3.18 – Du sang

25 minutes de lecture

Qui a gagné cette bataille ?

La mort. ”

Chaque jour, Pétronille observait les assiégeants. Ces derniers faisaient des exercices martiaux, certainement pour garder le moral, pensait-elle. Leurs postes restaient à bonne distance de l’auberge, à chaque fois que certains s’aventuraient un peu trop près, que ce soit par mégarde ou attention, les filles tiraient dessus, prenant bien garde de ne lâcher un carreau qu’avec la certitude de toucher.

Si quelque chose devait inquiéter les assiégées, ce n’était pas la nourriture, en tous cas pas pour l’instant : il y avait de quoi faire sans trop de restrictions pendant un bon mois. Non, sa préoccupation immédiate concernait les échelles que leurs ennemis commençaient à construire. Une vingtaine serait facile à repousser, mais s’ils en dressaient plus le danger commencerait à être sérieux.

Pour se prémunir de ce genre de danger, elles avaient accumulé de nombreuses pierres prêtes à être lancées sur leurs assaillants, ainsi que des perches munies de crochets à utiliser afin de repousser les échelles. Elles n’hésiteraient pas non plus à leur lancer des seaux d’excréments, ou toute autre projectile de bon goût. Chaque jour, Pétronille observait les assiégeants. Ces derniers faisaient des exercices martiaux. Certainement pour garder le moral, pensait-elle. Leurs postes restaient à bonne distance de l’auberge. À chaque fois que certains s’aventuraient un peu trop près, sciemment ou non, les filles leur tiraient dessus, prenant bien garde de ne lâcher un carreau qu’avec la certitude de toucher.

Si quelque chose devait inquiéter les assiégées, ce n’était pas la nourriture, en tous cas pas pour l’instant : il y avait de quoi faire sans trop de restrictions pendant un bon mois. Non, sa préoccupation immédiate concernait les échelles que leurs ennemis commençaient à construire. Une vingtaine serait facile à repousser, mais s’ils en dressaient plus, le danger commencerait à être sérieux.

Pour s’en prémunir, elles avaient accumulé de nombreuses pierres prêtes à être lancées sur leurs assaillants, ainsi que des perches munies de crochets afin de repousser les échelles. Elles n’hésiteraient pas non plus à leur lancer des seaux d’excréments, ou toute autre projectile de bon goût. Elles menaient de surcroît une garde constante depuis le chemin de ronde, et toutes étaient prêtes à s’y précipiter au moindre appel d’une guetteuse.

La comtesse les avait fournies en arbalètes plutôt qu’en arcs, car former un archer requérait un long apprentissage, tandis qu’utiliser de telles armes était beaucoup plus simple.

Pétronille comptait principalement sur la dégradation de l’état physique et moral ennemi. De ce qu’elle pouvait en voir, certains souffraient du froid. Avec un peu de chance, des maladies ne tarderaient pas à voir le jour. Les assiégées avaient bon espoir de l’emporter sans combattre si le capitaine ennemi ne recrutait pas de nouvelles troupes.

Ce matin-là, Pétronille faisait son inspection des alentours. Tout à coup elle se figea. La certitude que quelque chose bougeait au loin s’ancrait progressivement en elle. Se tournant en direction de Berthilde qui était de garde, la tenancière l’appela.

— Tu vois pas du mouvement par là-bas, toi ?

La serveuse chercha dans la direction indiquée par le doigt de sa patronne. Après une longue observation, ses sourcils se levèrent.

— T’as raison ! Y a des gens, mais c’est loin ! J’espère qu’ils ne vont pas grossir les rangs de ces imbéciles ! On serait mal.

— Je reste là pour voir ce que c’est. En tout cas ça vient par ici. Y a des chevaux ! Regarde toutes ces mailles qui brillent au soleil. Leur équipement est bien meilleur que celui de cette armée de fortune.

— Appelle toutes les autres, qu’elles viennent sur les remparts, prêtes à intervenir.


§


Les chevaleresses mirent pied à terre à plusieurs centaines de mètres des murs de l’auberge afin de prendre les décisions préalables au sauvetage de leurs amies.

La commandeuse prit la parole :

— Je veux connaître leur nombre, comment ils sont placés et tout ce qui pourrait être utile. Notre spécialiste du repérage et de la discrétion est sans conteste Marie-Sophie. Tu veux t’en charger ?

— J’y vais immédiatement.

— Deux ou trois autres volontaires ?

Deux chevaleresses se présentèrent dans l’instant et toutes trois se fondirent entre les arbres en direction du camp. Elles s’arrêtèrent juste avant la clairière au milieu de laquelle l’auberge se dressait. Elles en firent ensuite le tour et revinrent rapidement faire leur rapport.

— Ils y en a à peu près deux-cents, deux fois plus que nous !

Puis elles décrivirent l’armement de l’ennemi, l’encerclement de la place forte, l’état a priori légèrement dégradé des soldats. Elles avaient noté que nombre d’entre eux semblaient fatigués par le froid, le manque de confort et d’activité.

