Chapitre 3: L'eau miraculeuse

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La matinée était déjà bien amorcée, et le soleil bien haut dans le ciel quand nos deux héros décidèrent de faire halte dans une grande clairière à l'herbe grasse au milieu de laquelle trônait une fontaine aux reflets hypnotiques.

"C'était ça ta solution ? Tu veux vraiment mourir ?

- Mais non, imbécile ! C'est juste que j'ai soif !

- Et depuis quand ça boit un pot ?

- Tu crois qu'on survit comment, en fait ? Et puis si, c'est ça la solution ! Tu n'as qu'à regarder l'écriteau...

- Quel écriteau ?"

Notre petit truc-muche contourna la fontaine, et s’aperçut effectivement qu'au centre d'un des murets de marbre qui soutenaient celle-ci, se trouvait un écriteau où il était inscrit:

"Blabeludhzojcjbububrauooopodjofh nunutituprrincjhskkshjo valalauensi. Qui est le débile qui s'est amusé à écrire ça ? se demanda Rosie.

- Hé ! Ne critique pas la langue des pots de beurre ! C'est la plus belle qui existe ! En truc-muche, ça veut dire: "Celui qui osera boire l'eau miracle aura les réponses à tout, mais perdra en échange la chose la plus chère à ses yeux..."

- Dans ce cas, c'est parti !

- Mais attends ! Tu n'as pas écouté la mise en garde ?

- Ben si, mais je trouverai bien un moyen de contourner les effets négatifs ! Bon ! Maintenant tu peux partir si tu veux, Potty.

- Non, je préfère voir ce qui va se passer.

- Comme tu veux.

Malgré les mises en garde du petit pot de beurre, Rosie s'avança lentement vers la fontaine, avant de placer ses mains en coupe sous la statuette de chérubin sculptée en son centre. Puis, elle les amena à son visage, et but, gorgée après gorgée, tout le contenu de ce récipient improvisé. Toute éberluée, notre héroïne commença à vaciller, puis tomba à même le sol, avant d'être parcourue de spasmes.

- Rosie ! hurla Potty.

Dans la tête du truc-muche, par-dessus les bruits du dehors, se faisait entendre un bruit familier... Et en même temps que ce bruit résonnait dans toutes les parties de son cerveau, un bleu océan allait et venait, peinturlurant l'intérieur de son crâne, de plus en plus loin, et à intermittences de plus en plus faibles, jusqu'à ce que tout soit recouvert par cette couleur hypnotique...

Et là, dans cette vaste étendue d'eau qui se formait alors dans son esprit, un grand cerf avec une tête de nasique apparut et lui dit:

" Bien le bonjour, téméraire aventurière ! (à lire avec une voix nasillarde)

- Qui êtes vous ? répondit le truc-muche, quelque peu chamboulé.

- Je suis le grand nasi-cerf, et je suis le protecteur de cette source ! Tu as bu l'eau miracle, alors maintenant, tu dois honorer ta part du marché ! Quelle est la chose la plus chère à tes yeux ?

- Euh... réfléchit-elle. C'est Potty le petit pot de beurre !

- Hahahahahahaha ! s'esclaffa le nasi-cerf. Si ça marchait comme ça, ce serait trop facile ! Évidemment, je peux lire dans les pensées et discerner le faux du vrai !

- Pffff...

- Mais comme tu es assez courageuse pour mentir au nasi-cerf, le plus beau et le plus intelligent de tous les animaux, ainsi que le créateur de tout ce qui est limpide et clair, et pour finir, grand gardien en chef de l'eau de la source miraculeuse, et grand maître des cristaux du temps et du gant de Thanos, je veux bien te laisser une chance infime de passer outre le sacrifice, et d'accéder à mes pouvoirs de nasi-cerf, le plus beau et le plus...

- Je t'arrête tout de suite, le coupa-t-elle, j'ai pas tout ton temps, alors grouille !

- Oh !

- P !

- Grrr ! Petite impertinente ! si tu continues comme ça, le grand nasi-cerf que je suis ne te laissera pas de chance !

- Alors, c'est quoi cette chance ? Balance !

- Bon. Je vais te poser trois petites énigmes, en espérant pour toi que tu réussiras à y répondre...

- Bien sûr que vais réussir, beuh ! dit-elle tout en lui tirant la langue.

- Tu m'as mis en rogne, je commence par la plus difficile !

- C'est débile !

- Ah oui, et pourquoi donc ?

- Parce que si je réponds bien, je répondrai forcément bien aux autres. Ça me paraît assez évident, non ?

- Tu te crois maligne ? Très bien, on commence par la plus facile ! Qu'est-ce qui est jaune et qui attend ?

- Attends... Ne me dis pas que...

- Ha ! Je t'ai posé une colle, n'est-ce pas !

- Tu as vraiment sorti cette devinette qui vaut pas un sou ? C'est Jonathan.

- Euh... effectivement. Peu importe ! Voici venir la deuxième question ! Qu'est-ce qui est rouge et qui attend ?

