Prologue

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Le noir. Voilà tout ce que je voyais, ou plutôt, ce que je ressentais. Les ténèbres abyssales des profondeurs. Ce lac était bien plus profond que ce que je pensais. Mon sourire se figea pour finalement disparaître. Je sentis peu à peu l'air qu'il me restait quitter mes poumons. Je sombrais dans les ténèbres de l’inconscience encore. De l'air. Il revint dans mes poumons. Inspiration, expiration. Cela me fit du bien. Les événements me revinrent par flash. Comme les pièces d'un puzzle qui se mirent à s'empiler au fur et à mesure. J'étais dans ma chambre. Puis je me suis retrouvée sur une rive au bord d'un lac. On m'a poussée à l'intérieur. Une créature avec plusieurs yeux me tirant vers le fond. D'ailleurs ce n'était peut-être pas un lac vu la profondeur, c'était étrange. Je me redressai d'un seul coup. Ma tête tourna un peu. Je crachotais à chaque respiration, un mélange d'eau vaseuse et de liquide acide.

- Vous voilà de retour parmi nous", dit un homme en rangeant une gourde dans son sac.

J'ai bien tenté de me relever et je suis retombée aussi sec. Je me sentis prise de vertige, le monde était flou, mais la brûlure dans ma gorge se calmait peu à peu. J'essayais de parler, mais seul un gargouillis inaudible franchit mes lèvres. Je profitais de ce moment de calme qui semblait temporaire pour détailler celui qui m'avait probablement sauvé la vie. Il était de carrure peu athlétique, ses cheveux verts tombaient sur son visage, cachant par la même occasion ses yeux. Il portait une besace, dont le contenu se trouvait étalé au sol. Je fermais les yeux, puis me relèvai doucement. Mes dents se mirentt à claquer sans que je puisse les arrêter. Je regardait mes vêtements. Ils étaient trempés, tout comme ceux de mon sauveur. Je me mis à frictionner mes bras, espérant apporter un peu de chaleur à mes os frigorifiés par ma balade, pas vraiment voulue, dans le lac. J'inspecta les environs. C'était étrange, je ne semblais pas être là où je m'était endormie. C'étais un lieu totalement différent. Les champs qui entouraient le lac dans lequel on m'avait poussée avaient disparus. Des arbres les avaient remplacés. Le plus important fut surtout que le jour c'est transformé en nuit. Je me suis éclaircis la voix :

"- Comment…

- Eh bien jeune fille, me coupa l'homme, je vous ai sauvée d'une mort certaine. Et vous ne vous présentez même pas ? Quelle impolitesse !"

Je le regarda légèrement choquée

"- Je….mon nom est Espoir...et merci de m'avoir sauvée. Je suppose".

Il se mit à sourire. Et étrangement son sourire semblait plus effrayant que rassurant.

"- Votre nom est assez...spécial, voire ridicule", se moqua t-il en rangeant sa besace.

Il ramassa sa besace à nouveau pleine et partit. Me laissant là, pantoise. Je cligna des yeux. Une fois. Deux fois. Trois fois. Mais où étais-je tombée ? Je ferma les yeux et me mordit la langue. Chose efficace quand je faisais un cauchemar. Je ré-ouvrit un œil pensant retrouver mon lit. Rien. Je recommençais. Toujours rien. D'habitude ça marchait. Un soupir franchit la barre de mes lèvres. Je commençais vraiment à me refroidir. Mes dents continuaient, elles, de claquer inlassablement. Mes vêtements collaient à ma peau. Le vent se leva. Ça n'allait pas m'aider. Alors j'ouvris les yeux et commença à me diriger vers la forêt. Peut être que l'homme de tout à l'heure n'était pas partit trop loin ? Et que je pouvais le rattraper.

"- Dites, vous comptez vous enrhumer ?" A dit une voix dans mon dos.

Je me retourna vivement. Quand on parlait du loup, monsieur cheveu vert était juste derrière moi. J'allais lui demander quel était cet endroit étrange, mais il me fit taire d'un geste de la main. Et m'indiquait à demi mot de le suivre. Ce que je fis docilement, je n'avais pas vraiment le choix. J'étais toujours frigorifiée. Après quelques minutes de marche ma vue se posa sur un manoir semblant assez vieux. L'homme me fit entrer à l'intérieur, et referme la lourde porte en bois derrière moi. Le lieu, plutôt sombre, s'illumina d'un coup. Un feu s'embrasa dans la cheminée. Les chandelles aussi. Je pus alors voir plus en détail les murs de briques pourpres, et l'escalier noir en colimaçon qui occupait une bonne partie du hall d'entrée. La cheminée se situant dans un coin, diffusait sa douce chaleur dans la pièce. Je continuais néanmoins de suivre mon sauveur qui se trouvait d'ailleurs déjà en haut des escaliers. Il passa par l'une des nombreuses portes de l'étage et entra dans un grand salon aux murs bleu. Il prit place sur l'un des fauteuils disposés ici et là dans la pièce, et m'invita dans un mouvement de tête à faire de même. Les minutes passèrent et un silence pesant qui s'installait entre nous : moi perdue dans mes pensée voulant des réponses, et lui ne voulant pas ouvrir la bouche. Je brisais le silence en posant la question qui me brûlait les lèvres depuis un long moment.

"- Dites moi monsieur…

- Appelez moi A, me répondit-il.

- Euh bien monsieur A", répondis-je légèrement désarçonnée." C'est pas très commun comme nom où suis-je ?"

Il ne se focalisa pas sur ma remarque et me répondit indifférent en souriant doucement, ce qui ne me rassura pas et me fit me tasser dans mon assise. Il se leva avant de répondre.

"- Jeune fille je suis ravi de vous annoncer que vous vous trouvez au pays sans nom."

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