— Ils n’ont pas le moral, c’est déjà ça de gagné, reprit Opale. Ce que nous allons faire, c'est les forcer à venir ici et à tomber dans notre piège : la crête est étroite, ce qui est à notre avantage comme nous sommes moins nombreuses qu'eux. Ils peineront à nous déborder.

« Il me faut vingt bonnes arbalétrières. Votre but sera de vous approcher le plus possible du camp. À portée courte, les carreaux traversent les hauberts, visez donc ceux qui sont les plus près et les mieux protégés. Il faudra quatre salves : le quart d’entre vous tire, puis courre se réfugier à l’arrière pendant que le deuxième quart lâche un carreau, puis file à l’arrière et ainsi de suite. Continuez à les harceler si vous pouvez, sinon repliez-vous vite jusqu’ici.

Ellanore commanderait l’assaut, les volontaires se présentèrent. Manon, qui avait d’excellents résultats à l’entraînement en faisait partie, elle se vit affecter à la première ligne.

Avant qu’elle ne parte, Isabelle lui donna un rapide baiser.

— Fais attention à toi, j’ai peur de te laisser y aller sans moi.

— Ne t’inquiète pas, ça ira ! répondit-elle dans un clin d’œil.

Elle s’avança furtivement, non sans s’être retournée une dernière fois vers Isabelle. Lorsqu’elles furent en vue du camp ennemi, Ellanore leur commanda :

— Halte ! On charge nos armes. À partir de maintenant, avancez prudemment, d’arbre en arbre, écartez-vous au maximum les unes des autres, et surtout ne tirez qu’à mon commandement.

Le cœur battant pour cette aventure périlleuse, Manon se glissa derrière un tronc, vérifia que la voie était libre, puis avança. Plus elles progressaient, plus leur pas se faisaient discrets. Les soldats ennemis ne semblaient pas se douter que la mort s’approchait d’eux, et bientôt, frapperait.

Agenouillée derrière son arbre, de manière à être stable et offrir à l’adversaire le moins de visibilité possible, Manon avait trouvé sa cible. Un gars avec un dos bien large recouvert de mailles. Malgré la neige qui tombait, elle pouvait le voir très distinctement. À la distance où il était, pas besoin de calculer un dévers. Impossible à rater celui-ci. Elle se prépara à appuyer sur la détente.

Appuyer sur la détente… abattre un homme… le faire passer de la vie à trépas. En suis-je capable ?

Maintenant qu’elle l’avait au bout de son arme, elle en doutait. Apprendre à tirer ou à se battre était tellement différent que d’abattre un homme qui ne pourrait se défendre. Qu’avait-il fait pour mériter la mort ?

Et je dois le faire de sang-froid.

— Salve !

L’ordre bref et précis déconnecta son cerveau et libéra son doigt. Le carreau alla se ficher dans le dos, transperçant maille, peau et poumons. Le type s’affala de tout son long sous les yeux médusés de ses camarades.

Manon ne s’attarda pas, elle prit ses jambes à son cou. Lorsqu’elle franchit la deuxième ligne d’arbalétrières, elle entendit à nouveau l’ordre :

— Salve !

Des cordes claquèrent et des corps tombèrent, mais elle ne les vit pas, elle courrait encore. Elle se réfugia enfin derrière la quatrième ligne.

Deux autres « Salve ! » retentirent l’un après l’autre et l’on entendit une voix masculine crier :

— On se replie, vite dans les bois, par ici ! On ne va pas se faire tirer comme des lapins !

Quelques hommes s’étaient cependant laissés emporter par la colère et fonçaient en direction des chevaleresses.

— Salve !

Manon, à nouveau en première ligne, abattit sa cible. Et courut à l’arrière.

Les antagonistes s’enfuirent, écoutant leur capitaine en rejoignant le point de ralliement de l’autre côté de la clairière. Mais ce ne fut pas sans pertes, les occupantes de l’auberge les arrosaient d’une pluie de carreaux. Elles avaient compris que les secours arrivaient.

— On décroche, ordonna Ellanore. Ça ne sert plus à rien maintenant qu’ils nous ont repérées.

Les vingt arbalétrières bien essoufflées rejoignirent rapidement leurs lignes.

— Opération réussie, Opale, lui assura sa lieutenante. Un harcèlement efficace, je pense que l’on peut en compter une trentaine de moins. Ils se sont repliés, mais ils ne vont pas tarder à passer à l’attaque, j’imagine. Que faisons-nous ?

— On attend, et on peaufine notre placement. Lorsqu’ils approcheront, nous enverrons une nouvelle volée de piquants, ensuite nous les combattrons pied à pied.


§


Du côté ennemi, Conrad organisait en effet ses troupes au milieu de l’assaut. Chacun rejoignit son sergent pendant qu’on équipait le baron de son armure complète. Il avait envoyé quelques espions pour voir la position de leurs attaquants.

