passait de cellule en cellule pour récupérer mes amis.

- Je te laisse, je vais libérer Octavio et Edwina au fond du couloir. Peux-tu t'occuper D'Edmara. Et surtout, chut !

Je levais un simple pouce, pour lui montrer que la consigne était claire. Mais Edmara, ne serait pas en mesure de comprendre cette notion de silence. Il me fallait donc éviter de la réveiller. Je l'enveloppais dans la petite couverture de son lit et la serait tout contre moi, doucement, en croisant les doigts mentalement.

En sortant de ma cellule, je vis Tommy juste devant moi. J'avais l'impression de ne pas l'avoir touché depuis un siècle. Il me fit un simple baiser et me prit par l'épaule pour me faire avancer dans le couloir. Nos amis nous suivaient tous et Andréa fermait la marche.

En passant la première, un militaire armé et cagoulé nous fit signe de le suivre. J’eus un moment d'hésitation, mais Andréa me rassura en levant son pouce. De nuit, les couloirs semblaient si différents, des dernières fois que je les avais traversés. Seule, je m'y serais sûrement perdue. À chaque porte ouverte, l'homme vérifiait la présence éventuelle de gardien, avant de nous faire passer.

Mon cœur battait à tout rompre, essoufflé par la peur et la course.

- Stop, nous fit signe le garde devant la porte suivante. Chut, je vois quelqu'un, disaient ses mains.

Il entra dans la pièce, l'arme au poing et neutralisa le garde, assis au bureau. Andréa nous poussa pour nous faire comprendre qu'il fallait continuer. Les couloirs s'enchaînaient devant moi.

- À Droite, nous fit Andréa.

Mais là, devant moi, je m'arrêtais net. Madame Arca, armée, barrait le passage. Mon dieu, tous mes espoirs se brisaient en mille morceaux. Comment arriverions-nous à neutraliser cette femme entraînée et déterminée.

Peut-être qu'Andréa peu...

Mais derrière elle, cinq autres hommes armés la rejoignirent.

Non !!!

- Naïa, avance, me dit Andréa.

- Mais regarde, nous ne passerons jamais.

- Non, c'est bon, ils sont avec nous. On vous racontera tout dans le van. Maintenant, avance ! insista-t-elle.

J'étais complètement perdue et n'arrivais pas à assembler les pièces du puzzle dans ma tête. Pouvions-nous vraiment faire confiance à Madame Arca ? N'était-ce pas un piège pour nous faire disparaitre. Seul mon instinct pouvait me guider à cet instant. Deux choix s'ouvraient à moi : les suivre et avoir l'espoir de nous échapper ou rester et attendre l'inéluctable mort.

Il faut savoir prendre des risques dans la vie !

En passant la dernière porte, je vis plusieurs gardes bâillonnés et ficelés comme des saucissons. Madame Arca, nous fit signe de nous presser. Il nous restait à traverser une cour entourée de miradors. Un balai de lumière traversait l'espace qui nous séparait de la liberté. Chacun de nous, était accompagné d'un militaire. Il nous faudrait éviter soigneusement de passer dans le champ de vision des projecteurs. Tout semblait organisé au millimètre près, dans le calme et sans un coup de fusil.

Pour commencer, Andréa, qui me connaissait bien, me prit sous son aile. Avançant au rythme des lumières, j'obéissais au moindre de ses gestes.

Enfin, j'étais devant le portail de sortie. Rejoint un à un par mes amis. Il ne restait plus que Tommy, qui avait voulu fermer la marche, pour s'assurer que nous étions tous en sécurité. Mais le projecteur dévia de sa course lente, pour venir sur les deux silhouettes en mouvement. Un tir retentit, en haut du mirador, suivi de la réplique du militaire qui accompagnait mon aimé.

Madame Arca ouvrit le portail et nous demanda de rapidement évacuer les lieux, alors que l'alarme raisonnait dans tout le bâtiment. Edmara se mit à hurler, paniquée par le bruit et les mouvements de ma course.

Au-dehors, nous attendaient trois véhicules noirs, tous feux éteints, mais prêts à partir.

- Naïa, montez, m'ordonna Madame Arca.

- Mais Tommy.

- Plus tard, pensez à votre fille.

Je sautais à l'arrière du van, suivi de Charlotte, Fabien, Andréa et Madame Arca.

- Attachez vos ceintures, ordonna le conducteur, en partant en trombe.

- Mais Tommy, dites-moi si Tommy va bien.

- Naïa calmez-vous et rassurez votre fille. Je m'occupe de tout.

Mon sein calma Edmara qui se mit à téter comme si elle n'avait pas bu depuis des jours.

- Ça va aller ma chérie, tout va rentrer dans l'ordre. Papa nous suit, dis-je en essayant de me rassurer moi-même.

- Tout le monde et sain et sauf, demanda Madame Arca dans son Talkie-walkie.

- Nous avons Octavio et Edwina, confirma une voix masculine.

- Qui est avec Tommy ? demanda Madame Arca.

Mais pas de réponse.

- Répondez ! Qui est avec Tommy ? insista-t-elle.