CHAPITRE 9 - La visite chez nos voisins
Comme prévu, Julio, Diego et Simon iraient visiter les voisins. Ils portaient chacun un masque. Diego avait glissé par précaution le fusil sous son siège. Ils prévoyaient que seul Julio se présenterait à la porte, Diego et Simon attendraient dans la voiture jusqu’à ce que Julio soit sûr qu’il n’y avait rien à craindre.
Dans le gite, Lola et moi attendions soucieuses et impatientes. Les deux filles jouaient dans la prairie.
Les garçons étaient de retour deux heures plus tard. Tous blottis près de la cheminée, on attendait qu’ils nous racontent tout en détail.
Ils ont été bien accueillis par un homme d’une cinquantaine d’années qui vivait seul dans la maison. Il avait malheureusement perdu son épouse quelques mois plus tôt, atteinte du virus. Il pensait qu’il ne restait que trois habitants dans la région proche. Lui-même, un vieil ermite qui a toujours vécu isolé dans la montagne et un berger avec son troupeau dans une bergerie sur le versant opposé.
Julio lui a décrit notre famille, raconté d’où on venait et pourquoi, comment la survie en ville était devenue impossible. Il était au courant des dernières informations alarmantes, mais n’imaginait pas la situation devenue si dramatique. Diego et Simon les avaient rejoints.
Notre voisin s’appelait Alfred, son épouse lui manquait, il se sentait seul. Il nous avait, lui aussi, repéré depuis plusieurs jours, et attendait notre visite.
Julio lui expliqua en détail et un peu gêné nos pillages des maisons vides à la recherche de nourriture. Il les rassura en déclarant qu’il faisait la même chose, ainsi que les deux autres habitants de la région.
Simon lui demanda pourquoi le village était vide de tout habitant. Alfred leur expliqua que le village avait été touché pendant l’été par le virus apporté par des touristes irresponsables. Ce fut l’hécatombe, les habitants succombèrent l’un après l’autre, y compris son épouse. C’est avec l’aide des deux autres survivants qu’il a enterré les morts.
Julio lui expliqua pourquoi on avait préféré attendre quinze jours avant de le visiter afin de le protéger. Alfred les remercia vivement de cette attention à son égard.
Il leur dit qu’il se réjouissait de notre présence, et serait ravi de rencontrer toute la famille. Diego l’invita à nous rendre visite quand il le souhaitait, et lui proposa de venir diner avec notre famille le samedi suivant. Les deux autres voisins, l’ermite et le berger seront les bienvenus également. Alfred accepta avec plaisir l’invitation et la transmettrait à ses voisins.
Après cette belle rencontre, ils se saluèrent amicalement.
J’étais ravie, et tellement soulagée de constater la bonne tournure des évènements. Je craignais que les autochtones rejettent les nouveaux venus, fort heureusement c’était tout le contraire.
Je reprenais confiance en l’humanité. Tout ce que j’avais vu depuis le début de cette pandémie, ce n’étaient qu’égoïsme, violence, tuerie, que des humains devenus des barbares. Le fait de lier enfin des relations sociales et surtout humaines me rendait confiante pour l’avenir.
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