Sur deux, un seul revint. Il put exposer ce qu’il avait vu : des femmes en armes formant une ligne perpendiculaire à celle de la crête.

— Des femmes ? ne put s’empêcher de s’étonner le baron.

À cette mention, quelques hommes rechignèrent. Comme d’autres, ils avaient mal accepté de devoir faire le siège d’une place occupée par de pauvres dames, cette fois-ci, c’en était trop. L’un d’entre eux s’enfuit.

— Sergent occupez-vous de lui.

Un carreau vint se planter dans le dos de l’infortuné.

— Y a-t-il d’autres déserteurs potentiels ? Ou, pouvons-nous continuer ?

Il laissa s’écouler un instant, les récalcitrants rejoignirent les rangs.

— Enfin peu importe, il nous faut les chasser de là, et je ne souhaite pas attendre. La moitié des hommes passera par la droite et l’autre par la gauche, nous nous rejoignons de l’autre côté de la clairière. Et faites attention d’éviter de vous trouver à portée de trait de l’auberge. Concentrons la plupart des mercenaires sur le centre, si nous parvenons à briser leur front en plein milieu, nous pourrons les déborder et la victoire sera à nous.


§


Assise dans un arbre, une écuyère guettait le moment où l’ennemi déciderait d’attaquer, car la comtesse en était certaine, il ne pourrait pas résister à l’attente et se lancerait dans la bataille, fort des renseignements que ne manquerait pas de dévoiler l’espion qu’elles avaient volontairement laissé filer.

La comtesse de Montbrumeux avait imaginé trois scenarii. Dans le premier, ils répartiraient leurs troupes les plus aguerries sur tout le front. Dans le deuxième, ils les concentreraient sur les côtés et enfin, dans le troisième, la concentration s’effectuerait sur le milieu. Dans chaque cas elle avait prévu les places de chacune.

Les chevaleresses s’étaient placées de telle manière que quelques congères placées juste devant elles constituent un piège mortel pour l’armée opposée.

— Trois ! cria la sentinelle en descendant de son perchoir.

Chacune rejoignit la place qui lui était échue, adopta une position de tir, puis attendit. L’ennemi approchait, ralenti par la neige. Il aurait été inutile de tirer de trop loin, la forêt l’empêchait.

— Salve ! cria la commandeuse lorsque les soldats se trouvèrent assez proches.

Une quarantaine d’assaillants furent mis hors combat. Les chevaleresses ramassèrent bouclier et épées, puis attendirent leurs ennemis de pied ferme. Lorsqu’ils arrivèrent sur elles, ils accélérèrent la cadence afin de les bousculer violemment et ainsi briser le rang. Mais juste avant le contact, toutes reculèrent de trois pas, et ceux qui pensaient trouver quelque chose de dur sous leur coup tombèrent sur du vide, certains chutèrent dans des congères et reçurent gracieusement, un coup d’épée sur le casque. Leur manœuvre aboutit ainsi à un fiasco.

Le parti de l’ennemi était plus nombreux, mais celui d’Opale de Montbrumeux, mieux équipé, formé et préparé. De surcroît, elles n’avaient, pour l’instant, subi aucune perte ; leur voyage avait été moins éprouvant que deux semaines d’inactivité en attendant la fin du siège ; elles avaient choisi leur stratégie et leur terrain et elles venaient défendre leurs amies. En bref, leur moral et leur motivation étaient meilleurs.

La réalité les rappela cependant à l’ordre. En face de ces montagnes de muscles, les femmes peinaient à encaisser certains coups, parfois reculaient. La ligne de front se brisa en plusieurs endroits. Arsinoé qui combattait au côté de Viviane en fit les frais, malgré sa lutte incessante pour reformer la ligne, n’y parvenait pas.

Mais lorsqu’un type s’insinua dans la brèche, elle eut assez de vivacité pour lui assener un fort coup de taille au niveau de la ceinture et il s’écroula dans la neige. Si d’autres souhaitaient s’y glisser, ils auraient plus de difficultés à passer.

Un bloc central formé d’Opale de Montbrumeux, de ses lieutenantes et leurs écuyères, ferraillaient avec les mercenaires les plus aguerris. Derrière eux, un homme en armure rutilante hurlait des ordres.

Marie-Sophie, après avoir éventré quelques plaisantins, affrontait un gars bien équipé, deux fois plus large qu’elle, mais moins rapide. Féline comme jamais, souple sur ses appuis, elle jouait l’esquive et évitait chacun de ses coups. Si elle avait tenté d’en parer un, il aurait pu lui briser le bras. Mais n’était pas proie qui croyait, car une lionne sommeillait en elle. Le tout étant de la réveiller. Lorsqu’elle vit une faille dans la défense du géant, elle détendit d’un coup ses jambes et bondit en avant, son arme le traversa de part en part.

