Vyrian fut réveillé par une série de secousses. Lorsqu’il ouvrit enfin les yeux, Saern se tenait à son chevet. Le scientifique se redressa laborieusement, son corps lui rappelait les excès de la veille. A voir l'expression du Calligraphe, ses douleurs n'étaient pas prêtes de s'arranger.

— Vanea, Yomi et Xam étudient les BioVirus. Elles pensent avoir détecté un léger changement de comportement, ce qui pourrait indiquer que les Régisseurs se rapprochent. Si vous voulez avoir le temps de méditer, c’est maintenant.

Le chercheur hocha la tête et se dirigea vers le lac. Ollesty s’y trouvait déjà et récitait des psaumes, il décida de s’éloigner pour plus de tranquillité et pénétra à son tour dans l’eau. A son contact, ses courbatures disparurent immédiatement, remplacées par un intense sentiment de bien-être. Il profita d’être dans de bonnes dispositions, ferma les yeux et chercha le groupe de Miliciens.

Il se concentra sur Feyna, elle était celle qu’il connaissait le mieux et espérait que cela faciliterait sa recherche. Il la visualisa sur Veldrion, lorsqu’elle avait révélé à Nick ses attributs d’hybride, puis sur Myskandria quand elle se battait aux côtés de Keen’an, mais également lorsqu’elle se trouvait en compagnie de Fara, Dallan, Dungal et Pitchi dans les cachots ou encore lorsqu’elle avait quitté Myskandria en compagnie des Miliciens, de la Textys, de Declan, de Djima et de son Psyko. Il laissa ainsi ses pensées retracer le vécu de l’hybride à travers les trois mondes et entendit des détonations.

Incapable de savoir s’il s’agissait d’éléments extérieurs ou s’ils n’étaient présents que dans ses pensées, Vyrian attendit. Les explosions se firent plus proches et passée la poussière résultante, il put voir Feyna en compagnie des Myskandrians. Le groupe se tenait au milieu des cendres rougeoyantes ravivées suite aux différents tirs. Au-dessus d’eux plusieurs vaisseaux appartenant aux Régisseurs les encerclaient.

Vyrian se mordit la lèvre et inspecta chaque élément de cette vision, à la recherche d’un détail permettant de les localiser et de leur venir en aide. Mais en vain, il peinait à se concentrer, le monde tournait autour de lui, des secousses ne cessaient de le destabiliser. Quand soudain, il se retrouva incapable de respirer. Il ouvrit la bouche dans l’espoir d’avaler une goulée d’air, mais seule l’eau pénétra dans ses poumons. Son corps commença rapidement à suffoquer et il ouvrit les yeux.

Paniqué, il regarda tout autour de lui. Une main le maintenait sous la surface. Il tenta de se dégager, mais la poigne était trop forte, il décida de se laisser couler, pour ainsi lui échapper et tenter sa chance un peu plus loin. Lorsqu'il refit surface, il put enfin prendre une bonne inspiration. Son cœur tambourinait dans sa poitrine. A bout de souffle et toussant tout son soûl, il se tourna pour comprendre ce qui avait pu déclencher une telle situation. Nick, Dinaïn, Dezaël, Yomi, Xam avaient disparu. Rayec, Saern, Kayle et Vanea se tenaient sur la berge, l’expression grave. Vyrian décida d’aller les rejoindre. A peine, fut-il sortir de l’eau qu’il entendit Ollesty maugréer derrière lui.

— Ne me remerciez pas surtout.

Vyrian le regarda et comprit enfin ce qui l’avait maintenu sous l’eau.

— Vous avez cherché à me noyer !

Alors que le chercheur sentait son sang bouillir dans ses veines, la voix de Rayec tempéra sa colère.

— Il vous a sauvé. Regardez autour de vous.

Le scientifique avisa pour la première fois la danse chaotique des BioVirus. Les petits êtres lumineux voletaient en tous sens, tentant d'échapper à la destruction de leur milieu : les parois de pierre s’effritaient et des blocs étaient tombés suite aux explosions. Il comprit enfin que les détonations entendues concernaient aussi bien le groupe des Miliciens, qu’eux. Les Régisseurs devaient se trouver à proximité. Il voulut prévenir les autres, mais Vanea le pressa suite à un nouvel effondrement de roches.

— Dépêchez-vous ! Vous ne voyez pas qu’on est attaqué ?

Ollesty rejoignit la berge et passa devant lui. Vyrian ignorait l'expression qu'il arborait en cet instant, mais au vu de la réaction de Kayle, son visage en disait long sur l'animosité qu'il portait à l'Ombre exilée.

— On ne savait plus quoi faire, vous étiez bloqué en transe. On vous a appelé, secoué, mais rien à faire. La seule technique qu’on a trouvé, c'était de vous noyer.

Le Calligraphe secoua la tête d'un air désapprobateur.

— J'étais contre, mais vous aviez perdu le contrôle de vos pensées. Quoi qu'il en soit, vous êtes de nouveau parmi nous. Le reste du groupe est parti rejoindre la surface. On ne peut plus rester ici, c’est trop dangereux, dépêchez-vous !

Vyrian sortit de son état d’hébétement et prit la main que lui tendait Saern, avant d’entamer une folle course dans les méandres des couloirs souterrains, ou il se retrouva une fois de plus à slalommer entre la roche et ramper. Mais, cette fois-ci, l'allure était plus soutenue.

Le chercheur peinait à suivre le reste du groupe. Les obstacles sur son chemin, la vue brouillée par la poussière et la respiration difficile, il peinait à maintenir le rythme. Sans parler de ses habits mouillés qui entravaient ses mouvements. La terre ne tarda pas à s’y agglomérer, rendant sa progression encore plus difficile.

Après un énième embranchement, il commença à entendre des cris auxquelles les voix de Rayec et Vanea se mêlèrent bientôt. Le scientifique ne parvenait pas à les comprendre, mais au vu de leur ton, le sujet était grave. Il se força à accélérer l’allure et fut projeté au sol par une énième secousse. Saern le traîna et l’aida à se remettre sur pied. Ensemble, ils rejoignirent le reste du groupe.