CHAPITRE 34 - Les couleurs de l'automne
La montagne se métamorphosait de nouveau. Les arbres se teintaient de couleurs fabuleuses : jaune, rouge, orangé, brun. Les jours raccourcissaient rapidement. Nous commencions à allumer la cheminée le soir.
Le samedi suivant, nous étions tous réunis autour du repas, nos trois voisins et la famille d’Alberto. Diego et l’ermite, qui connaissaient parfaitement les champignons, avaient initié les enfants à la cueillette de cèpes, de morilles et de girolles. Ils ont ramené des paniers pleins à craquer. Lola avait cuisiné des omelettes aux champignons, un régal.
Nous avions prévu de faire le point ensemble sur les besoins de chacun pour passer l’hiver sans souci.
Les hommes devaient visiter les maisons des villages voisins pour trouver du sucre, du sel, du café, du chocolat en poudre, des épices, du riz, des pâtes et tout autre aliment qu’ils trouveraient intéressants à ramener. Dès la semaine suivante, ils partiront faire la collecte.
Il était temps aussi de constituer nos stocks de bois de chauffage. Les tronçonneuses à essence nous faciliteront grandement la tâche. Nous avions tout le mois d’octobre pour faire ce travail.
Alberto nous informa qu’il avait proposé à Alfred de venir vivre avec eux pendant l’hiver. Alfred souffrait de solitude depuis le décès de son épouse, sa maison était aussi très éloignée du gite ou de la ferme, et de la main d’œuvre supplémentaire à la ferme serait la bienvenue. C’était en effet une bonne décision. Alfred était heureux de cet arrangement.
Pour en avoir discuté auparavant avec Diego, nous pensions que l’ermite n’était pas assez en sécurité, un homme de soixante-dix ans, seul pendant tout l’hiver, ce n’était pas prudent. Tout le groupe partageait notre inquiétude. L’ermite ne disait rien et nous écoutait attentivement. Nous lui avons proposé de vivre pendant l’hiver dans notre gite, ou dans la ferme d’Alberto. Miguel lui a également proposé de venir avec lui à la bergerie.
L’ermite était très ému de l’attention que nous lui portions, il en avait les larmes aux yeux. Nous lui avons dit de prendre le temps d’y réfléchir, et de nous informer de sa décision quand il le voudrait.
L’ermite est resté muet pendant tout le reste du repas, encore plus qu’à l’habitude.
Nous venions de terminer le repas lorsqu’il s’adressa au groupe. Son attitude était solennelle, tous étions attentifs à ses paroles. Il était encore très secoué par nos propositions, ayant vécu seul toute sa vie, il n’était pas habitué à autant d’égard envers lui.
Il était prêt à passer l’hiver à la bergerie avec Miguel, mais n’avait jamais partagé une habitation avec quelqu’un depuis son enfance. Il craignait que sa compagnie ne soit pas agréable pour un jeune homme comme Miguel.
Alfred lui proposa immédiatement de lui construire avant l’hiver une maisonnette accolée à la bergerie. Cela lui permettra d’être auprès de Miguel, tout en gardant son indépendance. Cette solution lui convenait parfaitement, de même qu’à Miguel.
De nouveau, tout notre groupe sera mobilisé pour un travail en commun. Après la collecte de produits dans les villages voisins, les travaux de construction de la petite maison commenceront sous la direction d’Alfred.
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