Vyrian fut étonné de trouver une telle pratique spirituelle sur Konexys. Il connaissait les bienfaits d’une telle technique, notamment sur l’amélioration de la concentration, de l’attention et de la conscience de soi, mais aussi sur la réduction de la perte de mémoire due à l’âge.

Bien que la situation puisse paraître peu approprier pour se livrer à ce genre d’exercice, le scientifique trouvait l’idée d’autant plus intéressante qu’il avait besoin d’un plan pour lutter contre les Régisseurs, mettre Faric hors d’état de nuire et empêcher la prise de pouvoir des sbires d’Yvias sur Veldrion. Il lui fallait donc organiser ses pensées au plus vite et parvenir à contrôler les connaissances que Mère lui avait légué.

Vyrian mit pied à terre, les mains toujours en appui sur la roche qui lui avait servi de lit de fortune et attendit dans l’expectative que ses muscles ne parviennent pas à le porter. Mais, à son grand soulagement, ses jambes restèrent stables et il put rejoindre Dezaël à l’entrée de la pièce.

Le chercheur sentait ses muscles travailler sous sa peau, ils lui semblaient raides, comme sortant d’un long sommeil. Bien que son corps le tiraillait, Vyrian était heureux de faire ses premiers pas sans assistance. Malgré cette réussite, Vanea doutait de ces capacités.

— Vous êtes sûrs qu’il va pouvoir aller jusque là-bas ? Il va devoir se baisser, se faufiler, ramper…

Contre toute attente, son frère manifesta son soutien à Vyrian.

— De toute façon, maintenant qu’il a plus l’exosquelette, il va devoir se muscler. Il n’arrivera à rien dans cet état face aux Régisseurs. Vois ça comme une remise en forme.

La jeune femme ne fit pas d’autre commentaire, mais son expression en disait long sur sa perplexité. Dezaël sortit alors la jeune femme de ses pensées.

— Tu connais mieux les lieux que moi, tu pourrais peut-être nous guider et ainsi trouver les passages les plus accessibles.

La jeune femme hocha la tête et prit la tête du groupe.

Elle avançait à allure modérée, permettant ainsi aux muscles nouvellement régénérés du scientifique de suivre le rythme. Vyrian s’inspirait de sa démarche, la jeune femme ne faisait aucun bruit sur les pierres humides, ses pas étaient sûrs et ses enjambées souples. Il tenta de l’imiter à plusieurs reprises, mais ses pieds ripèrent sur la roche et il manqua de peu de tomber.

Après plusieurs échecs, son esprit le ramena plusieurs années en arrière et il se revit avec Clana lors de leurs premières explorations souterraines. La jeune ingénieure était aussi à l’aise sous terre comme dans les airs, avec un sourire Vyrian se dit qu’elle se serait bien entendue avec Vanea. Focalisé sur ses souvenirs, il ne vit pas le rétrécissement arriver, malgré les nombreux avertissements de ses collègues. Son front percuta de plein fouet la voute rocheuse, qui descendait à cet endroit. Vyrian se plia sous la douleur et suivit les autres, plié en deux. Une fois de l’autre côté du passage, il ne manqua pas les sourires de Kayle et de Dezaël. Ce dernier ne put d’ailleurs pas s’empêcher de le taquiner.

— C’est pas parce que vous allez remettre de l’ordre dans vos pensées qu’il faut vous démolir le crâne.

Vyrian ne doutait pas d’avoir une bosse. Vanea le regarda avec plusieurs de sérieux.

— A partir de maintenant, ça va se compliquer. Vous êtes sûrs de toujours pouvoir suivre ?

La prévenance de la jeune femme toucha Vyrian, elle qui peu de temps avant était indifférente à son sort. Les événements avaient soudé l’équipe et à présent chacun se souciait du sort des autres.

— Oui.

— Bien, dans ce cas, préparez-vous à ramper.

Sans plus attendre la jeune femme se plaqua au sol et se faufila dans un étroit passage que Vyrian n’aurait pas vu, s’il n’avait pas regardé l’Ombre passer au travers. Lorsque ce fut son tour, il envia les capacités de Vanea, son corps avait semblé onduler contre la roche, alors que le sien s’accrochait et s’égratignait à chaque aspérité. Une nouvelle image s’imposa à son esprit, il se revoyait souriant, mais épuisé, revenir de sa première exploration minière. A peine était-il sortit de la cavité que des rires l'accueillirent. Il était couvert de boue des pieds à la tête tandis que la jeune femme était à peine poussiéreuse. Il s’était senti gêné par sa maladresse, mais les bras de Clana autour de ses épaules avaient bien vite fait disparaître cette sensation. Charmé par ses yeux pétillants de malice et de désir, Vyrian l’avait soulevé de terre et tout deux s’étaient empressés de retirer leur combinaison pour mieux s’étreindre. Nus, peau contre peau, des effluves de terre et d’humidité se mêlaient à leur transpiration. Souriants et haletants, leurs bouches s’étaient trouvées et leurs corps s’étaient unis.

A ces souvenirs, Vyrian sentit les battements de son cœur s’accélérer, mais Kayle rompit ce moment et le scientifique revint à l’instant présent.

— Un problème devant ?

Vyrian s’empressa de répondre, espérant que sa voix ne trahisse pas son trouble.

— Tout va bien, je me dépêche.