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Nori, Kagi, Tomoe et Hito éprouvaient beaucoup de difficultés à rester silencieux. Cachés derrière un muret dans le jardin arrière du temple, ils essayaient tant bien que mal de se faire le plus discret possible afin de ne pas éveiller les soupçons de leurs ennemis. Guidés par la peur, leurs respirations se faisaient bruyantes. La main sur la bouche, les yeux fermés, Hito tentait de retrouver son calme. Soudain, il entendit le son d’une fanfare s’élever dans les airs. Le jeune vidéaste jeta un coup d'œil à Nori qui se préparait visiblement à courir. Il le rattrapa par l’épaule :
- Qu’est-ce que tu fais ? chuchota-t-il, le plus bas possible.
- Faut qu’on bouge, on va finir par se faire repérer !
Hito montra Kagi d’un geste de la tête, qui, en pleine crise d’angoisse, n’était visiblement pas en état de s’enfuir. Il se tenait la tête entre les genoux, en larmes, se balançant d’avant en arrière silencieusement. Tomoe lui caressait le dos en lui chuchotant des mots réconfortants à l’oreille.
- Ça se trouve ils sont inoffensifs, tu ne crains rien, je ne te laisserai jamais tomber d’accord ? On va s’en sortir ! Tu n’es pas seul. Respire, ça va aller !
Nori s'avança doucement vers Kagi et le prit dans ses bras.
- Ça va aller ! Mais il faut qu’on sorte d’ici. Je ne pense pas que tout soit réel, on a dû respirer quelque chose de mauvais et on est atteints d’hallucination collective. C’est pour ça qu’il faut qu’on s’en aille. Il ne se passera rien, d’accord ? Tu crois que tu peux courir ?
Kagi releva la tête et analysa le visage de Nori. Ils s’étaient rencontrés à l’école primaire, il le connaissait par cœur, savait ce qu’il ressentait rien qu’en l’observant, il était persuadé qu’il ne pouvait pas lui mentir sans qu’il ne le sache. Désormais, il n’était plus sûr de rien. Il lui avait menti en l’amenant ici, éhontément. Est-ce qu’il lui mentait encore ?
Malgré ses doutes, il acquiesça. Les 4 amis coururent le plus vite possible en direction de l'escalier, Nori en tête et Tomoe qui fermait la marche. Effrayés, Kagi et Nori observaient frénétiquement les alentours au fur et à mesure qu'ils avançaient. Quant à Tomoe et Hito, ils fixaient l'horizon, concentrés sur leur objectif, en espérant ne pas se faire attraper. Ils ne voyaient aucun fantôme à l'horizon.
Pourtant, lorsqu'ils traversèrent l'herbe sauvage, Hito se figea. Il aurait voulu crier, mais son corps l'en empêcha. Paralysé, il ne put faire un mouvement de plus. Il sentait un froid glacial le parcourir entièrement, chaque parcelle de lui-même semblait l’abandonner. Il était terrifié, mais ne pouvait l’exprimer, prisonnier de sa propre chair.
- Hito ? Qu’est ce que tu fais ? Ramène-toi !
Nori attrapa sa main et le tira vers lui. Malgré ses efforts, Hito restait immobile, figé, impossible à faire bouger. Le jeune homme remarqua que la main de son ami était glaciale et devenait peu à peu grisonnante. Il plongea ses yeux dans les siens et n’y vit que de la terreur.
Peu à peu, les yeux de son ami perdirent de leur éclat jusqu'à ce qu'il comprenne qu'Hito n'était plus de ce monde.
Soudain, le sol se mit à trembler. Une racine énorme déchira la terre, enlaçant frénétiquement le cadavre statufié, et en une fraction de seconde l'avala.
Abasourdis et choqués, Nori, Kagi et Tomoe se trouvaient pétrifiés. Kagi les réveilla en poussant un cri terrifiant. Par réflexe, le chef du groupe posa sa main sur la bouche de son ami et posa son index sur ses lèvres. Il attrapa les mains de ses deux alliés et les entraîna vers les escaliers.
Lorsqu'il aperçut ce qu'il se dressait en face de lui, Kagi fondit en larmes et tomba à genoux. Tomoe resta immobile au côté de Nori, attristée par la perte d'Hito et la vision de la personne qu'elle aimait à bout de nerfs.
- Tout est de ta faute Nori... On va mourir un par un à cause de toi...
Dans la nuit noire, la musique retentit de plus en plus fort. Des centaines de fantômes statiques, défilèrent dans un ballet morbide, comme sortis tout droit d'une boite à musique.
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