La malheureuse ne vit pas, au même moment, une masse d’arme, tenue par un voisin de sa victime, s’abattre sur son casque. Elle chuta, inconsciente. Théodora, ne perdant pas un instant, châtia d’un coup d’épée, celui qui avait assommé sa chevaleresse et remplaça sa supérieure dans la ligne, tenant sa place du mieux qu’elle pouvait. Elle n’avait certes pas l’expérience de Marie-Sophie, mais elle était vaillante.

Elle se retrouva, bataillant aux côtés de Fabiola. Théodora eut peur que cette dernière ne la soutienne pas. Mais les deux jeunes femmes montrèrent leur capacité à travailler efficacement en équipe, se protégeant l’une l’autre. La princesse avait beaucoup à se faire pardonner et avait décidé en son for intérieur de se racheter une conduite. Ce serait pendant cette bataille, ou jamais.

Ellanore, Adélaïde et Opale luttaient au cœur de la mêlée, flanquées d’Isabelle et Manon. Ensemble, elles avaient déjà abattu plusieurs gêneurs en cotte de maille, mais chaque fois, l’homme en armure en ponctionnait ici et là afin de conserver une force suffisante devant lui.

La grande Adélaïde frappait de toutes ses forces, brisant casques et perçant les protections. Ellanore, légère et presque dansante, évitait les coups, et les rendait derechef. Opale cognait telle une ourse : à deux mains, d’un côté, elle lançait de grands coups de bouclier : de l’autre, elle enchaînait les frappes à la masse d’armes.

Isabelle et Manon avaient décidé d’une tactique commune. Manon les protégeait de son bouclier, laissant passer Isabelle, remontée comme une horloge, qui fonçait dès qu’une opportunité se présentait à elle. Au vu des corps qui s’amoncelaient, elles étaient diablement efficaces.

Les habitantes de l’auberge n’étaient pas en reste. La place forte avait été délaissée par l’armée ennemie. Ainsi, elles eurent la liberté de sortir, emportant avec elles bandages, onguent et même deux brancards attelés à un cheval. Elles connaissaient un petit chemin en contrebas qui leur permettait d’arriver jusqu’aux chevaleresses en passant par-derrière. De là, elles prêtèrent main forte à celles qui, comme Gersande étaient venues pour porter des soins aux blessées.

À l’aide des brancards, elles pouvaient transporter au chaud les jeunes femmes les plus gravement atteintes.

Lorsque Gersande et Berthilde trouvèrent Marie-Sophie inconsciente, leur cœur à toutes deux se déchira. La jeune chevaleresse comptait énormément pour chacune, même si ce n’était pas de la même façon.

— On va te sortir de là !

Au combat, tout le monde fatiguait terriblement. Les muscles souffraient. Le souffle manquait. Grâce à leur gambesson surmonté d’un haubert, les femmes de Montbrumeux ne ressentaient que modérément les coups qu’on leur infligeait et le nombre de blessées était moindre comparé à leurs adversaires.

Au bout d’un moment, la ligne de front avait disparu pour laisser place à des îlots de combattants. Le groupe d’Arsinoé et Viviane, se retrouva à nouveau submergé et séparé du reste de la troupe : une dizaine de chevaleresses et écuyères se battaient contre un nombre quasiment double d’hommes. Elles se démenaient avec l’énergie du désespoir. La pauvre petite Vivi faisait de son mieux, mais cela ne suffisait pas. Arsinoé la défendait de toutes ses forces. Elle avait bien compris que Théodora la préférait. Pour son bonheur, elle devait protéger la jeune fille de la mort.

Enfin, quelques chevaleresses vinrent à leur secours. Leur effort finit par payer et le nombre de leurs opposants diminua. C’est alors qu’arrivant de nulle part, une force de la nature se précipita sur elles comme un fou.

— Vous avez tué mon frère, vous allez me le payer !

Il frappait dans le groupe avec une force décuplée. Voyant Viviane en danger, Arsinoé s’interposa entre eux, et planta son arme dans l’œil du forcené. Trop tard, l’arme de son adversaire venait de la traverser. Elle regarda son ventre dans lequel s’était enfoncé le morceau de métal et elle s’écroula.

— Vivi… je suis désolée !


§


Au centre de la bataille, Isabelle et Manon repérèrent un espace entre deux gardes. Derrière, se trouvait l’homme en armure complète. Si elles éliminaient leur chef, les autres seraient déstabilisés.

— À mon signal, on fonce, cria Isabelle… En avant !

Tel un taureau chargeant, elle bouscula les deux hommes qui les gênait et se retrouva face au baron, suivie de près par Manon. Surpris par celles qui lui faisait face, Conrad recula de plusieurs mètres, chancelant, avant de se reprendre et de saisir fermement son épée en mains. Les deux filles attaquèrent sans connaître son identité.

