« Allez, Chouchou, on va se coucher ! Arrête ta gymnastique ! Non, non, non, on ne fait pas de tractions sur le bord de la table !
—C'est quand qui vient papa ?
—Soli, tu le demandes tous les mardis, il s'entraine pour les Trails...
—Y fait ses musques !
—Oui, c'est ça.
—Moi aussi je serai musquée ! C'est pour ça je cours, je cours, je cours, tout vite !
—Ouiouioui, mais ce n'est pas l'heure de courrir ! Arrrêttteees !
—Hihihii ! Lâchemoinononnonpasd'attaquebisous...
—Tu seras forte comme papa. Bon ! Stop ! Ne saute pas partout, tu vas finir par avoir les jambes plus longues que celle d'une sauterelle. Allez, ça suffit au lit ! »

*

 « C'est l'heure de l'histoire dans le noir... Dis-moi Soli, tu veux une histoire de quoi ?
—De toxinelle !
—De coccinelle, je vais regarder dans ma tête si je te trouve ça... "Il était une fois dans notre jardin, une famille de coccinelles. Elles avaient besoin de retourner au logis pour se cacher pendant l'hiver. À l'horizon, le ciel gonflait ses nuages du froid, le soleil partait en voyage et s'éloignait visiter sa cousine, comme chaque hiver. La température baissait. Tu as déjà vu les ailes des coccinelles chérie ?
—Oui, elles sont cachées..
—Oui, sous deux élytres
—Pas sous deux litres sinon qu'elle va pas respirer !
—É-ly-tres... c'est pas grâve... Les élytres sont comme un bouclier qui protège les ailes. Et bien dans cette famille de coccinelles, Coxie, la plus petite nymphosée de l'été, n'avait pas assez de muscles pour ouvrir sa carapace et s'envoler...
—Alors elle marchait...
—Oui, elle marchait et c'était difficile et dangereux. On vole plus vite qu'on ne marche et on peut plus facilement s'échapper dans les airs, que sur terre. Enfin lorsqu'on est une coccinelle...
—Elle va pas se faire manger ?
—C'es vrai que les oiseaux surveillent le ciel et le sol et que comme Coxie marche, les araignées et les petits rongeurs la menacent aussi... Il a fallu qu'elle fasse beaucoup d'efforts pour suivre sa famille. Elle était toute seule. Rapidement, elle a dû devenir autonome...
—C'est pour se cacher les autonomes ?
—Oui, pardon c'est un mot difficile, ça veut dire qu'il a fallu qu'elle apprenne à se débrouiller sans personne. Trouver à manger, se cacher, entrainer, pendant tout ce long chemin, les muscles de ses ély... du bouclier et progresser vers le sanctua... la cachette de l'hiver. Elle est arrivée bien avant Coxie, tu sais, sa famille. Mais finalement, la petite a trouvé notre maison, elle est montée le long du mur, s'est faufilée dans un trou. Mais, ouh ! Une araignée maligne avait construit sa toile à l'entrée. Coxie s'est alors retrouvée collée à la toile.
—Jeveuxpasqu'ellesefaitmanger...
—Aucun risque, Chouchou, parce que grâce à ses entrainements de tous les jours et sans s'en rendre compte, les muscles de ses -allez je dis le vrai mot du bouclier-, de ses é-ly-tres avait forci. Alors, il a suffit qu'elle les agite très fort et elle a pu s'extraire du piège de l'araignée. Maintenant elle est cachée, derrière le lambris. Elle va faire comme toi : dormir, mais sa nuit sera beaucoup plus longue : jusqu'au printemps et là je suis sûre qu'elle pourra s'envoler avec toute sa famille.
—C'est pour ça qu'y'a plein de toxinelles quand il fait chaud dans ta maison ? C'est là qu'elles dorment toutes les coccinelles ?
—Oui. voilà... Qui compte jusque dix ?
—C'est toi...
—...Dix.. Dors bien.»

 Le chant de l'été s'éloigne et les songes de ma piote, le suivent. Les coccinelles en cage, dans le lambris, par centaines, viendront hanter les rêves de mon aspirateur.

 Dormez bien, petites vies.