Triss jeta un coup d’œil autour d’elle. Les trois fugitives étaient encerclées par la horde d’arachnides qui se contentaient pour le moment de les observer, mais leurs mandibules claquaient d’impatience. En face d’elles se trouvait Leucosia la gardienne des lieux, une énorme femme-araignée de la taille d’un char d’assaut.

« Formidable ! » songea Triss. « Finir dévorée par des araignées géantes, c’est vraiment la meilleure façon dont j’aurais aimé que la journée se finisse… »

Au même moment, Naru s’avança en levant le bras d’un geste qui se voulait autoritaire.

• Leucosia, je suis l’assistante personnelle de Cassandra ! déclara-t-elle en adoptant un air irrité malgré sa frayeur. C’est elle qui m’a ordonné d’aller chercher les détenues, et tes enfants nous ont attaquées sans raison. Si tu ne nous laisses pas passer immédiatement, je serai dans l’obligation de prévenir ma maitresse que tu as violé le pacte en agressant une sorcière.

Leucosia éclata de rire.

• Oh, c’est donc pour cette raison que tu as délivré deux prisonnières et que tu n’as pas hésité à les armer pour sortir d’ici ? ironisa-t-elle. Parce que ta maitresse t’a ordonné de les amener à elle ?
• C’est… balbutia la sorcière, à court d’idées.

L’une des longues pattes de l’araignée frappa le sol avec violence, projetant des éclats de pierre qui firent sursauter les trois fugitives.

• Ne me prends pas pour une imbécile, humaine ! rugit Leucosia. Combien de mes enfants avez-vous tués en essayant de vous enfuir ?! Le pacte marche dans les deux sens ! Je suis certaine que lorsque Cassandra apprendra ta trahison, son seul regret sera de ne pas t’avoir fait souffrir elle-même avant de te tuer !
• Attend, Leucosia ! protesta Naru en dernier recours. Il y a sûrement un moyen de négocier !
• Oh, je ne crois pas, non… Vous allez être dévorées par mes petits pour expier vos crimes ; quand il ne restera plus que vos squelettes, je prendrai soin de les accrocher à la vue de toutes les cellules, pour que chaque prisonnier se rappelle que je suis la reine de cet endroit et que rien ni personne ne s’oppose à ma volonté !

Sa voix se répercuta entre les murs de la prison, tel un avertissement funeste qui résonna dans toute la caverne. Les araignées avancèrent alors, en resserrant lentement leur étau mortel sur les trois fugitives. Leucosia restait en retrait devant les portes, se réjouissant du malheur de ses victimes. Néanmoins, elle ne semblait pas prête à exercer sa vengeance elle-même, nota Triss. Leucosia était prudente.

• Allez-y mes petits ! susurra cette dernière tendrement. Mangez pendant que c’est chaud… Quant à vous, n’oubliez pas de hurler quand vous serez déchiquetées ; j’adore entendre cette douce mélodie…

Triss s’aperçut avec surprise qu’elle n’était pas effrayée. Elle savait que Leucosia représentait un danger, tout comme la horde d’araignées autour d’elle. Mais en comparaison avec Meira ou Sheamon…

Leucosia était bien moins terrifiante.

• Naru, tu vas devoir m’enlever ces fers maintenant, lui ordonna-t-elle avec calme.
• Je ne suis pas certaine que nous en ayons le temps, répliqua la sorcière les dents serrées, en jetant des regards paniqués autour d’elle tandis que les araignées se rapprochaient. Leucosia est une Arachnéïde. En plus d’être des machines à tuer, elles ont le pouvoir de donner naissance à une colonie entière d’araignées géantes. Vous comprenez ce que cela veut dire ? Quand l’Arachnéïde s’installe dans des galeries, elle crée progressivement une armée de serviteurs qui ne vivent que pour satisfaire ses moindres volontés. Et Leucosia habite sous Qaltra depuis des siècles ! Ce qu’on voit là, c’est une fraction de ses troupes… Elle a probablement des milliers d’araignées à son service ! L’affronter, c’est comme combattre un royaume tout entier !
• Mais si on la tue ? l’interrogea Syana. J’ai étudié les monstres avec mon maitre, et je crois me souvenir que si elle meurt, ses enfants disparaitraient avec elle.
• C’est exact. Ils sont reliés mentalement à la reine de la colonie, leur mère. Si elle meurt, eux aussi. C’est pourquoi ils sont si déterminés à la protéger.
• Dans ce cas, je sais ce que je dois tenter, décida Triss en brandissant sa lance de pierre pour effrayer les araignées. Mais je ne peux pas combattre efficacement avec ces chaines magiques. Si tu me libères, on a une chance de s’en sortir.
• Mais on n’a pas le temps !
• Je ferai diversion, répliqua Syana en empoignant fermement son bâton. Mais j’espère que tu sais ce que tu fais, sorcière.