Elles frappaient fort et bien, et lui peinait à parer la moitié des attaques. Malheureusement pour elles, la cuirasse épaisse déviait les coups qu’elles assenaient. Manon cherchait le défaut de l’armure. Quand elle l’eut trouvé, elle soumit à Isabelle son idée en quelques mots. Manon se plaça devant l’homme et tenta de l’occuper. Elle fit une feinte, découvrant sa tête. Tombant dans le piège, il leva les bras pour frapper.

Isabelle, profitant de l’aubaine, planta son arme sous le bras, le seul endroit non recouvert par l‘acier. Tandis que la lame traversait son aisselle, là où ne se trouve aucun muscle, Isabelle appuyait de toutes ses forces pour la faire pénétrer plus loin, malgré l’horreur de la situation elle irait jusqu’au bout. Au plus profond de son être, elle sentit la chair se déchirer, les os craquer au passage de sa lame. Mais elle poussa et poussa encore son glaive plus loin dans le corps de l’homme.

Le tas de ferraille s’étala à terre. Isabelle ouvrit la visière et reconnut celui à qui elle avait été autrefois promise. Sans se démonter, elle se leva et hurla :

— Laissez tomber vos armes, votre employeur est mort.

Puis elle s’évanouit.Elles menaient de surcroît une garde constante depuis le chemin de ronde, et toutes étaient prêtes à s’y précipiter au moindre appel d’une guetteuse.

La comtesse les avait fournies en arbalètes plutôt qu’en arcs, car former un archer requérait un long apprentissage, tandis qu’utiliser de telles armes était beaucoup plus simple.

Pétronille comptait principalement sur la dégradation de l’état physique et moral des assaillants. De ce qu’elle pouvait en voir, certains souffraient du froid. Avec un peu de chance, des maladies ne tarderaient pas à voir le jour. Les assiégées avaient bon espoir de l’emporter sans combattre si le capitaine ennemi ne recrutait pas de nouvelles troupes.

Ce matin-là, Pétronille faisait son inspection des alentours. Tout à coup elle se figea. La certitude que quelque chose bougeait au loin, s’ancrait progressivement en elle. La tenancière appela Berthilde, alors de garde.

— Tu vois pas du mouvement par là-bas, toi ?

La serveuse chercha dans la direction indiquée par le doigt de sa patronne. Après une longue observation, ses sourcils se levèrent.

— T’as raison ! Y a des gens, mais c’est loin ! J’espère qu’ils ne vont pas grossir les rangs de ces imbéciles ! On serait mal.

— Je reste là pour voir ce que c’est. En tout cas ça vient par ici. Y a des chevaux ! Regarde toutes ces mailles qui brillent au soleil. Leur équipement est bien meilleur que celui de cette armée de fortune.

— Appelle toutes les autres, qu’elles viennent sur les remparts, prêtes à intervenir.

§

Les chevaleresses mirent pied à terre à plusieurs centaines de mètres des murs de l’auberge afin de prendre les décisions préalables au sauvetage de leurs amies.

La commandeuse prit la parole :

— Je veux connaître leur nombre, comment ils sont placés et tout ce qui pourrait être utile. Notre spécialiste du repérage et de la discrétion est sans conteste Ellanore. Tu veux t’en charger ?

— J’y vais immédiatement.

— Deux ou trois autres volontaires ?

Deux chevaleresses se présentèrent dans l’instant et toutes trois se fondirent entre les arbres en direction du camp. Elles s’arrêtèrent juste avant la clairière au milieu de laquelle l’auberge se dressait. Elles en firent ensuite le tour et revinrent rapidement faire leur rapport.

— Ils y en a à peu près deux-cents, le double de nous !

Puis elles décrivirent l’armement de l’ennemi, l’encerclement de la place forte, l’état a priori légèrement dégradé des soldats. Elle avait noté que nombre d’entre eux semblaient fatigués par le froid, le manque de confort, le manque d’activité probable.

— Ils n’ont pas le moral, c’est déjà ça de gagné, reprit Opale. Ce que nous allons faire, c'est les forcer à venir ici et à tomber dans notre piège : la crête est étroite, ce qui est à notre avantage comme nous sommes moins nombreuses qu'eux. Ils peineront à nous déborder.

« Il me faut vingt bonnes arbalétrières. Votre but sera de vous approcher le plus possible du camp. À portée courte, les carreaux traversent les hauberts, visez donc ceux qui sont les plus près et les mieux protégés. Il faudra quatre salves : le quart d’entre vous tire, puis courre se réfugier à l’arrière pendant que le deuxième quart lâche un carreau, puis file à l’arrière et ainsi de suite. Continuez à les harceler si vous pouvez, sinon repliez-vous vite jusqu’ici.

Marie-Sophie commanderait l’assaut, les volontaires se présentèrent. Manon, qui avait d’excellents résultats à l’entraînement en faisait partie, elle se vit affecter à la première ligne.

Avant qu’elle ne parte, Isabelle lui donna un rapide baiser.

— Fais attention à toi, j’ai peur de te laisser y aller sans moi.

