Il faut que je sache. Abandonnant mon Stephen King sur le sol, je marche aussi vite que possible, la boule au ventre, me retenant de courir, ne voulant pas porter l’attention sur moi.

Je laisse traîner mon regard partout à la recherche de mon frère.

Alors que j’arrive vers le réfectoire, j’aperçois un attroupement aux portes de la pièce.

Tout le monde parle en même temps, certains se haussent sur la pointe des pieds. Poussant des coudes j’essaye de me faufiler entre les corps.

N’y parvenant pas, je me résigne à questionner mon voisin.

- Qu’est-ce qui se passe ?

- Il paraît que les Hauts Placés vont faire une déclaration.

À ce moment-là, les haut-parleurs résonnent, une musique éclate entre les murs de l’Abri. Au début il y a un léger grésillement, puis la voix du Dirigeant des Hauts Placés se fait entendre.

- Concitoyens, rejoignez le réfectoire, une annonce va vous être . Il est obligatoire d’assister à cette réunion, tout manquement sera puni.

Alors que tout le monde pénètre dans la salle, je reste tétanisée par un mauvais pressentiment.

Une main douce se pose sur mon épaule et Dirk murmure à mon oreille.

- Il faut y aller, nous ne pouvons pas être en retard.

Je me tourne vers lui, heureuse de le sentir contre moi, rassurée par sa présence.

Ses yeux clairs m’observent tendrement. Je pose ma main sur la sienne. Mon cœur s’accélère et je sens des baisers qui me viennent aux lèvres. Je me retiens. Nous avançons côte à côte, mais une fois dans le réfectoire, nous nous éloignons l’un de l’autre… Ycare et les Hauts Placés sont sur la tribune surplombant l’ensemble de la pièce.

J’aperçois au milieu des habitants, mes parents, Vanellopée près d’eux.

Faustine, lorsqu’elle voit Dirk arriver, traverse toute la salle pour se tenir à ses côtés.

Je distingue Liam aux abords de l’estrade, son visage est fermé, son regard bleu parait fixer le vide, je devine à sa mâchoire crispée qu’il est tendu. Sait-il ce qui se passe ?

Aucune trace de Junior en revanche.

Soudain, le brouhaha ambiant s’arrête. Le Dirigeant, Monsieur Dixon, ouvre grand ses bras, s’approche du micro installé sur la scène et d’une haute et intelligible voix annonce :

« Chers concitoyens, merci de votre présence. J’ai une bien triste nouvelle à partager avec vous. Je suis au regret de vous annoncer qu’il y un traître parmi nous. »