Le cercle d’araignée s’était arrêté à quelques mètres seulement d’elles, comme si elles attendaient un signal. L’une d’entre elles se jeta soudain sur Naru, mais fut aussitôt transpercée par la lance de Syana. Deux autres tentèrent leur chance, mais suivirent aussitôt leur compagne dans la mort quand Triss et Syana se défendirent.

• Vous osez résister ! s’indigna Leucosia, folle de rage.
• Curieusement, on n’a pas tellement envie de se faire dévorer vivantes ! répliqua Triss.

Un sourire sadique étira les lèvres noires de la femme-araignée.

• Dans ce cas, je vais vous écraser moi-même ! déclara-t-elle en s’avançant au-dessus de ses enfants, qui s’écartèrent docilement devant elle pour lui laisser le passage.

Rapide comme l’éclair, Triss jeta alors sa lance comme une javeline en direction de la tête de l’Arachnéïde, qui réagit tout aussi vite en attrapant le projectile entre ses griffes. D’une simple pression, elle fit éclater l’arme improvisée par Naru en éclatant de rire.

• Il vous faudra mieux que ça pour espérer me vaincre ! ironisa-t-elle. La pierre ne percera jamais ma carapace !
• Tu ne peux pas intervenir, Naru ? la pressa Triss.
• Je te l’ai dit, je ne suis pas une combattante ! répliqua celle-ci, le visage crispé avant de s’éclairer brusquement. Mais… je peux au moins essayer !

La sorcière brandit son sceptre en criant quelque chose, et un anneau de flammes entoura les trois fugitives, forçant les araignées et Leucosia à reculer. Les créatures poussèrent des sifflements apeurés.

• Argh ! rugit l’Arachnéïde en bondissant vivement en arrière pour éviter le feu. Satanée sorcière ! Toi, je te déchiquèterai moi-même !

Leucosia poussa un cri strident qui perça les oreilles de Triss. Cette dernière s’aperçut alors que d’autres araignées descendaient lentement du plafond le long de fils de soie sortant de leur abdomen.

• En haut, Syana ! avertit Triss avant de se tourner vers Naru qui s’était penchée sur ses menottes. Empêche-les de nous atteindre avec tes flammes !
• Impossible, répliqua Naru sans lever la tête. Si le feu augmentait d’intensité, l’air nous manquerait bientôt. En plus si je force davantage, je risque de m’évanouir à ce rythme.

Triss remarqua alors la sueur qui perlait sur le visage de Naru et comprit que la sorcière n’avait pas menti. La jeune fille garda le silence en serrant les dents, tandis que cette dernière appuyait son sceptre contre les menottes, provoquant à leur contact une lumière bleue qui enveloppa ses poignets.

• Il va me falloir quelques minutes pour défaire l’enchantement ! déclara Naru tandis qu’un trait d’espoir passait sur son visage. Surtout, ne fais rien qui pourrait rompre le contact !

Elle se mit à murmurer des incantations que Triss ne comprenait pas. L’intensité de la lumière émanant du sceptre tripla, et Triss sentit alors tout son corps s’engourdir. Que se passait-il ?

• Ne crois pas pouvoir disposer d’autant de temps ! rétorqua Leucosia, ramenant brutalement l’attention de Triss vers le danger imminent. Tu mourras bien avant !