— Ne t’inquiète pas, ça ira ! répondit-elle dans un clin d’œil.

Elle s’avança furtivement, non sans s’être retournée une dernière fois vers Isabelle. Lorsqu’elles furent en vue du camp ennemi, Marie-Sophie leur commanda :

— Halte ! On charge nos armes. À partir de maintenant, avancez prudemment, d’arbre en arbre, écartez-vous au maximum les unes des autres, et surtout ne tirez qu’à mon commandement.

Le cœur battant pour cette aventure périlleuse, Manon se glissa derrière un tronc, vérifia que la voie était libre, puis avança. Plus elles progressaient, plus leur pas se faisaient discrets. Les soldats ennemis ne semblaient pas se douter que la mort s’approchait d’eux, et bientôt, frapperait.

Agenouillée derrière son arbre, de manière à être stable et offrir à l’adversaire le moins de visibilité possible. Manon avait trouvé sa cible, un gars avec un dos bien large recouvert de mailles. Malgré la neige qui tombait, elle pouvait le voir très distinctement. À la distance où il était, pas besoin de calculer un dévers. Impossible à rater celui-ci. Elle se prépara à appuyer sur la détente.

Appuyer sur la détente… abattre un homme… le faire passer de la vie à trépas. En suis-je capable ?

Maintenant qu’elle l’avait au bout de son arme, elle en doutait. Apprendre à tirer ou à se battre était tellement différent que d’abattre un homme qui ne pourrait se défendre. Qu’avait-il fait pour mériter la mort ?

Et je dois le faire de sang-froid.

— Salve !

L’ordre bref et précis déconnecta son cerveau et libéra son doigt. Le carreau alla se ficher dans le dos, transperçant maille, peau et poumons. Le type s’affala de tout son long sous les yeux médusés de ses camarades.

Manon ne s’attarda pas, elle prit ses jambes à son cou. Lorsqu’elle franchit la deuxième ligne d’arbalétrière elle entendit à nouveau l’ordre :

— Salve !

Des cordes claquèrent et des corps tombèrent, mais elle ne les vit pas, elle courrait encore. Elle se réfugia enfin derrière la quatrième ligne d’arbalétrières.

Deux autres « Salve ! » retentirent l’un après l’autre et l’on entendit une voix d’homme crier :

— On se replie, vite dans les bois, par ici ! On ne va pas se faire tirer comme des lapins !

Quelques hommes s’étaient cependant laissé emporter par la colère et fonçaient en direction des chevaleresses.

— Salve !

Manon, à nouveau en première ligne, abattit son homme. Et courut à l’arrière.

Les antagonistes s’enfuirent, écoutant leur capitaine en rejoignant le point de ralliement de l’autre côté de la clairière. Mais ce ne fut pas sans perte, les occupantes de l’auberge les arrosaient, d’une pluie de carreaux. Elles avaient compris que les secours arrivaient.

— On décroche, cria Marie-Sophie ! Ça ne sert plus à rien maintenant qu’ils nous ont repérées.

Les vingt arbalétrières bien essoufflées rejoignirent rapidement leurs lignes.

— Opération réussie, Opale. Un harcèlement efficace, je pense que l’on peut en compter une trentaine de moins. Ils se sont repliés, mais ils vont désormais s’organiser j’imagine. Que faisons-nous ?

— On attend, et on peaufine notre placement. Lorsqu’ils approcheront, nous enverrons une nouvelle volée de piquants, ensuite nous les combattrons pied à pied.

§

Du côté ennemi, Conrad organisait en effet ses troupes au milieu de l’assaut. Chacun rejoignit son sergent pendant qu’on équipait le baron de son armure complète. Il avait envoyé quelques espions pour voir la position de leurs attaquants.

Sur deux, un seul revint. Il put exposer ce qu’il avait vu : des femmes en arme formant une ligne perpendiculaire à celle de la crête.

— Des femmes ? ne put s’empêcher de s’étonner le baron.

À cette mention quelques hommes rechignèrent, comme d’autres, ils avaient mal accepté de devoir faire le siège d’une place occupée par de pauvres dames, cette fois-ci, c’en était trop. L’un d’entre eux s’enfuit.

— Sergent occupez-vous de lui.

Un carreau vint se planter dans le dos de l’infortuné.

— Y a-t-il d’autres déserteurs potentiels ? Ou, pouvons-nous continuer ?

Il laissa s’écouler un instant, les récalcitrants rejoignirent les rangs.

— Enfin peu importe, il nous faut les chasser de là, et je ne souhaite pas attendre. La moitié des hommes, passera par la droite et l’autre par la gauche, nous nous rejoignons de l’autre côté de la clairière. Et faites attention d’éviter de vous trouver à portée de trait de l’auberge. Concentrons la plupart des mercenaires sur le centre, si nous parvenons à briser leur front en plein milieu, nous pourrons les déborder et la victoire sera à nous.