- Moi.

- Perdu, c'est Rougathan !

- Non. Là, en l'occurrence, c'est moi qui attend une énigme sérieuse.

- Mouais, bon... réponse acceptée. Allez, dernière question ! On ne rigole plus ! Quand la lumière ne m'éclaire plus, je me transforme en monstre informe avec six bras, deux bouches, cinquante-six dents, trois jambes et cinq bustes. Mais dès que l'on me voit sous cette apparence, on est possédé !

- ...

- ...

- Hum !

- Huhum !

- Hum huhum huhum humhumhuhum hum hum !

- HUM !

- hum...

- Alors, ta réponse ?

- C'est toi.

- Quoi-t-il ?

- C'est toi le démon !"

Sur ces mots, la bouche du nasi-cerf se tordit dans un rictus répugnant avant de tripler de volume, des canines acérées en surgissant, puis engloutit le reste du visage dans un bruit de déglutition atroce. Les pattes du monstre s'allongèrent, puis se séparèrent en neuf membres indistincts, tous plus désarticulés les uns que les autres. Un crâne repoussant apparut à la place de la tête de nasique, avec des défenses effilées comme des lames de rasoir. Le buste se sépara en cinq, les côtes dépassant des deux côtés.

Alors, la créature méphitique se dressa de toute sa hauteur, et lapant l'air environnant, elle tourna ses globes oculaires vers la petite fille, l'air affamé.

"Oui, c'est moi ! Et désormais, je vais prendre ton âme ! Ainsi, le pacte sera entièrement rempli !

- Non.

- Quoi, non ?

- Non, je ne te donnerai pas mon âme.

- Bien sûr, car c'est moi qui vais te l'arracher !

- Je pense que tu n'as pas bien compris. Mon âme je la garde, et toi, tu te casses de ma tête. D'ailleurs, je suis déjà en train de t'oublier."

Le démon regarda ses mains, et se rendit compte qu'elles devenaient de plus en plus translucides. Alors, il se mit à ressentir un sentiment qu'il n'avait jamais ressenti auparavant. Un sentiment qu'il n'arrivait pas à identifier, et qui commençait à lui tordre les boyaux. Une boule se forma dans sa gorge. Il avait la nausée, mais n'arrivait plus à bouger, paralysé. Ce sentiment, c'était la peur.

"Non, c'est impossible ! Moi, le nasi-cerf, le plus beau et le plus intelligent de tous les animaux, ainsi que le créateur de tout ce qui est limpide et clair, et pour finir, grand gardien en chef de l'eau de la source miraculeuse, et grand maître des cristaux du temps et du gant de Thanos, je...

Vaincu par cette...

Je... pas !

...impossible !

Im.p.ss...e !

- Désolé, je ne t'entends plus, j'ai oublié que tu pouvais t'exprimer décemment."

Alors, dans un dernier cri muet, le dernier petit bout de nasi-cerf disparut, dans une tornade de poussière. Rosie se réveilla, et la première chose qu'elle vit, c'était Potty abattu par le chagrin, qui s'apprêtait à boire de l'eau de la source. Alors, d'un coup elle se leva, et bondit comme une lionne sur le petit pot de beurre, avant de le faire rebondir sur sa main, l'envoyant bouler au loin. Quand Potty réussit enfin à revenir à l'endroit de son éjection, il regarda Rosie dans les yeux, avant de se jeter dans ses bras, les yeux embués de larmes.

"Popottytcfigvihzighffhhfdnnoiuiuiuoiofcu vhffryueeiekss gugugugugugugugioioiopj !!!!!!

- Euh... traduis, stp.

- Bouhouhou ! J'ai cru que tu étais mourrue !!!!!!

- Ah !!! Lâche-moi, t'es tout gluant !

- Je suis si content de te revoir saine et sauve !!!!!!

- Bon. Ouais, cool, des retrouvailles ! C'est bon ? Maintenant, il faut faire quelque chose pour cette source. Plus personne ne doit boire de cette eau maléfique, au risque de ressusciter l'esprit maléfique. Ah ! Je sais !"

Rosie ramassa une planche de bois par terre, qui se trouvait là par hasard, et la cloua par-dessus le texte gravé, avant d'y inscrire: "Popoto toutitutajiji furoijureza". Ce qui, en langue petit pot de beurre, signifiait: "Eau non potable"(j'en ai marre de ce scénario où rien n'est justifié... Comment se fait-il qu'elle ait des clous et un marteau sur elle ? Et comment elle a fait pour écrire ? Et pourquoi la planche de bois avait pile la bonne taille pour recouvrir les gravures ? Raaaaaaaah !!! Ça m'énerve !).

"Et maintenant, où allons-nous ? demanda Potty au truc-muche.

- Comment ça, où allons-nous ? Tu as toujours envie de me suivre ? Bien, qu'à cela ne tienne ! Suis-moi si tu peux ! Maintenant, je connais un super-raccourci !

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