1.3 – Préparations
“ La ruse as-tu employée ?
— Le sage dit qu’elle vaut mieux que la force et la rage .”
Une semaine s’était écoulée depuis l’annonce du mariage, et Isabelle devait rencontrer son fiancé, ce jour même dans l’après-midi. Sûre de son coup, elle était persuadée que cette rencontre serait inutile, mais elle l’avait demandée, alors impossible d’y échapper. Elle ne pouvait pas non plus apparaître sous son plus mauvais jour, son père ne le lui pardonnerait pas. Que faire ?
Elle n’avait pas encore parlé à celle choisie pour l’accompagner. Tant qu’elle n’aurait pas rencontré le fameux baron, elle n’accepterait pas son destin, elle retardait donc son annonce. Demain serait donc le bon moment.
Manon entra dans la chambre de la jeune femme.
— Je suis venue vous aider à vous préparer, Mademoiselle, c’est l’heure.
— Que mettrais-tu si tu étais à ma place ?
La servante se dirigea vers la grande armoire, inspecta un instant les différentes tenues et en sortit un magnifique bliaud écru, orné de dorures.
— Celui-ci peut-être, il est richement décoré, mais put-être ternirait-il votre teint ?
Elle la tint contre Isabelle, ses yeux évaluant minutieusement l'effet produit.
— Pas mal, puis en utilisant habilement votre voile de poitrine, comme ceci, je donne un peu moins d’avantage à votre silhouette.
Isabelle admira le savoir faire de sa servante… puis secoua la tête.
— Si père s’en apercevait, il t’en voudrait.
Il n’était pas question que Manon subisse l’ire du chevalier à sa place.
— Les hommes sont tellement peu au fait de ces subtilités, surtout Messire, si je puis me permettre. La seule chose qu’il serait capable de repérer serait un plat mal préparé.
Manon haussa les épaules avec un sourire en coin et ajouta :
— Je prends ce risque pour vous, Mademoiselle.
Elle posa la robe et se tourna vers Isabelle, ses joues se teintant légèrement de rose. Isabelle se trouvait totalement sous le charme. Cette petite rougeur passagère lui va tellement bien.
— Ce n’est pas parce que vous portez cela que vous serez moins belle à mes yeux.
Baissant les siens, un peu gênée, elle finit par ajouter :
— Un autre conseil, peut-être qu’en vous montrant inculte, ou maladroite, en lançant des piques comme vous savez si bien le faire, vous pourriez repousser les ardeurs de ce jeune homme.
Isabelle regarda affectueusement sa petite servante, une perle d’une grande finesse.
— Allons-y ! Je me fie à ton savoir-faire !
Lorsque qu’Isabelle fut apprêtée, les deux demoiselles se rendirent sur le chemin de ronde pour guetter discrètement l’arrivée de l’indésirable.
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