Chapitre 9
Les semaines ont passées, la vie de la ville a repris son cours habituel et Tarin s’est réveillée après plusieurs jours d’un sommeil pareil à la mort. Flock et moi faisons notre possible pour lui remonter le moral après la perte qu’elle a subi. Heimden est venu la voir et ils ont parlés de longues heures ensemble. Ils ont décidé de rester ensemble et vont officialiser les choses quelques jours après notre mariage. Bjarne a accepté qu’ils restent le temps de l’hiver et le temps qu’il leur faudra pour se construire une belle maison. Le reste de la population a appris les causes de cette attaque, les divisant une fois encore. Certains veulent les empêcher d’être ensemble et veulent voir partir Heimden toute une année, d’autres les soutiennent et ont proposé un coup de main pour la construction de la bâtisse. Cependant, les choses sont restées calmes et se sont apaisées avec le temps. Maintenant, les questions qui occupent tous les esprit sont est-ce que l’hiver va durer longtemps, si les réserves seront suffisantes pour tous et combien ne verront pas le printemps revenir.
L’hiver est maintenant bien installé, nappant le monde entier de sa glace et des neiges qui bloquent les portes des maisons. Pour éviter de se retrouver tous piégés et éloignés des uns des autres, plus de la moitié de la ville a élu domicile dans notre grande maison. La grande salle a été changée en dortoir et les cuisines remplies en victuailles se transforment deux fois par jour en coin où les femmes se retrouvent ainsi qu’en infirmerie si besoin. Les enfants courent dans tous les sens, agacés de rester enfermés toute la journée et les parents en ont assez d’essayer de les contenir et les laissent faire ce qu’ils veulent au grand dam des autres adultes qui souhaitent un peu de calme. Les journées, courtes par l’absence du soleil, nous semblent pourtant si longues...
C’est durant une de ces très longues journées de janvier que Gira donne naissance à une petite fille qu’elle prénomme Ève. La petite est magnifique mais également une très grande crieuse, raccourcissant nos nuits courtes et déjà dérangées par les cris des autres enfants qui ne veulent plus l’entendre.
Dès que le temps se réchauffe un peu, on emmitoufle les enfants dans les manteaux en peaux de bêtes et les laissons sortir un peu. Rapidement, certains rires se transforment en pleurs quand la neige des boules de la bataille qui fait rage, même chez les adultes, tombe sur une tête et glisse entre les couches de vêtements jusqu’à se transformer en eau froide qui dégouline dans le dos. Tout le monde retrouve la joie d’être un enfant quand le soleil brille assez que faire une longue bataille avant de rentrer à la tombée de la nuit se réchauffer avec un peu d’hydromel et de lait chaud, fraichement tiré des quelques vaches qui restent dans la salle avec nous. Les réserves se vident peu à peu mais nous savons que l’hiver ne sera plus très long et nous aurons juste ce qu’il faut pour continuer de vivre avant les première semailles.
Avril est arrivé et avec lui le retour du soleil et le départ des neiges restantes. Cet hiver, nous avons été chanceux, seules trois personnes sont mortes de froid parce qu’elles étaient trop têtues que pour venir dans la grande maison et deux sont mortes de faim. Seulement cinq morts, si on peut dire ça ainsi. C’est très peu comparé aux hivers précédents où nous perdions parfois près d’une centaine de personnes en quelques mois. Les arbres fleurissent déjà et les graines semées avant l’hiver nous fournissent les premiers légumes de l’année, redonnant de l’énergie à ceux qui en ont le plus besoin. Dans le chantier naval, les bateaux abimés par les tempêtes sont réparés et les nouveaux sont déjà en construction, tout comme la maison de Tarin et de Heimden.
Doucement, les préparatifs pour les mariages commencent avant que les expéditions ne prennent le dessus et que la majorité des hommes partent en mer pour quatre mois. Après de longues discussions lors du Varþing, l’itinéraire choisi ira jusqu’en Wessex et en Francie, jusqu’à Paris. Les prêtres bénissent les bateaux, demandant à Njord de les protéger en mer, à Thor de les aider au combat et à Rán de les protéger des tempêtes. Les jeunes enfants courent partout entre les bateaux et les jambes des adultes qui doivent jouer aux équilibristes. L’excitation du départ se répand dans la population. Les premiers trajets en mer pour ramener du poisson frais sont fructueux et beaucoup y voient un signe prometteur pour les expéditions.
