Je monte dans le métro et jette un regard derrière moi. Personne. J'étais pourtant sûre d'avoir été suivie. La rame est bondée, je me faufille entre deux hommes qui parlent trop fort et je me place proche d'une fenêtre.
Je cherche sur le quai la personne qui m'avait prise en filature, mais je ne vois rien. Mes yeux s'égarent sur mon propre reflet sur la vitre du métro. Je paraissais dix ans de plus, les cheveux ébouriffés et des gigantesques cernes sous les yeux. J'étais las de fuir.
Le métro part. Je me sens soulagée. Enfin pendant un moment. Et si la personne avait réussi à monter par un autre moyen ? Et si elle avait un complice à l'intérieur du train ?
J'observe autour de moi, à l'affut du moindre danger. L'un des deux hommes de tout à l'heure me lance des regards, puis dit quelque chose à l'autre. Celui-ci se retourne vers moi, puis ils rigolent ensemble.
En face de moi, une petite fille assise ne me lâche pas des yeux. Elle me dévisage de haut en bas.
Ils n'oseraient pas utiliser une enfant contre moi. Mais qui étaient "Ils" ? Je ne le sais pas moi-même. Mais Ils me suivent depuis quelques jours maintenant, j'en suis persuadée.
Je ferme les yeux un court instant, pour reprendre mes esprits. Quand je les ouvre à nouveau, c'est encore pire. J'ai l'impression que tout le monde dans le métro me regarde. C'est un piège, ils sont tous complices. Je dois sortir d'ici à tout prix.
Mes jambes chancellent, mon coeur bat la chamade, je commence à transpirer. Le trajet est interminable.
A quelques mètres de moi, un homme au visage lugubre se lève. Il commence à s'approcher. Il me sourit. Et moi je me décompose. J'ai envie de pleurer.
Nous sommes presque arrivés à la station, mais l'homme se rapproche inexorablement. Sous l'oeil de tout ses complices, il prend son temps. Les secondes durent des heures.
La porte s'ouvre enfin, et me délivre de mes ravisseurs. Je cours vers la sortie et hurle à plein poumons.