2. Quitter le lit (partie 2)

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Quand elle se réveilla, quelques minutes plus tard, elle se trouvait allongée à l’arrière de la voiture de Baehyun. Elle l’entendit parler seul :

— Qu’est-ce que je vais faire de Hyuna ? Elle a tout vu ! Tout vu ! Je ne peux pas… Est-ce que j’ai le choix ? Même si ce n’est qu’une petite fille… Oui, oui, je n’ai pas le choix…

Il faisait nuit, les éclairages urbains apprirent à Hyuna qu’ils n’avaient toujours pas quitté Nasukju, vraisemblablement encore en plein centre-ville. Baehyun était coincée par un embouteillage. Depuis plusieurs minutes, il klaxonnait, fou, car chaque fois que le feu tricolore passait au vert, seuls deux ou trois véhicules circulaient. La route saturait d’automobilistes excédés et, dehors, sur les trottoirs, une foule de passants se croisaient, vaquant à leurs occupations du soir.

Le palpitant de Hyuna tambourinait dans sa poitrine. Elle toucha son front douloureux. Heureusement, la blessure ne paraissait pas préoccupante. Dans sa confusion, Baehyun n’avait pas pensé à l’attacher. En revanche, il avait verrouillé les portes, ce que la jeune fille vérifia en tirant discrètement sur la poignée. La panique monta dans son corps et la prit à la gorge, lorsqu’elle vit le brise-vitre.

Baehyun klaxonnait comme un dingue. Les autres automobilistes, excédés par son comportement, répondaient de la même façon. Un mot de trop entraina un doigt d’honneur et Baehyun sortit de sa voiture en même temps que le conducteur devant lui. Il claqua la portière et s’éloigna de quelques pas en hurlant.

Hyuna observa le ton monter entre les deux hommes, ils semblaient prêts à en venir aux mains. Il fallait qu’elle profite de cette diversion, peut-être sa dernière chance de s’en sortir. Elle tira sur la poignée, toujours verrouillée. Elle attrapa le brise-vitre et frappa sur le carreau. Au premier impact, la vitre se fendit. Les fissures dessinèrent comme une toile d’araignée. Hyuna se crispa, jeta un coup d’œil rapide, vers Baehyun : il tournait toujours le dos à sa voiture.

Elle donna un deuxième coup sur la vitre et les fragments de la mosaïque se multiplièrent. Hyuna savait que le bruit de verre brisé alerterait à coup sûr le meurtrier. Il remarquerait qu’elle était en train de se faire la belle.

Mais pour l’instant, il ne lui prêtait pas attention. Il insultait le chauffeur de devant, en faisant de grands gestes et en criant. Hyuna décida de ne plus attendre. Elle se mit à quatre pattes sur la banquette arrière. La jeune fille poussa sur ses jambes de toutes ses forces, la tête la première contre la vitre, en priant pour ne pas se fracasser contre le carreau.

Ce fut comme si le temps se trouait. Elle ne perçut pas le moment où elle traversa la vitre, ne se sentit pas tomber, ni atterrir par terre. Elle n’eut même pas mal.

L’instant d’avant, elle était dans la voiture en train de décider qu’elle allait sauter, en regardant la fenêtre. Et puis, elle avait fermé les yeux et quand elle les avait rouverts, elle gisait contre le goudron, au milieu des débris de verre.

Tout de suite, elle se releva et se mit à courir. Le temps que Baehyun revienne à son véhicule, remarque les éclats de verre et son absence, Hyuna avait pris un peu d’avance. Il se jeta aussitôt à sa poursuite.

Elle courut, en slalomant entre les piétons, les bousculant. Ils la regardaient : une petite fille, en chemise de nuit, courant aussi vite que ses jambes le lui permettaient, les pieds blessés et le visage terrifié.

Hyuna aurait pu leur demander de l’aide. Elle ne le fit pas. Elle ne voulait pas que Baehyun la rattrape. Elle craignait qu’il ne baratine ces inconnus. Et puisqu’un adulte est toujours plus enclin à croire un autre adulte qu’une enfant qui tient des propos incohérents, elle avait peu de chances de s’en sortir de cette manière.

Elle courut sur une centaine de mètres et tourna à la première intersection, s’engouffrant entre deux immeubles commerciaux. Au moment où Baehyun obliquait à son tour, Hyuna s’introduisait dans un ascenseur conduisant à un centre commercial souterrain. Les portes se refermèrent juste à temps. Elle respirait fort, tout son corps tremblait.

Le centre commercial était pratiquement désert. Hyuna passa devant des vitrines, dont les rideaux avaient été baissés, les lumières éteintes. Elle s’arrêta, en constatant qu’elle était parvenue à un cul-de-sac. Les larmes lui montèrent aux yeux. Non, ce n’était pas possible.

Elle regarda autour d’elle, sur sa gauche, se dressait une porte, avec une petite ouverture ronde, comme celle d’un hublot. De la lumière parvenait encore de l’intérieur. Hyuna se dépêcha d’aller regarder par l’ouverture et y aperçut une commerçante en train de plier boutique. Elle voulut entrer, mais lorsqu’elle tourna la poignée, la serrure opposa une résistance.

— On est fermé ! cria la commerçante.

Cette dame avait les lèvres peintes en noir et les yeux très maquillés, des piercings étaient cloués sur chaque élément de son visage.

— Aidez-moi ! S’il vous plait, aidez-moi ! supplia Hyuna.

Alertée, la femme s’approcha et croisa les yeux paniqués de la jeune fille.

— Il a tué ma mère ! Il veut me tuer aussi. S’il vous plait, ouvrez-moi !

— Qui ?

— Lee Baehyun.

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