Depuis cinq jours, nous étions réunis tous les sept dans l’appartement de Julio et de Lola. Et depuis cinq jours, nous étions scotchés sur les infos. Au début, les nouvelles étaient non-stop et très peu rassurantes. Le virus poursuivait inlassablement son hécatombe. La Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil, les USA, l’Afrique et une très grande partie de l’Europe étaient déjà décimées. La Terre comptait à ce jour moins de dix pour cent de sa population initiale. Le cinquième jour les infos n’avaient plus de présentateurs, ni de consultants scientifiques comme au début. Seul un flash sur bandeau rouge diffusait en continu l’alerte que l’épidémie était devenue incontrôlable et que chacun devait s’organiser pour sa survie. L’heure était venue, nous aussi on devait s’organiser.

Après avoir digéré la nouvelle, nous nous sommes réunis afin de mettre en place la stratégie à adopter. Tous les sept, en mettant nos connaissances et nos capacités en commun, nous pouvions survivre. Il ne fallait pas perdre de temps.

Nous étions au cœur d’une grande ville, les passants que l’on voyait déambuler masqués au début, étaient de plus en plus rares. Plus rien ne fonctionnait, les gens ne travaillaient plus, les magasins étaient tous fermés, souvent éventrés et pillés, la circulation était pratiquement inexistante, les services publics : police, hôpitaux, éboueurs, écoles ne fonctionnaient plus depuis des jours. Toute vie professionnelle et sociale avait disparu du paysage urbain. La ville était pratiquement déserte.

Nous étions sept dans notre famille. Je suis Maria, la grand-mère et Diego mon mari, le grand-père. Mon fils Julio et sa compagne Lola ainsi que les trois enfants, Simon treize ans, Anna neuf ans et la petite Louisa huit ans.

Notre réunion de ce soir était importante, nous devions décider de notre avenir. Jusqu’à ce jour nous attendions beaucoup des gouvernements en suivant scrupuleusement leurs directives. Aujourd’hui, la situation avait changé, il était temps de se prendre en main sans l’aide de quiconque.

Julio et Lola, lors d’une randonnée pédestre quelques mois auparavant, avaient repéré une masure abandonnée dans la montagne. Elle se situait en moyenne montagne, à deux heures de voiture de la ville où nous habitions. L’envie d’acheter ce gite de montagne pour leurs vacances leur trottait dans la tête.

Notre débat familial avait pour objectif de déterminer ce qui convenait le mieux de faire.

Julio déclara que la famille ne pouvait plus rester en ville. La contamination était trop galopante pour que nous soyons encore en sécurité dans notre appartement. L’air devenait vicié, les cadavres n’étaient plus enterrés. Les vivres allaient manquer rapidement. Nous devions partir dans un lieu isolé où les contacts avec l’extérieur seraient limités.

Il fut décidé à l’unanimité que la famille partirait pour le gite abandonné en montagne. Le voyage et l’installation devait être bien pensés, nous ne pourrions pas revenir en arrière avant bien longtemps, voire peut-être jamais.