- Bon... Comment on fait pour mettre le feu à l'androcée ? demanda Tomoe en faisant les cents pas.
- J'ai un briquet.

Nori sortit de sa poche un Zippo en acier décoré d'une gravure représentant l'arbre de vie.

- Je suis pas certaine que ça suffira. Pi'... Comment on va grimper au dessus de la plante... C'est impossible.

Nori passa une main sur son front. Le jeune homme, en nage, ne se sentait pas très bien. Il avait le tournis, de la fièvre et une seule envie : s'endormir. Il sentit ses forces l'abandonner. Tomoe se tourna vers lui :

- Nori ? Ca va ?
- Oui, je suis juste crevé. Ca va passé.
- Tu saignes du nez !

Le chef de groupe essuya le sang d'un revers de la main.

- Qu'est ce qui se passe ? Qu'est ce que j'ai ?
- Pas de panique, on est dans un endroit abandonné, j'imagine que tu fais une réaction à la moisissure.

Le jeune homme pencha la tête en arrière en se pinçant le nez.

- Je me sens pas hyper bien. Je vais m'allonger un peu.

Tomoe et Kagi se mirent à l'écart.

- Tu crois vraiment que c'est dû à la moisissure ? chuchotta le caméraman inquiet.
- Il n'y a pas de moisissure ici. J'ai dit ça pour le rassurer... Je sais pas du tout ce qui lui arrive.
- Qu'est ce qu'on fait ?

Tomoe, rongée par l'inquiétude, haussa les épaules alors que Nori épuisé, fini par s'endormir sur le sol.
Kagi jeta un oeil à l'extèrieur, il y vit Hito et comprit que l'équipe pouvait sortir en sécurité. Accompagné de Tomoe, il se rendit dans la pièce contenant la plante afin de trouver une solution pour accéder à l'androcée.

- Je vais demander de l'aide aux fantômes. Ils auront une solution.
- D'accord, mais fais gaffe.

Le caméraman posa sa main sur la tige puis demanda rapidement une solution à Hito et d'autres fantômes. Ils lui apprirent qu'il existait une échelle dissimulée par les lianes dans la pièce d'à côté. Celle-ci servait à l'origine à atteindre des parchemins stockés en hauteur.
Le couple récupéra l'échelle et se rendit dans la pièce protégée pour mettre au courant Nori.

- Nori, réveille toi ! On a trouvé une solution ! On peut accéder à l'androcée ! s'exclama Tomoe en secouant légèrement son ami. Nori ?

La jeune femme se mit à paniquer.

- Kagi ! J'arrive pas à le réveiller ! Fais quelque chose !
- Nori ! Réveille toi ! C'est vraiment pas drôle !

Les deux amants échangèrent un regard puis Tomoe prit le pouls du chef de groupe.

- Kagi... Je sens pas son pouls. Il est mort !
- Non, non c'est pas possible.

Tandis que Kagi fit du bouche à bouche à Nori, Tomoe se chargea du massage cardiaque.

- Allé Nori, reviens ! On a besoin de toi !

Plusieurs minutes plus tard, le couple durent se rendre à l'évidence : Nori n'était plus là.

- C'est pas possible ! Il était vivant il y a dix minutes ! On est parti moins de dix minutes ! Qu'est ce qui s'est passé ? demanda le caméraman en larmes.

Tomoe s'adossa au mur, épuisée en pleurant toutes les larmes qui lui restaient.

Le couple resta là pendant presque une heure avant que Kagi, qui sentait une rage vengeresse monter en lui. La colère qu'il ressentait à cette instant avait besoin de s'exprimer et pour ça, il ne voyait qu'une solution : mettre le feu à l'androcée. Sans dire un mot, il vérifia qu'Hito était bien devant la porte puis s'emparra de l'échelle pour enfin se diriger vers la plante. Tomoe le suivit, briquet en main. Arrivé devant l'énorme flore, ils se rendirent compte que les fantômes étaient nombreux. Tomoe pensa qu'ils sentaient qu'il était l'heure de la libération.

- C'est moi où ses couleurs sont beaucoup plus vives ?
- Rien à foutre ! s'exclama Kagi de plus en plus en colère.
- Ne reste pas trop près de la plante, je veux pas que cet enculé te tue toi aussi.

La jeune femme répondit d'un signe de tête en lui tendant le briquet, sentant qu'il était à ce moment, inutile de discuter les décision de l'homme qu'elle aimait.

Kagi posa l'échelle contre la tige en prenant soin de ne pas la toucher et commenca à grimper. Arrivé à destination, il posa la main sur l'androcée et grogna de douleur, lachant le briquet qui alla s'écraser sur une liane.

- Kagi ! Ca va ? hurla Tomoe, à bout de nerfs.
- Ouais, cette putain de plante a des épines même sur l'androcée. Je me suis juste blessé la main. J'ai lâché le briquet, je redescends.

Tandis que le caméraman atteignit la dernière marche de l'échelle, Tomoe sentit une odeur inhabituelle. Elle tourna la tête et constata qu'un incendie se propageait dans la pièce.

- Kagi ! Faut sortir d'ici !
- Quoi ? NON ! J'ai pas...
- M'en fou, y'a le feu !

Le feu se propageait rapidement, déracinant des lianes ici et là. Les survivants courrurent vers la sortie.

- Il faut sortir Nori d'ici !
- Il est mort Kagi ! On a pas le temps !

Alors qu'ils se trouvaient devant les escaliers auparavant entouré de Torii, ils remarquèrent que le feu avait déjà atteint cette zone, il était alors impossible de redescendre. Tomoe commencait à paniquer :

- Qu'est ce qu'on fait ? J'ai peur Kagi.

Kagi la prit par la main et fit le tour du temple afin de trouver une autre sortie. Malheureusement, le feu les avait déjà emprisonné.

- Je veux pas brûler vive.
- Moi non plus.

Kagi remarqua un pan de la colline épargner par le feu. Cependant, celui ci était beaucoup trop raide, ils n'avaient aucun moyen de s'en sortir vivant.

- Ecoute moi, je t'aime plus que tout mais je ne veux pas mourir brûler vif... ni que cette plante m'attrape. On va mourir Tomoe, je suis désolé. Mais je préfère sauter de cette falaise.

Tomoe, en larmes, se rendit compte qu'ils n'avaient que le choix de leur mort. Elle embrassa une dernière fois son amant et se dirigea vers le bord de la coline. Le couple, main dans la main, les larmes aux yeux, sauta, satisfaits de ne pas laissé à la plante le loisir de les tuer à sa façon.