§

Assise dans un arbre, une écuyère guettait le moment où l’ennemi déciderait d’attaquer, car la comtesse en était certaine, il ne pourrait pas résister à l’attente et se lancerait dans la bataille, fort des renseignements que ne manquerait pas de dévoiler l’espion qu’elles avaient volontairement laissé filer.

La comtesse de Montbrumeux avait imaginé trois scenarii. Dans le premier ils répartiraient leurs troupes les plus aguerries sur tout le front. Dans le deuxième ils les concentreraient sur les côtés et enfin, dans le troisième, la concentration s’effectuerait sur le milieu. Dans chaque cas elle avait prévu les places de chacune.

Les chevaleresses s’étaient placées de telle manière que quelques congères placées juste devant elles constituent un piège mortel pour l’armée opposée.

— Trois ! cria la sentinelle en descendant de son perchoir.

Chacune prit la place qui lui était échue, prit une position de tir et attendit. L’ennemi approchait, ralenti par la neige. Il aurait été inutile de tirer de trop loin, la forêt l’empêchait.

— Salve ! cria la commandeuse lorsque les soldats se trouvèrent assez proches.

Une quarantaine d’assaillants furent mis hors combat. Les chevaleresses ramassèrent bouclier et épées, puis attendirent leurs ennemis de pied ferme. Lorsqu’ils arrivèrent sur elles, ils accélérèrent la cadence afin de les bousculer violemment et ainsi briser le rang. Mais juste avant le contact, toutes reculèrent de trois pas, et ceux qui pensaient trouver quelque chose de dur sous leur coup tombèrent sur du vide, certains tombèrent dans des congères et reçurent gracieusement, un coup d’épée sur le casque. Leur manœuvre aboutit ainsi à un fiasco.

Le parti de l’ennemi était plus nombreux, mais celui d’Opale de Montbrumeux, mieux équipé, formé et préparé. De surcroît, elles n’avaient, pour l’instant, subi aucunes pertes ; leur voyage avait été moins éprouvant que deux semaines d’inactivité en attendant la fin du siège ; elles avaient choisi leur stratégie et leur terrain et elles venaient défendre leurs amies. En bref, leur moral et leur motivation étaient meilleurs.

La réalité les rappela cependant à l’ordre. En face de ces montagnes de muscles, les femmes peinaient à encaisser certains coups, parfois reculaient. Ligne de front se brisa en plusieurs endroits. Arsinoé qui combattait au côté de Viviane en fit les frais, malgré sa lutte incessante pour reformer la ligne, n’y parvenait pas.

Mais lorsqu’un type s’insinua dans la brèche, elle eut assez de vivacité pour lui assener un fort coup de taille au niveau de la ceinture et il s’écroula dans la neige. Si d’autres souhaitaient s’y glisser, ils auraient plus de difficultés à passer.

Un bloc central formé d’Opale de Montbrumeux, de ses lieutenantes et leurs écuyères, ferraillaient avec les mercenaires les plus aguerris. Derrière eux, un homme en armure rutilante hurlait des ordres.

Marie-Sophie, après avoir éventré quelques plaisantins, affrontait un gars bien équipé, deux fois plus large qu’elle, mais moins rapide. Féline comme jamais, souple sur ses appuis, elle jouait l’esquive et évitait chacun de ses coups. Si elle avait tenté d’en parer un, il aurait pu lui briser le bras. Mais n’était pas proie qui croyait, car une lionne sommeillait en elle. Le tout étant de la réveiller. Lorsqu’elle vit une faille dans la défense du géant, elle détendit d’un coup ses jambes et bondit en avant, son arme le traversa de part en part.

La malheureuse ne vit pas, au même moment, une masse d’arme, tenue par un voisin de sa victime, s’abattre sur son casque. Elle chuta, inconsciente. Théodora, ne perdant pas un instant, châtia d’un coup d’épée, celui qui avait assommé sa chevaleresse et remplaça sa supérieure dans la ligne, tenant sa place du mieux qu’elle pouvait. Elle n’avait certes pas l’expérience de Marie-Sophie, mais elle était vaillante.

Elle se retrouva, bataillant aux côtés de Fabiola. Théodora eut peur que cette dernière ne la soutienne pas. Mais les deux jeunes femmes montrèrent leur capacité à travailler efficacement en équipe, se protégeant l’une l’autre. La princesse avait beaucoup à se faire pardonner et avait décidé en son for intérieur de se racheter une conduite. Ce serait pendant cette bataille, ou jamais.

Ellanore, Adélaïde et Opale luttaient au cœur de la mêlée, flanquées d’Isabelle et Manon. Ensemble, elles avaient déjà abattu plusieurs gêneurs en cotte de maille, mais chaque fois, l’homme en armure en ponctionnait ici et là afin de conserver une force suffisante devant lui.