Tarin et Heimden passent autant de temps qu’ils le peuvent ensemble avant le départ des bateaux. Flock et moi faisons la même chose au maximum, ce qui n’est pas facile entre les responsabilités de chef, les préparatifs des expéditions et du mariage qui nous séparent généralement durant les heures de jour. C’est avec plaisir que nous nous retrouvons la nuit tombée mais nous sommes tellement épuisés que nous ne faisons en général pas grand-chose, ce qui nous attire les railleries de certains hommes qui se moquent de la virilité de Flock. Devant ces moqueries qui s’aggravent, il a été obligé de les menacer de les priver d’expédition estivale ou de leur membre masculin. Bizarrement, je crois que c’est la peur de ne pas partir qui les a calmés.
Sauf Grut. Lui, il continue à se moquer des capacités de mon homme haut et fort devant tout le monde, clamant à qui veut l’entendre qu’il me ferait tellement crier que je demanderais grâce à Freyja. Cette dernière pique est de trop pour moi. Flock me recommande la modération alors qu’il est tout aussi énervé que moi à l’intérieur. Dans le dos de l’ignoble sauvage, je vais voir sa mère et sa fiancée pour avoir leur avis. Selon elles, depuis l’hiver, il a changé, sans doute ensorcelé par Loki dans le but de troubler la ville et de tenter d’en prendre le contrôle. Higre, sa fiancée, m’a même avoué qu’elle comptait mettre fin à leurs fiançailles, ne supportant plus son comportement monstrueux et en me montrant les ecchymoses qui fleurissent sur la peau de ses jambes, de ses bras et de son ventre depuis qu’il a voulu la violer. Avec l’accord des deux femmes, je retourne auprès de mon fiancé dont les mains tremblent de rage en voyant le grossier personnage imité un coït particulièrement violent et en m’apostrophant de le rejoindre dans sa couche ce soir.
J’entraine de force un Flock tremblant vers la maison, sous les rires gras de Grut et les regards interloqués du reste de la ville. À la maison, je lui demande de tuer cet homme qui couvre de honte sa famille. Il me demande si je comprends les répercussions de ce que je lui demande et s’il n’y a rien d’autre à essayer. Je lui explique ce que Higre m’a montré et dit, ce qui le fait littéralement exploser de rage. Il saisit sa hache de guerre et la lance dans le pilier central de l’habitation qui tremble sous le coup. De dehors, j’entends l’ingrat rire de plus belle, hurlant que c’est moi qui fait la loi à la maison et que Flock n’a pas de couilles.
Hors de moi, je me précipite à l’extérieur et lui flanque un coup avec l’épée que j’ai prise en passant en plein visage, lui ouvrant la joue et lui enlevant un morceau de son nez. Toute joie a quitté sa face, remplacée par une colère et une ruse inconnue chez lui. Flock s’interpose entre nous, lui crie ma demande et les raisons de celle-ci, choquant les badauds présents, puis, lâchant son bouclier, saisit la hache à deux mains et l’abat sur la tête du monstre.
Un cri résonne, pas loin de nous, quand la tête tombe sur le sol et que le corps se transforme en une cendre noire et épaisse. Seule la magie des ténèbres peut faire une telle chose. La peur me saisit et me paralyse. Rapidement, Ygri et Jaisn prennent une pelle et un seau d’eau, emmenant la crasse au loin et nettoyant le sol perverti. Flock se retourne, le visage mué en un masque mélangeant le choc, la stupeur et l’inquiétude, lâche son arme et me prends dans ses bras après s’être lavé les mains avec l’eau qu’il reste dans le seau. Des larmes coulent sur mon visage et mes mains tremblent.
Je n’ai jamais eu peur de la magie, elle fait partie de la terre, de l’eau et des hommes mais je n’avais jamais vu une magie si noire et si maléfique. Même la malédiction de Frytre, qui avait été terrible, me parait moins effrayante et pourtant Odin s’était déchaîné contre lui après qu’il ait volé la nourriture que l’on avait réservé pour le sacrifice de la moisson et du banquet qu’on avait préparé pour les dieux, le transformant une fois par mois, quand sa femme saignait, en un gros cochon gras et appétissant. Il avait eu de la chance de ne pas se faire dévorer, surtout pendant l’hiver qui s’était éternisé les premières années.
Dans un état second, chacun rentre chez soi et se barricade pour la nuit car Vali va roder et nul ne voudrait connaitre le même sort funeste que Narfi. Nous ne parlons pas, mangeons à peine et allons nous coucher quand passe Deilling. Serrée contre Flock, je reviens peu à peu à moi, passant de l’état de choc aux questions. Pourquoi Grunt s’est-il transformé en cendres ? Qui a-t-il mis en colère pour subir une telle malédiction ? Celle-ci est-elle morte avec lui ou va-t-elle se répandre comme une trainée de poudre sur l’ensemble de la ville ?
