On était simplement trop différent
Mon cher petit ange,
Ce matin, je me suis réveillé tôt. Il faisait encore nuit. J'ai regardé la date du jour et j'ai compté. Aujourd'hui, mon ange, est un jour spécial. Aujourd'hui, cela fait un an que nous ne nous sommes pas vus. Très vite, j'ai senti les larmes venir et dans un élan de force, j'ai tenté de les retenir. J'ai senti ma gorge me serrer. J'ai alors fait ce que je fais depuis un an ; j'ai relevé la tête et j'ai ravalé mes larmes. Je pense que ce sentiment est le pire...
Dès que j'eus fini de m'apitoyer sur mon sort, je me suis levé et je suis sorti de chez moi. Je me suis rendu au vieux port ; celui où l'on passait notre temps à regarder le soleil descendre en dessous de l'horizon. Te rappelles-tu de tous ces magnifiques couchés de soleil que nous avons pu observer là-bas, assis l'un contre l'autre sur ce vieux ponton en bois qui menaçait de craquer ? C'était la belle époque, celle où nous étions encore ensemble, celle où tu étais encore à mes côtés...
Je me souviens de nos moments, de nos folies et de toutes nos conneries. Plus particulièrement, je me souviens de ce soir où tu es parti. Ce soir où tu m'as laissé. Dans un souffle et dans l'espoir de te retenir, je t'ai prononcé ces trois petits mots que tu attendais, ces trois petits mots qu'aucun de nous deux n'avait encore prononcés. J'ai cru que tu resterais, je n'aurais jamais cru que tu me laisserais. Au lieu de te retenir, ces mots t'ont fait fuir et je m'en veux encore...
Je ne sais pas ce que tu attendais de moi, je voulais simplement te garder près de moi mais, tu m'as simplement fait comprendre que notre amour ne verrait plus jamais le jour. En une phrase, tu as réussi à faire de mon idéal un cauchemar sans fin. Je t'ai balancé mon amour à la gueule et toi, tu t'es simplement penché vers moi et tu as murmuré : "On était simplement trop différents".
Cette phrase, je l'ai gravée dans ma mémoire le temps d'un sourire de ta part avant que tu ne montes dans ce bateau sans un regard à mon égard. Ce jour-là, je t'ai vu partir et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Après ça, je me suis promis de ne plus jamais laisser sortir ces traîtresses et de t'oublier. J'ai tenu mon premier serment jusqu'à aujourd'hui. Je n'ai jamais pu tenir le deuxième...
Tu ne verras jamais cette lettre, je l'emporterai avec moi dans ma tombe. Quand j'aurais terminé d'écrire, je me lèverai. Je sortirai cette arme de mon sac. Je resterai certainement un long moment, le regard dans le vide, le flingue posé contre ma tempe, en pensant à toi. Puis, dans un dernier élan de faiblesse, j'apuierai lentement sur la gachette, emportant mon histoire avec moi.
Quand tu apprendras ma mort, ne pleure pas. Rappelle toi simplement que l'on était trop différent.
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