Aves
Un arbre. Une branche. Deux oiseaux. Un après-midi d'été.
"Tu sais qu'on descend des dinosaures ? Lança un merle noir à un grand corbeau.
- Les quoi ? S'interrogea le second, encore à moitié endormi.
- Les dinosaures, tu sais, les gros lézards disparus il y a des millions d'années, précisa le premier.
- Ah... Et qu'est-ce qui te fait dire ça ? Demanda le corbeau en se lissant les plumes.
- J'ai entendu deux jeunes en parler dans le parc. Paraît qu'on est les descendants directs des dinosaures à plumes, les derniers survivants en version miniature, la classe en somme ! Termina le merle, fier d'avoir des ascendants aussi célèbres.
Le corbeau finit sa toilette et réfléchit.
- Et comme les dinosaures, nous somme en voie d'extinction. S'ils ont disparu, je ne vois pas ce qui nous permettra de survivre mieux qu'ils auraient pu le faire. Nous vivons de plus en plus au dépend des humains, notre habitat se réduit, nous vivons dans les forêts de béton, affirma le corvidé.
- Quand ils ne s'amusent pas à nous tirer dessus, continua le passereau au bec jaune.
- Toi encore, tu es une espèce protégée. Mes confrères et moi somme haïs, on nous vole littérallement dans les plumes, avec des excuses ahurissantes comme quoi nous faisons trop de bruits, que nous apportons la malchance, que notre chant n'est pas mélodique, s'attrista le corbeau.
- Les merles noirs sont considérés comme une espèce invasive, je te le rappelle. Nous avons beau être protégés, ça ne change pas grand chose pour nous, se défendit le merle.
- Nous devons faire quelque chose ! Nous faire entendre ! Sortir du bois ! S'enflamma le corvidé dans un croassement sonore.
- C'est clair, il faut s'organiser ! Déféquer sur les gens ! Leur montrer notre dégoût de leur société, de leur espèce, s'emporta le merle dans un cri mélodieux.
- Encore faudrait-il sortir de cette cage, leur lança une perruche à collier.
Cette dernière virevolta, récupéra une graine de tournesol à terre et vint se poser à côté d'eux.
- L'homme qui nous a parqué ici pour nous collectionner se croit tout permis, nous devons organiser un plan, lâcha l'oiseau aux plumes vert fluo pendant que les restes de son repas improvisé tombaient au sol.
- Au fait, vous savez comment nous sommes tous arrivés ici ? Demanda soudain le corbeau.
- Pas la moindre idée, répondit la perruche en frottant son bec sur la branche.
- Je ne me rappelle pas non plus, confirma le merle."
Un après-midi d'été. Trois oiseaux. Une branche. Un arbre. Une volière. Un parc. Un écriteau : "Centre régional de sauvegarde de la faune sauvage - Oiseaux en détresse"
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