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« Laisse tomber, tu n’arrives pas à mon niveau !
- Je t’assure que si !
- Prouve-le !
- Tu sais très bien que je ne peux pas maintenant !
- Alors tu admets ta défaite !
- Non !
- Si !
- Très bien, je te défie en duel ! »
Avec un soupir amusé, le plus âgé se leva et tous deux s’écartèrent de l’engawa. Assis près d’un pilier, Okita les regarda se mettre en garde avec un sourire.
« Hajime-kun, l’appela-t-il, selon toi qui va gagner ? »
L’autre jeune homme, debout à côté de lui, mit un temps avant de répondre.
« Shinpachi.
- Je suis tout à fait d’accord. Dommage que Sano soit en patrouille, il manque quelque chose. Enfin, comme d’habitude, notre cher Heisuke va regretter son impulsivité. »
Les combattants engagèrent le duel. Ils utilisaient leur katana, n’ayant pas voulu prendre de bokken. Leurs mouvements étaient puissants et brutaux, cependant l’aîné prenait visiblement moins cet affrontement au sérieux. Sûr de sa victoire il jouait avec son adversaire, qui ne s’en apercevait même pas.
« Saitō-san, Okita-san, que se passe-t-il ? »
Tous deux reportèrent leur attention sur la nouvelle arrivante. Un plateau de thé à la main, elle les regardait d’un air interrogatif et une lueur inquiète dansait au fond de ses grands yeux noisette.
« Ah, Yukimura. » commença le premier.
Il parut hésiter à parler, mais garda le silence. Son ami le considéra d’un air malicieux avant de prendre le relais :
« Heisuke a affirmé qu’il tenait mieux l’alcool que Shinpachi, et comme il manque d’argent pour l’accompagner à Shimabara et le lui prouver, ils ont décidé de régler la question par un duel.
- J’espère qu’aucun d’eux ne sera blessé !
- Ne t’en fais pas, ils n’ont pas le sang chaud au point de s’entretuer pour de l’alcool. Enfin, je crois. » plaisanta-t-il.
La jeune fille parut encore plus soucieuse, ce qu’il constata avec une pointe d’amusement. Elle regarda les bretteurs infatigables comme si elle guettait le moment où l’irréparable se produirait.
« Yukimura, demanda Saitō, vous apportez son thé au vice-commandant ? »
Son camarade lui lança un regard entendu qu’il ignora.
Belle diversion, Hajime-kun !
« Oui, répondit-elle, j’ai pensé que ça lui ferait du bien avec tout son travail.
- Il a de la chance, la taquina Okita, qu’une si jolie demoiselle prenne soin de lui ainsi.
- Oh, eh bien…
- Cependant, poursuivit-il, je ne vois pas de douceurs pour accompagner son matcha. Dommage, j’en aurai bien intercepté une partie. »
Elle rougit, encore plus embarrassée. Remarquant le regard réprobateur de son ami, il ajouta :
« Quoique, jamais je n’oserai voler quoi que ce soit entre les mains d’une jeune fille. »
Un coup de vent balaya les feuilles mortes dans la cour. Okita fut pris d’une quinte de toux qui lui laissa à peine le temps de sortir un mouchoir.
« Souji ! s’alarma Saitō. Ça va ? »
Le duel s’acheva à cet instant par la chute bruyante d’un katana. L’attention des deux autres fut détournée et il en profita pour faire disparaître le tissu ensanglanté dans sa manche.
« Ah ! protesta Heisuke. Ce n’est pas juste ! Tu gagnes tout le temps, Shinpachi ! »
Il ramassa son arme et la remit au fourreau tandis que son camarade rengainait avec un sourire.
« C’est parce que je suis plus expérimenté. » dit ce dernier.
Il lui ébouriffa les cheveux en ajoutant :
« Le petit frère du Shinsengumi a encore des choses à apprendre !
- Arrête ! »
Heisuke repoussa sa main d’un geste vif. Son aîné rit et se tourna vers les autres.
« Tiens, Chizuru, tu as assisté au duel ?
- Oui, c’était impressionnant !
- Tu as fait du thé ? remarqua Heisuke.
- Ah ! J’ai failli oublier de l’apporter à Hijikata-san ! Je vais m’en occuper avant qu’il ne soit froid, et après je vous en préparerai aussi. »
Elle partit à pas rapides, pour revenir quelques minutes plus tard avec un autre plateau. Elle le posa près des capitaines qui s’étaient tous installés au bord de l’engawa puis s’assit à côté d’eux. Chacun prit une tasse et Okita s’empara du bol de konpeitō.
« Tu comptes partager ? s’enquit Shinpachi d’un ton faussement détaché.
- À voir, j’en ai officiellement pris possession ! Mais je pourrais peut-être vous en laisser un par personne.
- Dans tes rêves !
- On règle ça par un duel ? »
Tous partirent d’un éclat de rire qui résonna sous le ciel automnal.
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