La grande Adélaïde frappait de toutes ses forces, brisant casques et perçant les protections. Ellanore, légère et presque dansante, évitait les coups, et les rendait derechef. Opale cognait comme une ourse, à deux mains, d’un côté, elle lançait de grands coups de bouclier : de l’autre, elle enchaînait les frappes à la masse d’armes.

Isabelle et Manon avaient décidé d’une tactique commune. Manon les protégeait de son bouclier, laissant passer Isabelle, remontée comme une horloge, qui fonçait dès qu’une opportunité se présentait à elle. Soudées, elles étaient diablement efficaces.

Les habitantes de l’auberge n’étaient pas en reste. La place forte avait été délaissée par l’armée ennemie. Ainsi, elles eurent la liberté de sortir, emportant avec elles bandages, onguent et même deux brancards attelés à un cheval. Elles connaissaient un petit chemin en contrebas qui leur permettait d’arriver jusqu’aux chevaleresses en passant par-derrière. De là elles prêtèrent mains fortes à celles qui, comme Gersande étaient venues pour porter des soins aux blessées.

À l’aide des brancards, elles pouvaient transporter au chaud les jeunes femmes les plus gravement atteintes.

Lorsque Gersande et Berthilde trouvèrent Marie-Sophie inconsciente, leur cœur à toutes deux se déchira. La jeune chevaleresse comptait énormément pour chacune, même si ce n’était pas de la même façon. Gersande voyait en elle, celle qui l’avait sauvée, tant physiquement que moralement, mais pour Berthilde, elle représentait l’amour.

— On va te sortir de là !

Au combat, tout le monde fatiguait terriblement. Les muscles souffraient. Le souffle manquait. Grâce à leur gambesson surmonté d’un haubert, les habitantes de Montbrumeux ne ressentaient que modérément les coups qu’on leur infligeait et le nombre de blessées était moindre comparé à leurs adversaires.

Au bout d’un moment, la ligne de front avait disparu pour laisser place à des îlots de combattants. Le groupe d’Arsinoé et Viviane, se retrouva à nouveau submergé et séparé du reste de la troupe : une dizaine de chevaleresses et écuyères se battaient contre un nombre quasiment double d’hommes. Elles se démenaient avec l’énergie du désespoir. La pauvre petite Vivi faisait de son mieux, mais cela ne suffisait pas. Arsinoé la défendait de toutes ses forces. Elle avait bien compris que Théodora la préférait. Pour son bonheur, elle devait protéger la jeune fille de la mort.

Enfin, quelques chevaleresses vinrent à leur secours. Leur effort finit par payer et le nombre de leurs opposants diminua. C’est alors, qu’arrivant de nulle part, une force de la nature se précipita sur elles comme un fou.

— Vous avez tué mon frère, vous allez me le payer !

Il frappait dans le groupe avec une force décuplée. Voyant Viviane en danger, Arsinoé s’interposa entre eux, et planta son arme dans l’œil du forcené. Trop tard, l’arme de son adversaire venait de la traverser. Elle regarda son ventre dans lequel s’était enfoncé le morceau de métal et elle s’écroula.

— Vivi… je suis désolée !

§

Au centre de la bataille, Isabelle et Manon repérèrent un un espace entre deux gardes. Derrière, se trouvait l’homme en armure complète. Si elles éliminaient leur chef, les autres seraient déstabilisés.

— À mon signal, on fonce, cria Isabelle… En avant !

Tel un taureau chargeant, elle bouscula les deux hommes qui les gênait et se retrouva face au baron, suivie de près par Manon. Surpris par celles qui lui faisait face, Conrad recula de plusieurs mètres, chancelant, avant de se reprendre et de saisir fermement son épée en mains. Les deux filles attaquèrent sans connaître son identité.

Elles frappaient fort et bien, et lui peinait à parer la moitié des attaques. Malheureusement pour elles, la cuirasse épaisse déviait les coups qu’elles assenaient. Manon cherchait le défaut de l’armure. Quand elle l’eut trouvé, elle soumit à Isabelle son idée en quelques mots. Manon se plaça devant l’homme et tenta de l’occuper. Elle fit une feinte, découvrant sa tête. Tombant dans le piège, il leva les bras pour frapper.

Isabelle, profitant de l’aubaine, planta son arme sous le bras, le seul endroit non recouvert par l‘acier. Tandis que la lame traversait son aisselle, là où ne se trouve aucun muscle, Isabelle appuyait de toutes ses forces pour la faire pénétrer plus loin, malgré l’horreur de la situation elle irait jusqu’au bout. Elle sentit au plus profond de son être, la chair être perforée, ses os craquer sous l’action de la lame. Mais elle poussa et poussa encore son glaive plus loin dans le corps de l’homme.

Le tas de ferraille s’étala à terre. Isabelle ouvrit la visière et reconnut celui à qui elle avait été autrefois promise. Sans se démonter, elle se leva et hurla :

— Laissez tomber vos armes, votre employeur est mort.

Puis elle s’évanouit.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 6 versions.

Vous aimez lire Haldur d'Hystrial ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0