Prologue
Les combats battaient leur plein. Les troupes rugissantes et les mages de guerre hurlant leurs invocations provoquaient un terrible vacarme. Il y avait de cela plusieurs heures, les murs de la cité Karas-I avaient été pulvérisés par le Magellen Adaptâtes, le révéré ordre des sorciers de Verad.
Ils avaient lancé une offensive magique dont la brutalité n'égalait que le spectacle de couleurs qu'elle offrait au reste de l'armée de Verad, tandis que les défenseurs de la cité postés sur les remparts maudissaient leur impuissance. Depuis, l'armée gargantuesque de Verad continuait à déferler par le trou béant des remparts en escaladant les décombres fumants. Les habitants de Karas-I se joignaient à la bataille au côté des soldats de la ville, car ils savaient que les monstres de Verad, aussi humains que véritables, n'épargneraient personne et se battraient jusqu'à ce que la dernière femme, le dernier enfant, soit sacrifi pour la gloire de leur seigneur et maître.
Verad avançait dans la grande rue dorée de Karas-I. Il était animé d'une aura mystique et ne prêtait attention à rien d'autre qu'au mastodonte de pierre qui se tenait à l'horizon. Autour de lui, sa garde d'élite composée des meilleurs membres du Magellen Adaptâtes et du Polemistus Corpus massacrait tout le monde. Bientôt, la rue dorée fut teintée de rouge et de noir.
Du sang, de la chair et toutes sortes de fluides se répandaient sur le passage de la troupe funeste. Les claymores gigantesques du Polemistus Corpus fauchaient les gens comme un rien, traçant des arabesques sanglantes pour que Verad puisse triompher. Et leurs capes pourtant d'un rouge si profond, elles aussi, noircissaient encore et encore. Les sortilèges du Magellen Adaptâtes brûlaient, explosaient et foudroyaient.
Leurs armures d'orichlon s'illuminaient de mille étoiles, comme pour célébrer la gloire du maître. Les cris de fureur et de terreur glacée, les râles d'agonie et les supplications vaines des vaincus formaient une cacophonie insoutenable. Mais Verad avançait, concentré sur son objectif.
La Forteresse Éternelle.
Elle serait sienne, une fois le patriarche mort et sa vengeance enfin satisfaite. Sa colère n'avait fait que s'accentuer durant ces longues années. Il avait rêvé de ce jour chaque fois qu'il s'endormait, bercé par les lamentations des fantômes d'un passé dramatique. Mais Verad ignorait que la vengeance a un coût exorbitant, et qu'une fois assouvit, elle châtie aussi bien le récipiendaire de cette vendetta que la main qui se fait juge et bourreau. Cela, après tout ce qu'il avait vécu, après toutes les épreuves qu'il avait surmontées, il l'ignorait encore.
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