2.1 – Liberté

3 minutes de lecture

La liberté s’arrête là où commence celle du voisin

C’est pas mal quand le voisin habite loin.”

Les six femmes lancèrent leurs chevaux à une allure soutenue, mais en apportant une attention particulière à ne pas les épuiser.

— Dirigeons-nous vers le sud, proposa Ellanore. Faisons-nous repérer dans les deux ou trois villages qui seront sur notre passage. Ensuite, nous prendrons une route parallèle, mais dans l’autre sens. Nous chercherons des voies moins fréquentées. Ce soir, nous arriverons à l’Auberge des Quatre Chemins.

— Stratégie approuvée, confirma la comtesse. Nous resterons ainsi dans le massif du Jura pour aujourd’hui, demain nous atteindrons les Vosges. Isabelle, pouvez-vous nous indiquer une route où nous croiserons rapidement quelques hameaux ?

Quittant le domaine de ses parents, Isabelle les guida jusqu’à une grande voie pavée. De nombreux commerçants itinérants croisaient leur route dans un sens ou dans un autre. La route de la Bourgogne s’avérait fréquentée. En traversant des lieux habités, Ellanore beuglait à pleins poumons des chansons à boire, parfois des paillardes. Les gamins en étaient friands et cela énervait leurs parents. Quel bonheur ! On se souviendrait de leur passage : six femmes en armes, peu discrètes se rendant vers le Sud.

Après le troisième bourg, prêtant une attention particulière à laisser le moins de traces possibles, elles prirent à l’Est au travers de la forêt, jusqu’à tomber sur un embranchement partant vers le Nord. Alors, elles dissimulèrent leur équipement guerrier dans de grands sacs, puis creusèrent la distance entre elles afin que les dernières puissent se cacher dans les fourrés lors d’une rencontre fortuite avec un voyageur. Ainsi, les six femmes auraient disparu.

Hormis les chansons de la fin de matinée, on n’entendit que très peu le son de leurs voix. La progression n’était pas rapide et l’auberge forte, but de leur étape, se laissait désirer. Elles ne prirent pas de pause pour manger, elles se rattraperaient au soir. La chère serait bonne et abondante.

Alors que la nuit s’approchait, elles virent se dessiner les hauts murs épais garnis de meurtrières de l’Auberge des Quatre Chemins. Elle se trouvait installée sur une ligne de crête entourée de sylve près d’un large carrefour d’où l’on pouvait emprunter la route de Dijon, celle de Ledo Salunarius, de Besançon ou de l’Helvétie. Elles ne pouvaient pas distinguer les fenêtres cachées par les murs, mais en tendant l’oreille, elles perçurent l’ambiance joyeuse qui y régnait. Les chevaleresses savaient que la grand-salle et ses chansons ne seraient pas pour elles. Suivant leurs aînées derrière un épais rideau de végétation, les deux nouvelles découvrirent alors une poterne habilement dissimulée.

La comtesse de Montbrumeux sonna une petite cloche. Après quelques minutes de patience, la porte s’ouvrit, laissant apparaître une femme joviale, bien en chair et d’un âge moyen.

— Je ne vous attendais pas avant demain, Opale. Oh ! Je vois que votre mission a été couronnée de succès ! Entrez mesdemoiselles, fit-elle à l’intention du jeune couple. Mais je ne me suis pas présentée, Pétronille, patronne de cette auberge, grâce à la bonne dame ci-présente ! Mais n’attendez pas, venez !

Par la petite porte, les juments passaient tout juste. À l’intérieur se trouvaient des écuries, doublant probablement celles qui devaient être à la disposition des clients réguliers.

— Ne vous en faites pas mesdemoiselles, votre secret est à l’abri ici. Venez, des chambres vous attendent !

Une jeune femme vint soulager les voyageuses de leurs chevaux et l’aubergiste ouvrit une porte menant à l’intérieur de la bâtisse. Les attendait une salle suffisamment vaste pour banqueter à dix ou douze personnes. Une table de bonne taille prenait sa place devant une immense cheminée. L’âtre était froid, mais une servante, brandon en main, s’apprêtait à y remédier. En face de l’entrée, des escaliers montaient à l’étage.

— Les chambres sont entièrement isolées du reste de la maison. Vous pouvez être tranquilles. Je vous laisse vous répartir comme vous le souhaitez. Berthilde, lorsque tu auras allumé le feu, pourras-tu te faire aider pour apporter de l’eau chaude et des vêtements propres à ces dames ?

Opale indiqua une chambre à Manon et Isabelle. Les autres connaissaient les lieux et s’installèrent. La comtesse et Marie-Sophie prirent chacune une pièce différente, Adélaïde et Ellanore en choisirent une grande pour elles deux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 8 versions.

Vous aimez lire Haldur d'Hystrial ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0