Il existe des rencontres qui dépassent les mots, des instants suspendus où l'univers semble retenir son souffle. Ce soir-là, au cœur de la nuit, bercée par les basses d'une musique envoûtante, j'ai croisé un regard qui a transpercé le temps. Un regard qui ne m'a pas seulement vue, mais qui m'a reconnue.

C'était un soir comme tant d'autres, une teuf où les corps vibraient sous les lumières stroboscopiques, où les âmes s'abandonnaient à la musique, où tout semblait se diluer dans une brume d'extase et de liberté. Il était là, à quelques pas, et quand nos yeux se sont accrochés, il s'est passé quelque chose. Une seconde qui s'est étirée à l'infini. Un frisson imperceptible. Une réminiscence venue d'ailleurs.

Ce n'était pas une attirance physique, ni un simple échange furtif entre inconnus. C'était une reconnexion. Comme si, dans une autre vie, nous avions déjà dansé ensemble sous un ciel étoilé, comme si nos âmes savaient quelque chose que nos esprits ignoraient encore. Ce regard n'était pas qu'un regard. Il était une porte ouverte sur un mystère ancien, sur une histoire dont nous avions oublié l'existence.

Je me suis approchée, ou peut-être était-ce lui. Il y avait cet espace entre nous, ce fil invisible qui nous liait, qui nous attirait. On n'avait pas besoin de parler. La musique suffisait. Le silence entre les beats résonnait plus fort que n'importe quelle parole. J'ai vu dans ses yeux l'écho de ce que je ressentais. Un mélange d'étrangeté et d'évidence un vertige doux-amer.

On dit que certaines âmes se retrouvent à travers le temps, qu'elles se croisent encore et encore, jusqu'à ce qu'elles comprennent pourquoi. Peut-être étions-nous l'un de ces liens indéchiffrables. Peut-être étions-nous juste des passants égarés dans une nuit d'ivresse. Pourtant, quelque chose en moi savait. Ce n'était pas un hasard. Ce genre de rencontre ne peut pas être un hasard.

La nuit a continué de tourner, la musique a continué de battre. Mais rien n'était plus pareil. Parce que quelque chose, dans l'invisible, avait changé.

Certains liens n'ont pas besoin d'explications. Ils existent, simplement. Comme une étoile filante que l'on aperçoit un instant avant qu'elle ne disparaisse. Mais on sait qu'elle a brillé. Et ça, ça suffit.