L’une des araignées se laissa tomber juste à côté de Naru. Triss voulut tirer la sorcière en arrière, mais son corps semblait être paralysée par la sorcellerie de celle-ci, comme s’il s’était changé en statue de pierre. Elle était à peine capable de bouger la tête et Naru semblait ne pas avoir remarqué le danger ! Déjà, le monstre sautait sur la sorcière, l’imposant crochet de son abdomen prêt à frapper sa proie…

Quelque chose de lourd passa alors au-dessus des deux jeunes filles pour atterrir soudainement derrière la créature. La lance de Syana transperça le corps de l’araignée, qui poussa un long cri d’agonie.

• Dépêchez-vous ! les pressa la lamia en faisant volteface, tout en arrachant la tête d’une nouvelle assaillante, puis en enfonçant ses griffes dans le corps répugnant d’une autre avant de la jeter dans le mur de flammes. Tant que je serai là, aucune de ces créatures ne vous touchera !
• Sale lamia ! éructa Leucosia qui se pressait toujours contre les portes le plus loin possible du feu qui l’effrayait. Sais-tu seulement combien il me reste d’enfants, prêts à donner leur vie pour moi sans hésiter ? Seize-mille-cent-cinquante-quatre ! Tu crois vraiment pouvoir tous les éliminer seule ?
• S’ils passent ce cercle, ils sont morts ! affirma Syana.

D’autres créatures atterrirent à l’intérieur du cercle de feu et convergèrent vers les ennemies de leur mère qui éclata de rire.

• Essaye donc si tu peux, lamia ! la défia-t-elle avec un sourire cruel. Je hais le feu, mais mes enfants n’ont pas d’autres choix que de m’obéir ! Nous verrons bien combien de temps tu pourras tenir ainsi !

Les monstres passèrent à l’attaque. Syana poussa un cri de guerre et empala une nouvelle araignée, avant d’en décapiter une autre d’un revers de lance. Incapable de bouger, Triss observait la femme-serpent combattre comme un fauve enragé, noyant le sol sous un flot de sang noir et poisseux, tandis que les cadavres des monstres s’entassaient à ses pieds. Implacable, le long corps reptilien de la lamia se faufilait entre ses adversaires trop lents pour l’atteindre, semant la mort sur son passage. Triss se rendit compte avec stupéfaction qu’elle avait largement sous-estimé Syana. Même sans son arc, celle-ci s’avérait en effet un redoutable adversaire !

Cependant au fur et à mesure que le temps passait et le nombre de ses assaillants jouant en leur faveur, Syana se retrouva bientôt couverte d’entailles causées par le bout aiguisé des pattes d’araignées aussi affutées que des rasoirs. Néanmoins, la lamia tenait parole, car pas une seule de leurs assaillantes n’avait réussi à atteindre Triss et Naru.

• Achevez la reptilienne en premier ! ordonna Leucosia.

L’une des araignées braqua soudain son abdomen en direction de Syana. Un mince filament blanc en sortit pour s’entortiller au poignet de la lamia qui tira dessus pour essayer de se dégager, mais en vain. Le fil était aussi solide que la force surprenante de l’araignée. Syana poussa un grondement de frustration et leva son autre main dans l’intention de sectionner le fil à l’aide de ses griffes.

Triss s’aperçut du danger quelques secondes trop tard.

• Derrière-toi, Syana ! l’alerta la jeune fille.

Une seconde araignée s’était en effet jetée derrière la femme-serpent ; son crochet s’enfonça dans le corps de la lamia qui se figea brusquement, le visage livide.

• C’est fini pour toi ! triompha Leucosia. Le venin de mes enfants est presque aussi mortel que le mien ! Il n’y a aucune chance que tu puisses y…

Au même moment, Syana attrapa le monstre dans son dos et avec un cri de rage, le plaqua au sol si fort que sa tête explosa. Elle tira ensuite violemment sur le fil, arrachant brutalement l’autre araignée de sa position, puis transperça immédiatement celle-ci d’un coup de lance.

• Que… Comment peux-tu rester debout alors que le poison devrait déjà avoir paralysé tes poumons ? s’écria Leucosia sidérée.
• Ce n’est pas un poison aussi faible qui viendra à bout de moi ! rétorqua Syana en se redressant. Je suis la partenaire du grand Liam Jeagan !

