Chapitre X. Dogfight.
Au milieu du champ d’astéroïde, la température du drone augmente au-delà de ses normes de sécurité. Bientôt les radiations trop élevées percent le bouclier du réacteur entré en phase critique et la sonde qui zigzaguent entre les roches, se met à rayonner violemment dans l’environnement interstellaire. Les ondes facilement reconnaissables sont immédiatement captées par les poursuivants.
Ceux-ci ne se précipitent pas et c’est après quelques minutes, tandis que l’une des frégates reste à l’abri d’un des plus gros planétoïdes que son compagnon sort du champ par l’extérieur et se place sur une trajectoire parallèle et à bonne distance de la sonde. Quelques secondes passent. Un flash. La sonde explose détruite par la frégate.
-Safah à quelle distance se trouve cette frégate ?
-Elle est largement à l’extérieur de la Ceinture, un bon million de kilomètres de nous.
-Bien ! Dami, Donnes nous une rotation sur plusieurs axes, qu’on ait l’air à la dérive et en perdition, quelques choses de pas trop violent tout de même qu’on puisse en sortir rapidement. Toujours sans propulsion, reste en orbite et met la planète entre nous et la plus éloignée des frégates tous en nous faisant dériver vers celle qui est planquée. C’est celle-là qu’on va engager.
-Si je puis me permettre Gen, suggère Faye Lin, vous devriez ventiler une partie de notre air et divers gaz de votre choix. Faite aussi surchauffer le générateur, donnez-leur l’impression qu’on a de sérieux dégâts.
-Ce n’est pas difficile … On « a » de sérieux dégâts !
-Il faut qu’ils pensent que nous sommes complètement out Gen.
-J’approuve, confirme Houarn. Gunny, Je ne pense pas avoir besoin de t’expliquer ce que tu as à faire.
-Mes gars sont dans leurs tourelles, t’inquiètes pas, on va bousiller tout ce qui passe à notre portée.
-Safah !
-Paré ! Hurle la jeune enseigne
-Relax gamine, rassure Gunny. On a juste une grosse probabilité de rencontrer la mort, pas de quoi se faire dessus. Ce n’est tout même pas ta première fois ?
-J’adore ce job, ça me ferait juste caguer liquide de le perdre, boss. Capitaine, je simule une fuite de plasma, qu’ils aient une bonne grosse traînée bien visible à suivre.
-Vas-y
Pendant que l’Hermine commence à prendre une allure d’oiseau mort, la deuxième sonde commence ses manœuvres. Rapidement les faisceaux radar de la deuxième frégate l’éclaire. Comme son compagnon elle quitte à vitesse réduite la protection de la roche derrière laquelle elle se terrait. Elle sort de la ceinture d’astéroïdes, mais cette fois, par l’intérieur.
Un détail ?
Pas pour Kawrantin Houarn, son adversaire en s’enfermant entre la géante planète de gaz et sont anneaux de pierre flottantes, venait de se priver d’un atout majeur. L’espace restreint et les perturbations magnétiques de l’astre le prive de pouvoir effectuer des sauts de combats avec une absolue précision.
-Ça ne va pas être ton jour l’ami. Souffle Faye Lin.
L’autre ne semble pas immédiatement repérer l’Hermine à la dérive dans son nuage de gaz et de débris. Peut-être que le puissant champ magnétique de la planète aveugle ses instruments. Il se rapproche de la sonde. Un nouveau flash et le deuxième leurre n’est plus. C’est sans doute à ce moment qu’il repère sa proie. Quoique à cet instant précis, on ne soit plus très certain de savoir qui est le chasseur.
La frégate, sister-ship de l’Hermine s’approche. L’Hermine fait la morte.
-Je l’ai en visuelle, Prévient Dami.
-Ce sont les cocardes du Légire ! blémit Gen.
-Fils de … commence Ray. Gunny on n’a le droit qu’a un seul tir.
-Gagnons du temps, décide Faye Lin. Safah ouvrez-moi toutes les fréquences.
Elle prend un microphone et sa plus belle voie désespéré.
- Ici Navire Marchand Hermine H01, Mayday, mayday, mayday, nous avons subi une avarie structurelle. Navire perdu, réacteur en fuite, nous réclamons assistance d’urgence. La moitié de l’équipage dont notre capitaine est mort, pitié aidez-nous !
Ray, soucieux de réalisme, fait hurler le klaxon d’alerte retransmit sur toutes les ondes avec ostentation par le second.
-Mayday, mayday, mayday, nous évacuons ! Récupéré les pods de secours, par pitié, nous avons de nombreux blessés.
-Gene, éjecte quatre pods.
L’ingénieur s’exécute. Les chaloupes vides sont éjectées. L’autre ouvre le feu et les détruit.
-L’ordure ! Ils ne nous veulent décidément pas du bien !
-Il se rapproche, ses boucliers sont levés mais pas au max.
- Laissons-les venir, dès qu’il nous verrouille soyez prés.
-Distance cent cinquante mille kilomètres, Il spirale autour de nous, toujours pas de lock.
-Allez charogne, viens nous renifler.
-Distance quatre-vingt-dix mille kilomètre, lock !
-Bouclier au max !
Une inspiration.
-Dami.
Le pilote ne donne qu’une chiquenaude dans le manche, avec souplesse l’Hermine se redresse, son museau déchiré et menaçant pointé vers l’ennemi. Gunny s’occupe du reste. Ils n’eurent jamais le temps de comprendre.
Expiration.
-Ce n’était effectivement pas sa journée. Lâche l’artilleur satisfait de sa besogne.
-Wow ! ça c’était propre, souffle le jeune Iliam à son tuteur qui lui répond avec un clin d’œil.