Perdue dans mes pensées, je ne sens pas Flock me lâcher de descendre le long de mon corps jusqu’à ce que sa bouche atteigne mon intimité. Il joue avec à travers ma robe de nuit, la trempant de sa salive et de ma moiteur. Son corps est chaud et un fin film de transpiration luit sur ses muscles bandés. Dieux, qu’il est beau. En silence, je demande à Freyja et à Frigg de nous protéger du mauvais sort et de nous combler de la prochaine naissance d’un enfant en bonne santé si elles le veulent bien.
Lentement, Flock remonte ma chemise avec ses dents, grattant doucement avec sa barbe mal rasée ma peau sensible. Mon corps se tend, mes hanches remontent et rencontrent en chemin ses mains baladeuses. Celles-ci ne perdent pas de temps et se forgent un passage entre mes cuisses, trouvant sans problème l’endroit où je sens mon sang affluer sous le coup du désir qui s’empare de moi. Dehors, le cri d’un loup résonne au loin mais la bête la plus affamée n’est pas dans les bois mais bien entre mes jambes. Avec un aplomb que je n’avais plus vu depuis le début de l’hiver, son érection se place à mon entrée, poussant contre mes parois. Je gémis. Ça fait mal mais ça fait également tellement de bien ! Ses lèvres chaudes prennent possession de ma poitrine, tirant, mordant et léchant sans répit sur mes tétons mis à rude épreuve. La pression dans mon bas-ventre grandit, envoyant des décharges électriques dans mes membres. Je tremble. Je suis si près de l’extase mais ma tête ne va pas dans la même direction.
Elle, elle reste concentrée sur la mystérieuse transformation de Grunt et continue de réfléchir à plein régime. Le claquement de langue caractéristique de mon homme me ramène momentanément dans le temps présent et au plaisir qui continue de s’épanouir en moi. C’est presque trop et je ne m’en étais même pas rendue compte ! Mes mains s’agrippent à ses cheveux et à ses épaules, mes jambes enroulées autour de sa taille pour le tirer encore plus près. Dans un dernier coup de reins puissant et énergique, il me fait basculer de l’autre côté, faisant sortir un hurlement de ma gorge semblable à celui qui a résonné dehors.
Pourtant, il n’en a pas encore fini avec moi. Malgré sa semence que je sens en moi, il me retourne sur le ventre, tire mes hanches en arrière et me pénètre à nouveau. L’amant doux et attentionné des premières fois est loin, remplacé par une bête assoiffée de sexe. Ses coups se font encore plus brutaux. Je devrais avoir mal mais je ne sais que gémir de désir et aller à sa rencontre. La boule de plaisir se reforme rapidement et prend des proportions énormes en quelques secondes seulement. Je sens ses testicules se balancer et se frotter à moi chaque aller-retour, touchant le petit point sensible où toute ma concentration se porte. Une de ses mains quitte ma hanche pour remonter le long de mon dos jusqu’à atteindre ma nuque. Doucement, il maintient ma tête contre les oreillers et l’empêche d’aller percuter le mur. Le reste de son avant-bras est appuyé entre mes omoplates, m’empêchant de bouger. Je lui suis entièrement soumise mais je m’en fiche. Je veux juste faire éclater cette bulle qui me dévore et qui me promet d’être délicieusement puissante.
Je me réveille sur le ventre, un poids posé sur le haut de mon dos. La tête de Flock repose sur mes épaules. En me concentrant sur le reste de mon corps, je me rends compte qu’il est toujours en érection et toujours en moi. Mes hanches sont restées soulevées, à la rencontre des siennes, comme si on nous avait figé dans cette position le temps de la nuit. Un léger gémissement sort de mes lèvres et réveille mon homme. Il a l’air d’abord un peu perdu puis un sourire coquin s’épanouit sur ses lèvres. Ses mains caressent ma poitrine délicatement avant de descendre dans une exploration langoureuse de mon anatomie. J’halète et je me sens à nouveau trempée. Il a gagné et il le sait. Il rit à voix basse contre mon oreille et tire sur le lobe avec les dents, me tirant un cri de surprise. Lentement, il recommence à faire des aller-retours en mon intimité. J’ai l’impression qu’il est encore plus gros que la nuit dernière. Nos corps bougent de façon synchronisée, nous poussant toujours plus haut vers l’extase. J’adore commencer une journée de cette manière.
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