2ème chapitre : L’Autre Monde
Les ampoules nues, pendues au plafond, grésillent, et la lumière jaune vacille, jusqu’à n’être plus qu’une faible lueur.
Une angoisse m’étreint le cœur.
Je sais bien que nous ne risquons rien, que cette alarme prévient simplement qu’à l’extérieur le taux de radiation a atteint le maximum, mais quand même… à chaque fois, je suis effrayée à l’idée qu’une fissure dans nos murs permette à l’air vicié d’entrer, et nous contamine.
Dirk n’y prend pas garde, il continue d’hypnotiser son auditoire. Il tourne légèrement la tête vers moi et me sourit. Je lui adresse un petit signe, puis fermant mon roman, décide de quitter la pièce.
Les couloirs sont sombres et inquiétants. La lumière clignote par intermittence. J’ai l’impression d’être dans un film d’horreur de l’Autre Monde, ceux que l’on nous passe parfois en soirée.
Ah oui, l’Autre Monde… quand je dis ça, je n'évoque pas une planète inexplorée, égarée dans l’espace… non, je parle bien de notre bonne vieille terre, mais de cette partie d’elle que les hommes ne connaissent plus… celle au-dessus de l’Abri… au-dessus des souterrains… celle d’où l’on peut observer le ciel.
Une porte entrouverte me laisse voir la salle de visionnage, des documentaires y passent en continu.
On y découvre des émissions de l’Autre Monde, d’anciens films (Autant on emporte le vent, Twilight…), des archives (la Première Guerre mondiale, Tchernobyl…), ça nous permet de ne pas perdre notre identité en tant qu’être humain, de garder intact notre patrimoine, de préserver des souvenirs qui ne sont plus ; c’est aussi la seule façon de voir un lever de soleil ou d’entendre le bruit des vagues s’écrasant contre les rochers.
J’aurais aimé connaître tout ça ; parfois j’ai l’impression que cela n’a jamais existé, que ce n’est pas possible… un lieu tellement merveilleux.
Je sursaute au contact d’une main sur mon épaule ; me retournant je plonge dans le regard océan de Dirk.
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