-À l’autre maintenant, celui-ci c’est un prudent, Safah ou est-il ?
-Toujours au même endroit…ou pas ! Le chacal Il a lancé un leurre ! Notre propre ruse ! Il est en approche rapide sur nous. Il va nous verrouiller !
-Dami plonge dans l’atmosphère, manœuvre d’urgence !
Le pilote ne discute pas et pousse les commandes en direction des nuages en dessous de lui et l’Hermine s’entoure bientôt d’un halo de plasma rougeoyant.
-Alerte missile ! Deux en approche ! Contre-mesures larguées !
Ils s’engagent dans un virage aussi serré que possible et le vaisseau accentue son piqué vers les couches basses de l’atmosphère. À plusieurs mètres sur l’arrière deux explosions successives secouent l’équipage sans pourtant affaiblir la puissance des boucliers. Malgré ces derniers, l’air rugissant semble vouloir arracher la coque. S’enfonçant encore et ils atteignent rapidement les épais nuages ocres de la planète géante.
-Safah ? Est-ce qu’il nous suit ?
-Je ne peux rien dire, le champ magnétique perturbe la lecture des instruments et sans les capteurs dorsaux je ne sais pas ce qu’il y a au-dessus de nous.
-Gen Combien de temps peut-on rester dans cette purée.
-La pression monte très vite. Je déconseille de descendre en dessous de 100 kilomètres. Nous sommes déjà à six atmosphères avec une température de cinq cents degrés. Nous pouvons encore monter à huit atmosphères mais avec les dégâts il ne faut pas espérer tenir plus de deux heures. Soit on finit tout plat, soit les moteurs surchauffent dans cette mélasse et nous pètent au blair.
-C’est officiel, on est vraiment dans la mouise. Quelle vitesse peux-tu nous donner ?
-En vol atmosphérique, Mach 30 peut-être 40, l’atmosphère nous ralentit salement
-D’accord. Dami Inverse la trajectoire, pique jusqu’à la limite pour gagner de l’énergie et remonte sur orbite avec le maximum de vitesse en espérant sortir sur la proue de notre adversaire.
Le pilote caresse doucement les commandes.
-Désolé ma belle, je sais que tu as mal et je vais encore te faire souffrir.
L’Hermine répond pourtant docilement, c’est presque qu’avec rage qu’elle s’élance, accumulant dans sa descente la précieuse énergie cinétique qu’elle convertit en vitesse à la fin de son vertigineux piqué. Toute sa structure hurle sous l’effort, son pilote aussi. Les revoilà de nouveau dans leur élément, l’espace.
Ils sont attendus, présentant leur flan à celui qui pointe son museau dans leur direction.
-Ils nous tiennent. Bouclier à fond !
-Il charge ses canons ! Il fait feu
-Coup direct ! Accrochez-vous !
Un violent impact s’écrase contre les puissants boucliers qui encaissent mais ne protège pas l’équipage du choc. Dans l’infirmerie les médecins protègent tant bien que mal leurs patients. Faye Lin qui n’est pas harnachée se sent décoller du sol, rattrapée in extremis par Le chef Picot avant que son visage ne heurte le plancher.
-Dami ! Manœuvre offensive, attaque de front, on fonce dans le tas ! Gunny ! Feu tous ce que tu as !
-Il nous balance tout aussi !
Dans un tête-à-tête mortel, les deux navires se croisent, s’échangeant d’incandescentes salves d’artilleries. Les boucliers résistent, mais l’Hermine s’épuise, ses réserves misent à mal par l’explosion n’ont pas eu le temps de remonter à niveau.
-Au prochain passage on va morfler, prévient Gen
-Le revoilà ! Gunny, un miracle !
Ses boucliers avant haut levés. L’ennemi fonce sur eux, sûr de lui. Ses senseurs lui montrent l’affaiblissement de sa proie, mais pas la détermination de son capitaine.
Celui-ci guidé par l’instinct et l’expérience.
-Gen ! bouclier sur l’arrière pleine puissance ! -Dami ! On va prendre des G, Pivote sur 180 degrés sans ralentir, même trajectoire ! -Gunny ! Met lui profond dans ses six heures !
La brave Hermine pivote sur elle-même, sa poupe présentée à l’adversaire qui ne comprend plus. Cherche-t-il à fuir ? Mais ils continuent pourtant de s’approcher ! Lui fait feu, l’Hermine encaisse et les croise à reculons. C’est là qu’il comprend ; il a transféré la moitié de la puissance de ses écrans arrière sur les boucliers frontaux. L’hermine sort ses plus belles griffes pour lui labourer le ventre et lui mordre le train. Le coup est sévère mais pas fatale.
-Ça va lui donner à réfléchir.
-Ouais mais on a pris cher aussi. Les boucliers sont KO. Il nous faut dix minutes pour remonter à dix pour cent.
-Gunny Cible l’arrière. Le prochain passage on tire les premiers. On aura peut-être un coup de bol.
-On n’en aura pas.
L’autre fait ce que lui aurait fait s’il en avait eu la possibilité ; un saut de combat. Un cours passage en Hyper pour apparaître dans un angle mort de l’adversaire. Une manœuvre sérieusement burnée dans le voisinage d’une planète géante et de son champ magnétique ; une manœuvre impossible à contre-carrer si exécuter avec succès et brio. Houarn est obligé de l’admettre ; elle l’est.
-Désolé mes amis …
Soudain deux projectiles hyper-véloces frappent l’agresseur, le coupant en trois et mettant fin à la fin.
-qu’est-ce qu…
-Hermine de Lancelot ! Capitaine Gordian à votre service ! Alors les touristes, on fait une pause pipi ?
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