Le patriarcat

4 minutes de lecture

C’est un cheminement long, et progressif, et toujours en cours, pour moi, que d’observer et comprendre la façon dont la société autour de moi est structurée. Je n’ai pas encore fini, et il semble que je n’aurai jamais fini, de décortiquer le système qui m’entoure. Cette société peut être qualifiée différemment : occidentale, judéo-chrétienne, capitaliste, ultra-libérale, consumériste, post-industrielle. Et aussi : patriarcale.

Ce dernier terme est d’ailleurs bien souvent difficile à admettre, tant ce modèle de société est répandu, voire considéré comme une norme. Sa remise en cause, voire sa caractérisation est généralement source au mieux de conversations musclées, au pire de conflits.

Je suis une femme. Et j’ai eu la chance d’avoir des parents qui ne m’ont pas bridée sur mes goûts, ou mes visées professionnelles. J’étais libre de m’intéresser aux sciences et à la musique. De faire du dessin et du roller. De porter des t-shirts avec des têtes de mort et des robes à volants.

Je suis une femme, et je porte le nom de mon père, comme ma mère avant moi. Et comme sa mère avant elle. Et un jour, j’ai trouvé que c’était assez étrange. Pourquoi ? Qui peut être sûr que son enfant est bien son enfant, sinon une mère qui le sent, qui le porte et le met au monde ? Pourquoi les hommes donnent-ils leur nom à un enfant s’ils ne sont pas certains que cet enfant est bien le leur ?

Et d’autres pourquoi : Pourquoi les femmes n’ont-elles pas été autorisées à participer activement à la vie publique et politique avant 1949 en Belgique, et 1945 en France ? Pourquoi ai-je peur, et beaucoup d’autres avec moi, de sortir le soir ? Pourquoi tant de héros sont des hommes ? Pourquoi tant d’écrivains et de poètes sont des hommes ? Tant de scientifiques de renom, de philosophes, de politiciens ? Pourquoi les « Pères fondateurs » ?

Où sont les femmes ?

Pourquoi dois-je me préoccuper de la maternité, et de ses conséquences sur mes choix de carrière, quand mes collègues qui deviennent père ne sont pas inquiétés, et poursuivent leurs projets sans interruption ?

Pourquoi les femmes sont plus souvent représentées dans la publicité, et ce pour vendre toutes sortes de produits, même ceux du quotidien ? Pourquoi le corps des femmes est plus exposé, et de fait exposé à la critique, scruté, et leur beauté standardisée (taille, poids, couleur de peau, pilosité, aspect de la peau, des cheveux, maquillage, talons hauts et compagnie).

Pourquoi, moi aussi, je me méfie et je critique les femmes de pouvoir, quand leurs homologues masculins ne sont pas plus reluisants, et pullulent depuis des siècles ?

Et tant d’autres « pourquoi ? »

La réponse tient en ceci que je vis dans une société pensée et organisée par des hommes, pour des hommes. Un modèle de société avec une histoire très longue, dont les épisodes et les rouages sont complexes, avec un héritage fortement ancré dans les inconscients. Une société qui privilégie certains hommes. Et je sais à présent qu’il n’y a rien de plus indélébile et de plus difficile à éradiquer que les privilèges. Ceux qui en bénéficient ont du mal à les percevoir, et ne veulent pas se les voir retirés.

Qu’est-ce que je pense de tout ça ?

Je voudrais que cela s’arrête. Je voudrais un autre modèle de société, où être une femme ne nous diminue pas, ni ne nous expose à certaines formes de violences. Par quoi la remplacer, et comment faire, ça…

Ce sont justement les réflexions que je pose dans mon récit. Qui change vraiment la donne ? Où et comment agir ? Mais ces questions se posent aussi dans la vraie vie. Les actions politiques doivent être fortes, mais encore doivent être suivies. Ralentir pareillement les pères et les mères dans leur ascension professionnelle ne se fera pas sans heurt. Sanctionner efficacement les violeurs, les agresseurs, les harceleurs est nécessaire, mais pas suffisant. Privilégier la discrimination positive, en faveur des femmes donc, ou imposer des quotas n’est qu’un morceau de solution.

Ainsi, dans mon récit : Une reine seule peut-elle changer tout un système ? Les magiciens qui soignent dans l’ombre peuvent-ils continuellement réparer les torts, à une échelle infime ? Ces actions sont dérisoires tant que les êtres humains, masculins et féminins, ne peuvent vivre d’égal à égal dans une société unifiée et équilibrée.

En résumé :

- Le patriarcat est une société pensée et organisée par et pour certains hommes,

- Ce système de société offre plus de préjudices que de bienfaits (pour les femmes, mais aussi pour les hommes),

- Transformer ce système sociétal est complexe, et dépend à la fois de décisions politiques et locales, à de très nombreux niveaux (éducation, législatif, pénal, etc.).

Ce que je voudrais :

Que ça ne prenne pas 150 ans pour arriver à l’égalité de fait entre hommes et femmes dans nos sociétés, et qu’on trouve rapidement des manières de rééquilibrer les usages. Je voudrais que ma fille puisse grandir dans une société qui ne lui soit pas hostile ou qui ne la bride pas pour la « simple raison » qu’elle est une femme. Je voudrais me faire moins de soucis pour elle, et conserver l'espoir de voir la condition des femmes changer pour le mieux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire AE Le Danlat ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0