Le visage de Leucosia se crispa et elle poussa un nouveau cri aigu. Des fils de soie surgirent des flammes puis agrippèrent les cadavres de leurs congénères, avant de les tirer lentement vers le brasier. Et Triss comprit alors avec horreur que les monstres utilisaient les cadavres de leurs congénères pour étouffer celui-ci !

• Syana ! Les cadavres ! Empêche-les de s’en servir !

L’intéressée se rendit alors compte de la manœuvre de leurs ennemies mais un fil de soie aussi épais qu’une corde s’enroula soudain autour de sa gorge.

• Toi, tu restes là ! rétorqua Leucosia, qui avec ses pattes avants ramenait lentement le fil dépassant de son abdomen. Allez, sois gentille…

Syana étouffait lentement en tentant vainement de déchirer le cordon qui l’étranglait, attirée inéluctablement par l’Arachnéïde. La lamia s’affaissa brusquement. Les six araignées encore dans le cercle se jetèrent alors sur leur proie.

• Syana ! s’écria Triss, paniquée.

Le visage de la femme serpent se durcit. Dans un sursaut de colère, elle réussit à couper le fil d’un coup de griffe rageur. Sa queue claqua telle un fouet mortel et envoya valser l’une des araignées dans les flammes. Syana empala un second monstre avec son arme avant d’enfoncer ses griffes dans un troisième. Elle parvint à se redresser grâce à son corps reptilien et écrasa une quatrième assaillante, avant d’en éliminer une autre avec sa lance. Mais la dernière survivante planta ses crochets dans l’avant-bras de Syana, lui arrachant ainsi un cri de douleur. La lamia n’avait cependant pas dit son dernier mot. Elle plaqua la créature au sol et l’empala si fort que sa lance de pierre se brisa en deux. L’araignée lâcha son bras en rendant l’âme.

Syana se redressa alors, épuisée, cherchant son souffle. D’innombrables cadavres s’entassaient à ses pieds, témoins de la dure bataille qu’elle venait de mener.

Le rire de Leucosia résonna pourtant de nouveau dans le gouffre et Triss s’aperçut soudain avec horreur que le feu avait finalement été étouffé par un mur de cadavres maintenus entre eux par une toile collante. L’Arachnéïde s’avança et pénétra sans difficulté dans le cercle auparavant protégé par les flammes.

• Je dois te reconnaitre une certaine ténacité, lamia… déclara Leucosia avec un sourire carnassier. Avoir été capable d’éliminer autant de mes enfants, c’est un exploit dont tu peux être fière, bien que tu vas souffrir de mes mains à cause de ce crime. Mais tu as sous-estimé notre capacité d’adaptation ! Une fois morts, les cadavres de mes petits durcissent, jusqu’à devenir aussi solides que la pierre ! Ainsi, même après leur trépas, leur corps sert de matériau pour renforcer les bases de notre nid. Cette prison entière a été construite ainsi !

Triss tressaillit et tourna vivement son regard vers la paroi du gouffre, s’apercevant avec horreur qu’elle pouvait distinguer les silhouettes d’araignées fossilisées dans la pierre. La jeune fille se retint de vomir.

• Tu comprends ce que cela veut dire, n’est-ce pas ? Ta victoire sera la base de votre défaite !

Syana s’abstint de répliquer. Elle s’empara d’un morceau de lance brisée pour se placer entre Leucosia et ses deux camarades. La horde d’araignées avança en direction des trois fugitives, mais un sifflement impérieux de leur mère les força à s’arrêter.

• Tu as toujours l’arrogance de vouloir m’affronter, à ce que je vois ! s’exclama l’Arachnéïde avec amusement. Mais tu es déjà affaiblie… crois-tu vraiment avoir la moindre chance contre moi ? Cela dit, je vais honorer ton souhait. Considère cela comme une marque de respect à ton égard, car cela fait des siècles qu’aucun aventurier n’a pu m’affronter en duel… Jamais personne ne m’a vaincu, mais je me délecterais de tes entrailles personnellement pour me rappeler ta bravoure.

Syana se redressa avec fierté.

• Considère-toi honorée, répliqua-t-elle. Ta pitoyable vie s’arrête aujourd’hui, monstre.

Le sourire de Leucosia disparut.

• Ah, vraiment ? rugit-elle avec colère. Eh bien tâche au moins de me distraire !

Sur ces mots, l’Arachnéïde se jeta sur Syana, qui lui échappa avec une étonnante agilité avant de projeter le morceau de son arme brisée droit vers le visage de son adversaire. Mais cette dernière, d’un revers de main, fit éclater le fragment en mille morceaux. La femme araignée voulut alors attraper Syana, mais la lamia réussit une fois de plus à s’esquiver.

Triss serra les dents. Elle était obligée de regarder Syana affronter seule l’Arachnéïde sans pouvoir bouger le reste de son corps. Et Naru ne montrait aucun signe de réveil, récitant ses incantation d’une traite sans s’arrêter. Ses yeux avaient pris la même couleur que la lumière émanant de son sceptre, et elle semblait plongée dans une transe des plus profondes.

• Dépêche-toi… lui murmura-t-elle, crispée.

Leucosia gronda et ravagea le sol à l’aide de ses puissantes pattes, tout en cherchant à saisir Syana. Mais telle une insaisissable anguille, celle-ci frappait son adversaire avec ses griffes aiguisées tout en esquivant habilement les coups de la reine des araignées. Triss remarqua cependant que les griffes de Syana étaient incapables de percer la carapace de Leucosia alors qu’elles n’avaient eu aucun mal à transpercer celle des autres créatures : L’Arachnéïde était un adversaire bien plus redoutable que ses monstrueux enfants…

• Laisse-moi t’attraper et te déchiqueter ! s’agaça Leucosia en cherchant à atteindre la lamia toujours aussi insaisissable que le vent.
• Aucune chance ! rétorqua son adversaire.

Le regard ulcéré de Leucosia se tourna alors vers Triss et Naru tandis qu’un sourire démoniaque éclairait son visage. La jeune fille sentit aussitôt le danger. L’Arachnéïde pointa vers elles son abdomen, d’où jaillit une toile d’araignée dans leur direction. Triss se raidit, se préparant instinctivement à l’impact. Mais la lamia surgit soudain devant elle et fut happée par la toile qui se referma aussitôt comme un piège démoniaque.

• Syana ! s’écria Triss en tentant vainement de se dégager, car toujours paralysée par la sorcellerie de Naru.

Leucosia éclata d’un rire triomphant tout en ramenant lentement sa proie, qui se débattait de toutes ses forces, à l’aide de ses longues pattes d’araignée.

• Maintenant, tu es à moi ! se moqua-t-elle. On ne fait plus la fière, hein ?

Triss tenta une nouvelle fois de bouger, mais son corps demeura inerte. La jeune fille poussa un cri de frustration. Allait-elle devoir assister à une nouvelle exécution, impuissante encore à changer le destin ? Pendant ce temps Syana continuait de se débattre comme un fauve, redoublant ainsi l’hilarité de Leucosia.

• Oh c’est inutile… susurra l’Arachnéïde en levant l’une de ses pattes aussi aiguisée qu’une lame. En fait, plus tu te débats, plus tu t’emmêles ! Mais ne t’inquiète pas… je vais mettre fin à tes souffrances, petite mouche.

C’est à ce moment précis que Naru revint à elle.

• C’est fait ! déclara la sorcière triomphalement.

Les menottes qui retenaient Triss s’ouvrirent brusquement et tombèrent au sol. La jeune Nocturii sentit alors revenir ses pouvoirs ainsi que sa liberté de mouvement. Triss se redressa d’un bond et se tourna l’Arachnéïde. Toute la colère et la haine accumulées jusqu’alors se déversèrent dans la paume de sa main.

Leucosia allait abattre sa patte et achever Syana lorsqu’un frisson la parcourut. Elle redressa la tête juste à temps pour croiser le regard déterminé de Triss. Et la jeune fille lut la peur dans ses yeux.

A suivre...